Les salariés du transporteur Mory Global organisent une opération escargot autour d'Angers ce matin, sans offre de reprise sérieuse, la liquidation de leur entreprise doit être prononcée demain, 70 emplois sont menacés en Maine-et-Loire, 2150 en France
La justice va se pencher demain mardi sur le sort de MoryGlobal et de ses 2.150 salariés mais le transporteur n'ayant reçu aucune offre de reprise sérieuse, sa liquidation judiciaire semble "inéluctable".
Une audience à huis-clos est prévue à 14H30 au tribunal de commerce de Bobigny en Seine-Saint-Denis, lequel avait placé la société en redressement le 10 février dernier, avec une période d'observation de six mois.
Entre-temps, la situation financière s'est aggravée pour l'ancienne compagnie Mory Ducros, qui n'a pas attiré de candidats crédibles à la reprise. La société Transports Malherbe a finalement retiré son offre, la plus importante parmi celles déposées et qui portait sur uniquement 141 salariés.
Dès lors, "la liquidation judiciaire est inéluctable".
Selon Stéphane Boudaud, délégué du personnel à Orléans, les acquéreurs potentiels, intéressés par les agences du groupe et non par le personnel, attendent la liquidation pour acheter : "ça leur coûtera moins cher" et ils n'auront "pas l'obligation de reprendre les salariés".
La justice commerciale prononcera la liquidation dès mardi ou placera sa décision en délibéré. Cette seconde option ne ferait que retarder l'inévitable pour une société ayant subi l'année dernière une perte nette évaluée à 43 millions d'euros.
Silence de l'actionnaire Arcole Industries
Il s'agit d'un nouveau coup de massue pour les salariés, dont un grand nombre ont effectué la majorité de leur carrière dans l'entreprise. Rescapés du plan social déclenché en 2014, après la faillite de Mory Ducros (2.800 licenciements), ils se battent désormais pour obtenir un plan de sauvegarde del'emploi (PSE) convenable.
Tous réclament l'aide de l'État et dénoncent le silence de l'actionnaire Arcole Industries - qui était également celui de Mory Ducros. Le propriétaire "a toujours été absent des débats, des demandes, il n'est pas présent du tout", se plaint Denis Jean-Baptiste, le secrétaire du comité d'entreprise.
"Qu'est-ce qui nous reste aujourd'hui? Arcole nous a tués", accuse Patrick Potin qui, à 53 ans, en a passé 24 dans l'entreprise, sa "deuxième famille".
Pour les 2.150 collaborateurs de MoryGlobal, il n'est pas question de partir "avec moins que nos camarades de l'année dernière", prévient Stéphane Boudaud. Sous la pression du gouvernement, l'actionnaire avait consenti à verser aux licenciés de Mory Ducros 30 millions d'euros de plus que le minimum légal.
Jeudi, l'État a demandé "expressément au groupe Arcole Industries d'assumer ses responsabilités d'actionnaire et de contribuer au financement du PSE", répondant au souhait des représentants du personnel, reçus au secrétariat d'État aux Transports.
A cette occasion, les pouvoirs publics se sont engagés à mettre en place "un dispositif exceptionnel d'accompagnement individualisé", avec le recours à un cabinet de reclassement, une bourse à l'emploi et le versement pendant deux ans d'une somme allant "jusqu'à 300 euros par mois pour les salariés ayant retrouvé des emplois moins bien rémunérés". "C'est le minimum qu'ils pouvaient faire", a commenté M. Boudaud.
Plus optimiste, Force ouvrière y a vu "une réelle volonté" politique, selon son représentant Michel Ariba. Qui prévient tout de même que "les sites restent occupés", dans l'attente d'engagements fermes.
"On a fait passer le message aux troupes sur le terrain", abonde Denis Jean-Baptiste. "Tant que nous n'avons pas un accord PSE signé en bonne et due forme, on maintient la pression sur nos agences".L'État invitera à nouveau les représentants du personnel, "afin d'avancer dans la voie d'un règlement de la situation des salariés de MoryGlobal", a-t-il fait
savoir dans un communiqué.
avec AFP