C'est l'acte 2 de l'étude sur les PFAS, les polluants éternels, à Salindres, dans le Gard. L'ONG Générations futures a réalisé, jeudi, de nouveaux prélèvements d'eau, près de l'usine Solvay, aux mêmes endroits que la dernière fois, pour des analyses plus pointues, notamment avec un spectre plus important de PFAS incluant le TFA et le TFSK.
Au pied de la colline où sont stockés les résidus de l’usine Solvay, un site classé Seveso III haut, de l’eau s’échappe pour se mélanger à celle de la rivière Arias. C’est ce rejet qui intéresse les bénévoles de l’ONG Générations Futures.
Ils viennent ici pour la deuxième fois, prélever des échantillons afin de détecter la présence de polluants éternels.
Des concentrations records en rivière
Les premières analyses, réalisées fin 2023, autour de l'usine fabriquant des PFAS, avaient révélé des taux records de résidus chimiques et/ou synthétiques et donc une pollution. Pour l’un d’eux, le TFA, l'acide trifluoroacétique : plus de 7 500 microgrammes par litre. Une concentration record, hors normes, en fluor carboné qui a fait polémique lors de la sortie de l'étude.
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"On fait des analyses pour affiner un peu les résultats précédents. Avec plus d'échantillons, on va pouvoir quantifier de nouveaux PFAS que l'on n’avait pas analysés la première fois", explique Michel Tachon, membre de Générations Futures, Gard rhodanien.
Attention au TFA
Ce nouveau PFAS qui attire leur attention, c’est le triflinate de potassium, utilisé notamment comme intermédiaire pharmaceutique. Fabriqué par l'usine Solvay, se retrouve-t-il dans la nature ?
Pour le savoir, l’ONG prélève des échantillons d'eau dans la rivière, en aval du site industriel, à la confluence de l’Arias et de l’Avène.
On veut voir l'évolution des concentrations constatées à la sortie du site, dans l'Arias, puis en aval, à la confluence avec l'Avène. Savoir s'il y a une dispersion rapide ou lente et une modification au fil de l'eau.
Dominique Jousserand, membre de Générations Futures Gard rhodanien
Ces molécules préoccupent. Car leur toxicité est encore entourée de points d’interrogations. Si les PFAS sont désormais reliés à différents cancers (foie, reins ou testicules), à des troubles endocriniens, immunitaires et à l’infertilité, il n’existe encore aucune étude épidémiologique officielle sur les TFA et TFSK.
L'eau potable polluée ?
À 25 kilomètres de là, à Moussac, analyses également de l'eau potable au robinet, où les premiers prélèvements étaient préoccupants, avec 18 microgrammes de TFA par litre d’eau. Soit une concentration 36 fois plus élevée qu’une norme européenne applicable à tous les perfluorés affirme l'ONG dans son rapport.
"Nous savons aujourd'hui que l'effet cumulatif de ces substances, de ces PFAS, dans le corps est un problème et est dangereux pour la santé", se désole Florence Caumes, membre de Générations Futures Gard rhodanien.
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Les échantillons seront envoyés en laboratoire, les résultats sont attendus dans plusieurs mois.