Bouguenais : rencontre avec Bertrand Belin avant son concert au Piano'cktail le 17 octobre

Des textes raffinés, des mélodies sensuelles, un univers joyeusement mélancolique et une voix de plus en plus grave et envoûtante, Bertrand Belin occupe une place à part dans le monde de la chanson française. Et ça nous va bien !

"J'adore ce qu'il fait, j'adore aussi ce qu'il est, ce qu'il dégage", me dit un ami journaliste en apprenant que j'allais faire une interview de Bertrand Belin.

Et c'est un peu Indissociable. L'homme ressemble en effet à sa musique. Ou peut-être l'inverse. Dans les deux cas, Bertrand Belin c'est une certaine élégance désabusée, une passion pour les mots, leurs sens et leur musicalité, une méfiance du temps qui passe, des modes qui se démodent...

"Parcs" est le quatrième album de l'artiste breton, un album éblouissant, l'un des meilleurs de l'année 2013 pour Les Inrocks. Pour ceux qui ne liraient pas les magazines et n'écouteraient jamais la radio, Bertrand Belin c'est lui...

Pour vous avoir vu sur scène il y a quelques années, on a le sentiment que vous y êtes un peu comme chez vous. C'est votre milieu naturel la scène ?

Bertrand Belin. Non je ne pense pas que la scène soit pour quiconque un milieu naturel. C'est un milieu surnaturel ou disons : formidable. Un Cap-Horn, un désert, une foule.



Votre premier véritable album a bientôt dix ans. L'appréciez-vous toujours de la même façon ? Jouez-vous ses morceaux avec toujours autant de plaisir ?

B.B. Je n'ai pas écouté cet album depuis longtemps mais cela arrive parfois. La dernière fois que je l'ai entendu, c'était il y a deux ans environ, en même temps que les trois autres… pour voir. Je chante avec plaisir certaines chansons de cet album : Le colosse, Madeleine, T'as l'vin...


Il y a quelque chose d'absolument intemporel dans vos chansons. Est-ce inscrit dans vos gènes ou est-ce le résultat d'un travail acharné ?

B.B. Cela résulte d'un sentiment de défiance quant aux signes criards de "modernité" et à l'exhortation qui est faite aux personnes d'appartenir à tous prix "à leur temps". Les biens, comme la langue, sont les cibles et les outils du cirque marchand. Il existe un monde vaste, ancien, durable, pacifique sur lequel le classicisme agit comme un gardien. Le caractère intemporel de mes chansons relève de ces observations.

Vous êtes un amoureux des mots, particulièrement de leur musicalité. Pouvez-vous nous expliquer comment vous écrivez une chanson ?

B.B. En suivant un chemin avec lenteur, vers un idéal fuyant. La musicalité des mots est mon second critère d'appropriation. Leur sens compte davantage.



Certains vous collent une étiquette de dandy intello. Pourtant vos chansons, vos paroles, sont très simples et hyper évocatrices. Comment expliquez-vous cela ?

B.B. La réponse est peut-être cachée dans le fait même que vous me posiez la question. Car je note que ce faisant, simplement en en produisant le rappel, vous me collez une telle étiquette ; bien que vous ne partagiez peut-être pas ce point de vue.
Par ailleurs, je serais en désaccord avec mes convictions si je me défendais d'être un "intello" (avec le poids péjoratif que ce mot -dans ce cas- comporte). Mes convictions, entre autre, ne me conduisent pas à condamner les "intello", plus que les "gens de bon sens".

En mai est sorti votre quatrième album, "Parcs". Pourquoi ce titre beaucoup moins poétique que les précédents "Hypernuit" ou "La Perdue" ?

B.B. Le mot "parcs" n'est pas moins poétique qu'un autre. Aucun mot n'est poétique. Le lieu et le moment de la prononciation ou de la production d'un mot seul peuvent lui en donner l'aspect. Vous concéderez que "Parc" au pluriel est plus poétique qu'au singulier.



Qu'est-ce qui distingue ce nouvel album ? Une certaine épure ?

B.B. Oui certainement. En tous cas en ce qui concerne les textes.

On a du mal à discerner des influences franches dans votre musique si ce n'est peut-être Bashung. Qu'écoutiez-vous dans votre jeunesse ? Et aujourd'hui ?

B.B. J'ai surtout écouté les disques de mes parents et de mon grand frère. Christophe, Jean-Michel Jarre, Elvis, Gene Vincent, Damia, Ravel… Jeanne mass (grâce à ma sœur), Bashung, Yazoo… Aujourd'hui j'ai écouté de la musique traditionnelle irlandaise, le dernier The Do, et puis Bartok.

Est-ce que le Bertrand Belin de la scène ressemble au Bertrand Belin de la vraie vie ?

B.B. Je pense que oui.


Merci Bertrand

Plus d'infos sur Bertrand Belin ici et sur le concert au Piano'cktail vendredi


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