"Itinéraire d’un enfant" placé raconte le parcours chaotique de Yanie, 14 ans, placé en famille depuis la petite enfance. Un film poignant, dur parfois, mais surtout qui retranscrit la réalité du jeune garçon. Ketty Rios Palma, la réalisatrice du film se confie sur cette aventure humaine.
► Comment avez-vous découvert l’histoire de Yanie ?
Le film est produit par 416 prod, la société de Melissa Theuriau. J’avais déjà travaillé avec elle sur une collection de documentaires donc je lui ai parlé de mon projet originel : tourner un film sur mon papa, enfant de la DDASS (ancêtre de l’ASE Aide Sociale à l’enfance). C’est un projet qui me tenait vraiment à cœur car je voulais mettre en avant son parcours et montrer que l’on peut avoir une histoire difficile et réussir sa vie, être un bon père. Mélissa m’a suivie dans ce projet mais les chaînes de télévision nous ont conseillé de mettre en parallèle l’histoire d’anciens enfants de la DDASS et celle d’enfants actuellement en foyer.
Melissa avait rencontré Yanie deux ans auparavant, lorsqu’elle avait produit un film sur les mères en prison. Ils avaient eu un vrai coup de cœur et sont toujours restés très proches. C’est donc naturellement qu’elle m’a mis en contact avec lui. J’ai appelé Yanie et me suis immédiatement attachée à lui : à 13 ans il était déjà très mature malgré ses traits enfantins et je l’ai trouvé extrêmement touchant.
Le film initial ne s’est pas fait mais je suis restée en contact avec lui et quand le SERAF Montjoie a trouvé une nouvelle famille d’accueil, après le départ en retraite de son ancienne famille, tout s’est accéléré : nous allions réaliser un documentaire sur l’histoire de Yanie. Après avoir obtenu l’accord des services de protection de l’enfance qui s’occupaient de Yanie, j’ai contacté son père, en prison à l’époque, et sa mère pour leur demander leur accord. Quant à Yanie, il était emballé dès le début par ce film.
► Votre caméra a su capter des moments forts, difficiles même. Comment avez-vous convaincu l’entourage de Yanie et notamment sa mère, de se laisser filmer ?
En ce qui concerne la mère de Yanie, nous avons passé un après-midi ensemble. Je lui ai expliqué mon projet, ma démarche et a d’abord dit oui pour faire plaisir à Yanie. Elle savait que le film allait raconter le quotidien de Yanie et elle m’a fait confiance. Petit à petit, il était clair pour elle que lorsque l’on filmait Yanie, elle devait être filmée également puisqu’elle fait partie de son histoire.
La confiance s’est entretenue tout au long du tournage. On tournait 2 ou 3 jours par mois mais le reste du temps, je restais en contact avec tout le monde quasiment quotidiennement. Qu’il s’agisse de la mère Yanie, de Vlassia ou de Myriam et Jacques, ils savaient que l’objectif était de réaliser le film le plus vrai possible, donc ils sont restés eux-mêmes.
► La fin de tournage date de décembre 2016, que devient Yanie aujourd’hui ?
Aujourd’hui Yanie n’est plus en famille d’accueil. À l’âge de 16 ans, il a envie de s’émanciper, de prendre ses décisions par lui-même, même s’il a encore besoin de soutien. Il va bien et voit régulièrement son papa qui est sorti de prison mais aussi Myriam et Jacques. Professionnellement, il est à la recherche d’un stage, en Sarthe, dans la restauration. Ce serait formidable que ce film puisse l’aider à avancer dans cette direction !
Un film écrit et réalisé par Ketty Rios Palma
Une production 416 et ARTE France