La justice administrative se penche ce jeudi sur le volet environnemental du projet de transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique à Notre-Dame-des-Landes en Loire-Atlantique, une audience très attendue à la fois par les partisans et par les opposants au projet
Dix-sept requêtes au total doivent être examinées à partir de 09H00 par le tribunal administratif de Nantes, lors d'une audience qui devrait
durer toute la matinée.
Ces recours, déposés le 3 février 2014 par les principales associations d'opposants, l'Acipa, le Cédpa et l'Adeca, mais aussi des associations de protection de l'environnement, Europe Écologie-Les Verts (EELV) et des particuliers, visent à faire annuler les quatre arrêtés préfectoraux dits "loi sur l'eau" et "espèces protégées", pris le 20 décembre 2013, qui autorisaient le début des travaux.
Les juges - dont la décision est attendue avant la fin du mois de juillet - devront dire si la destruction des zones humides et celle de près de 100 espèces protégées, ou leur transfert, possible qu'à certaines périodes de l'année, pour notamment construire la nouvelle aérogare et les deux pistes sont justifiées et si les mesures compensatoires environnementales prévues sont suffisantes.
Pour les opposants, qui ont appelé à un rassemblement à une centaine de mètres du tribunal, ce volet environnemental est le talon d'Achille du projet, "car les porteurs du projet, pour nous, bafouent toutes les règles élémentaires en matière d'environnement", estime Julien Durand, porte-parole de l'Acipa.
Une zone humide à 98%
"L'écosystème actuel de Notre-Dame-des-Landes, avec une double tête de bassins versants, est cohérent, mais les porteurs du projet proposent de le reconstituer en petits morceaux autour du site, en une sorte de puzzle", souligne Thomas Dubreuil, l'un des avocats des requérants. Selon lui, les mesures compensatoires sont déjà refusées sur "plus de 8.500 hectares" par les exploitants agricoles.La "compensation écologique" à la destruction de milieux naturels prévue dans le projet a été critiquée à la fois par un collège d'experts scientifiques au printemps 2013, mais aussi en février dernier par le Conseil scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité (CSPNB), une instance consultative, font valoir les opposants.
Le site de 1.650 hectares, choisi à la fin des années 1960, est "une zone humide à 98%, avec des espèces protégées partout. On aurait déjà dû abandonner ce site depuis longtemps parce qu'il est tout à fait exceptionnel d'un point de vue naturel", tonne Françoise Verchère, co-présidente du Collectif des élus doutant de la pertinence de l'aéroport (Cédpa).
Elle a appelé au courage politique "en cette année 2015 où on ne cesse de parler climat et protection des zones humides", à l'occasion de la tenue à Paris à la fin de l'année de la conférence mondiale de l'Onu sur le climat.
Un cinquième arrêté préfectoral, signé le 5 août 2013, qui déclarait d'utilité publique les travaux d'aménagement et de sécurisation des voies existantes autour du futur site, a également été attaqué et doit être examiné jeudi.
Le Premier ministre espère le début des travaux dès cet été
L'annulation des arrêtés préfectoraux pourrait à nouveau porter un sérieux coup au projet, vivement contesté devant les tribunaux depuis le début des années 2000, mais aussi sur le terrain, et source de tensions entre écologistes et l'exécutif depuis le début du quinquennat Hollande.Leur validation pourrait marquer au contraire le coup d'envoi des travaux, suspendus depuis février 2014 par Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre, et fervent défenseur du transfert de l'aéroport, rendu indispensable selon ses promoteurs par la saturation à venir de Nantes-Atlantique. Attribué au groupe Vinci sous forme de concession en décembre 2010, il devait être initialement inauguré en 2017.
L'accord politique passé avant les municipales avec EELV, qui prévoit un gel des travaux jusqu'à l'épuisement des recours des opposants, a été réaffirmé depuis à de nombreuses reprises par les membres du gouvernement, ainsi que par le chef de l'Etat début janvier. Cependant, le Premier ministre Manuel Valls avait suggéré en décembre de "s'engager dans la construction de Notre-Dame-des-Landes" dès la mi-2015, "après la décision du tribunal administratif" sur ces recours environnementaux.
avec AFP