Polluants éternels dans l'eau du robinet : pas de "risque sanitaire", mais une "pollution systémique" qui inquiète

Alors qu'une proposition de loi visant à réglementer les PFAS, aussi appelés polluants éternels, sera débattue jeudi 4 avril à l'Assemblée nationale, une étude initiée par le parti Les Ecologistes confirme la présence de ces polluants dans l'eau courante. Sur 26 villes analysées, 21 sont concernées par la présence de PFAS, dont 5 sur 7 en Occitanie.

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De votre robinet coule de l'eau, mais aussi sans doute des PFAS, autrement appelés "polluants éternels". C'est ce que révèle une étude citoyenne, menée à l'initiative du parti Les Écologistes, et notamment du député écologiste de la Gironde, Nicolas Thierry. Celui-ci est à l'origine d'une proposition de loi visant à protéger la population des risques liés à ces produits chimiques, qui sera débattue puis votée jeudi 4 avril à l'Assemblée nationale.

Des produits "très peu dégradables dans l'environnement"

Les PFAS, de leur vrai nom les perfluoroalkylées et les polyfluoroalkylées, représentent, selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), "une large famille de plus de 4000 composés chimiques". Ces composés ont des "propriétés chimiques spécifiques" : ils sont par exemple antiadhésifs, imperméabilisants, ou bien résistants aux fortes chaleurs.

Depuis les années 1950, les PFAS sont utilisés dans l'industrie, mais aussi dans des produits de consommation courante, comme des textiles, emballages alimentaires, ustensiles de cuisine, cosmétiques... Seulement, ces composés chimiques sont "très peu dégradables une fois dans l'environnement", car composés de liaisons chimiques carbone-fluor très stables. Pour cette raison, ils sont qualifiés de "polluants éternels".

Présents dans l'eau malgré leur interdiction

Des réglementations existent, en France et en Europe, pour limiter l'utilisation et la vente de certains PFAS. Dans l'Hexagone, le PFOS est restreint depuis 2009, le PFOA interdit depuis 2020. L'Union européenne a, elle, interdit la production et l'utilisation du PFHxS depuis 2022. Mais, bien qu'interdits, ces produits peuvent encore se trouver dans l'environnement, et dans les organismes.

C'est ce que démontre l'étude citoyenne ciblant l'eau potable en France, menée à l'initiative du parti Les Ecologistes. Sept polluants éternels étaient recherchés dans les échantillons, confiés au laboratoire Eurofins, comme le rapporte Mediapart, qui a pu consulter l'étude en avant-première. Sur 26 communes testées dans plusieurs régions, 21 sont concernées par la présence de PFAS, dont certains sont interdits.

En Occitanie, sept communes ont vu leur eau potable être analysée, dont trois dans l'Hérault : Fabrègues, Marseillan et Mauguio, ainsi que Castanet-Tolosan (Haute-Garonne), Decazeville (Aveyron), Lisle-sur-Tarn (Tarn) et Narbonne (Aude). Pour deux d'entre elles, Decazeville et Marseillan, aucun des sept PFAS recherchés n'a été détecté. Fabrègues fait en revanche figure de mauvaise élève : cinq des sept PFAS y ont été trouvés, plus que n'importe quelle autre commune testée.

Pas de "risque sanitaire" mais un signal d'alarme

Citée par Mediapart, Pauline Cervan, toxicologue au sein de l'ONG Générations futures, rapporte que les taux de concentration mesurés dans les échantillons sont "bien inférieurs à la norme européenne", et ne représentent donc pas un "risque sanitaire".

Le but de l'étude était avant tout, pour Les Ecologistes et le député Nicolas Thierry, de montrer que ces polluants éternels sont partout, d'où la nécessité de légiférer sur la question. Auprès de Mediapart, le député écologiste de la Gironde qualifie les PFAS de "pollution systémique, et donc d'une gravité inédite".

Où que l'on se trouve et qui que l'on soit, on ne peut pas y échapper. Face à cela, la réponse ne peut être que politique.

Nicolas Thierry, député écologiste de la Gironde

Mediapart

En mars dernier, une étude analysant les cheveux de 152 personnes, menée encore une fois à l'initiative du parti Les Ecologistes, avait déjà montré que 94 % des personnes testées étaient contaminées par des PFAS.

L'Assemblée nationale doit maintenant se prononcer, jeudi 4 avril, sur un durcissement, ou non, des réglementations au sujet de ces polluants éternels.

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