Affaire Pénélope : le point sur l'enquête qui plombe la campagne de François Fillon

"Je n'ai jamais été l'assistante de mon mari": une phrase de Penelope Fillon en 2007, dévoilée jeudi, a alimenté l'affaire des emplois présumés fictifs de l'épouse du candidat de la droite à la présidentielle. Le point sur l'enquête qui plombe la campagne de François Fillon.

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Ces faits ne sont pas contestés : Pénélope Fillon a bien été salariée comme assistante parlementaire de son mari, comme l'a révélé Le Canard enchaîné le 25 janvier.
           
Ses contrats de travail ont été saisis par les enquêteurs, lors d'une perquisition mardi à l'Assemblée nationale, selon une source proche de l'enquête. "Tout ce qui était demandé" par les enquêteurs "a été trouvé, et remis", assure une source parlementaire.

D'après le Canard, la première embauche remonte à 1988, jusqu'en 1990. François Fillon l'engage à nouveau après sa réélection de 1997, et son suppléant Marc Joulaud en fait autant en 2002, lorsque le député de la Sarthe entre au gouvernement, et jusqu'en 2007. Quand l'ex-Premier ministre devient député de Paris après cinq années à Matignon, en 2012, son épouse reprend aussi son emploi d'assistante, jusqu'en 2013.
 
En tout, l'hebdomadaire chiffre sa rémunération parlementaire à 831.440 euros brut. Pénélope Fillon a également été rémunérée par La Revue des Deux Mondes, propriété du PDG de Fimalac Marc Ladreit de Lacharrière, ami du candidat, pour 100.000 euros
brut en 2012-2013, rapporte le Canard.

Et deux enfants du couple ont été les assistants parlementaires de François Fillon lorsqu'il était sénateur en 2005-2007 selon le journal pour 83.735 euros en tout.

Fictifs ou réels?

 L'enquête pour détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel, ouverte par le parquet national financier dès les premières révélations, porte sur la réalité du travail effectué ou pas par la discrète Galloise, sans profession connue jusque-là. Elle porte désormais aussi sur les emplois d'assistants des deux enfants, Marie et Charles Fillon.
 
Les enquêteurs recherchent les traces de ce travail. On sait que Penelope Fillon ne disposait pas de badge d'entrée ni d'adresse électronique au format de l'Assemblée mais c'est le cas de nombre de collaborateurs basés en circonscription, observent des sources parlementaires. L'entourage de François Fillon souligne d'ailleurs qu'elle était censée "faire remonter" la "voix de la Sarthe" auprès de son mari, la permanence de député étant "à leur domicile" sarthois.
 
Mais les déclarations passées de l'intéressée ne facilitent pas sa défense. France 2 a ainsi retrouvé un entretien réalisé en 2007 par le journal britannique Sunday Telegraph dans lequel l'épouse de celui qui venait d'accéder à Matignon affirme: "Je n'ai jamais été l'assistante de mon mari", selon l'équipe d'"Envoyé spécial" qui le diffuse jeudi soir.
 
L'avocat de Penelope Fillon a déploré des phrases "sorties de leur contexte", assurant qu'elle voulait alors expliquer "qu'elle n'avait pas la même conception de son rôle que l'épouse du Premier ministre britannique". Il a aussi affirmé que sa cliente avait fourni aux enquêteurs "tous les détails démontrant l'existence d'un travail effectif".

Une enquête au pas de charge

 Depuis une semaine, les enquêteurs enchaînent les auditions des principaux acteurs de l'affaire, notamment les époux Fillon, Marc Joulaud ou encore Marc Ladreit de Lacharrière. Des témoins ont aussi été entendus comme, jeudi, la secrétaire particulière de François Fillon, Sylvie Fourmont. D'autres auditions sont attendues, notamment celles des enfants du couple qui ont été rémunérés par l'ex-sénateur. Et après l'Assemblée, des documents pourraient être saisis au Sénat dans les prochains jours.

Encore quinze jours ?

 "On a quinze jours à tenir" en attendant "les résultats de cette enquête", a lancé mercredi à ses troupes le candidat. A-t-il eu des assurances de la part des enquêteurs sur ce calendrier? Le parquet, une fois ses investigations terminées, peut soit classer le dossier sans suite, soit renvoyer un ou des suspects devant un tribunal ou encore confier l'enquête à des juges d'instruction, ce qui en retarderait le dénouement.
 
Mais la capacité de François Fillon à "tenir" est remise en cause jusqu'au sein de la droite, où certaines voix s'élèvent pour lui demander de se retirer et où les "plans B" s'échafaudent en coulisses.

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