Témoignage. "J'en veux à l'usine" : à Salindres, les familles des victimes de glioblastome veulent faire bouger les choses

Publié le Écrit par Camille Bluteau
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Elle s'appelle Estelle Boudet. Son père est décédé en 2020 d'un glioblastome, un cancer du cerveau alors qu'il vivait en face de l'usine de Salindres (Gard). Rapidement, elle a su que d'autres cas existaient. Avec les dernières révélations concernant la présence de "polluants éternels", elle espère que les choses vont bouger.

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Ce mardi 6 février 2024, France 3 a publié une enquête sur le complexe industriel de Salindres, berceau de la chimie française depuis 150 ans. Des analyses ont révélé des taux très élevés d'acide trifluoroacétique (TFA). Les résultats édifiants de l'enquête ont surpris les familles de victimes.

Une étude scientifique indépendante montre que les molécules de fluor ou d'arsenic retrouvées dans le sol et l'eau des rivières avoisinantes feraient de Salindres l'endroit le plus pollué au monde pour les PFAS. Ces résultats sont-ils à corréler avec les nombreux cas de cancer du cerveau Glioblastome survenus ces dernières années dans le secteur ?

"On la voit, on l’entend et on la sent"

Estelle Boudet a vu son père partir d'un cancer du cerveau il y a quatre ans. Évoquer la responsabilité de l'usine, une question taboue dans cette ville où elle fait vivre 600 familles. "Cette usine, on ne peut pas la rater, on la voit de partout, quel que soit l’endroit où on se trouve dans le village. On la voit, on l’entend et on la sent", détaille Estelle.

"Un dimanche après-midi, papa a fait une crise d'épilepsie. On lui a fait un scanner qui a révélé des nodules au cerveau. On nous a annoncé que c'était un cancer du cerveau de stade 4. C'est un cancer rare, alors rapidement, je me suis posée des questions", raconte-t-elle. Une fois le diagnostic posé, la famille d'Estelle réalise qu'un de leurs voisins a également été touché par cette forme de cancer et en est décédé.

Depuis, d'autres familles se sont rapprochées d'Estelle Boudet pour lui signaler une situation similaire. "Maman dit que depuis que papa n’est plus là, sa vie est foutue. Elle n’a plus d’objectifs. Elle attend de le rejoindre".

On en veut à l’usine, à toutes les personnes qui sont au courant.

Estelle Boudet

Fille d'une victime

Aujourd'hui, "la colère est en train de prendre le pas", confie Estelle Boudet. "On en veut à l’usine, à toutes les personnes qui sont au courant, si réellement ça vient de là, et qui ne disent rien. On ne peut pas laisser des gens tomber malades comme ça, sans réagir. J'en veux à l'usine", ajoute-t-elle. "Ce qu’on a vécu, on ne le souhaite à personne. Je ne vois pas de solution à court terme. On ne demande pas à ce que l’usine ferme, de toute façon le mal est fait", précise-t-elle.

Estelle Boudet conclut : "Pour mon papa, c’est terminé, sa douleur n’est plus là, mais nous, on l'a encore. Ça va faire quatre ans et c’est comme si c'était hier. S’il pouvait y avoir des plaintes, des condamnations et que ce soit à eux de payer pour que la recherche avance et qu’on puisse soigner les gens qu’ils ont rendus malades, ce serait bien".

En France, pas de normes sur les polluants éternels

En France, contrairement à d'autres pays d'Europe, il n'existe pas de normes clairement édictées concernant les polluants éternels.

Dans un communiqué, Solvay a déclaré que "les différentes usines de production font l'objet d'inspections régulières, avec des mesures des eaux usées et des échantillonnages officiels des émissions atmosphériques". L'usine ajoute que "la préservation de la santé et de la sécurité des collaborateurs et de nos riverains demeure la priorité absolue de l’entreprise".

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