Coronavirus : le confinement déconfiné par l'auteur de BD saumurois Fortu

Peut-on rire de tout ? À cette question aussi vieille que l'humanité, Fortu apporte une réponse toute personnelle. Chaque jour, il met en ligne un dessin croquant avec un humour pinçant cette période sombre pour nous tous. À défaut de vaccin, voici déjà un bon remède à la morosité...

En France, on n'a pas de masques mais on a de l'humour! En tout cas, Fortu, auteur de bande dessinée installé du côté de Saumur, en a pour tout le monde. Et il a décidé de nous en faire profiter tous les jours de ce confinement en croquant des scènes de la vie quotidienne - confinée s'entend - qu'il partage sur les réseaux sociaux.

Né à Saumur, des études à Angers mais des racines au Portugal, Fortu fait des apparitions dans les revues Tchô, Spirou et Psikopat avant de publier plusieurs livres pour la jeunesse et, pour les plus grands, le très beau Saudade, un recueil d'histoires courtes inspirées de sa propre vie et de celle de sa famille qui a fui la dictature de Salazar en 1965. 

Aujourd'hui confiné comme nous tous, Fortu ne pouvait rester inactif à regarder ses crayons du coin de l'oeil. Alors, il s'est mis à croquer tout ce qui lui passait dans sa tête de confiné, tout ce qui passait aussi aux infos, avec une déformation bien professionnelle d'auteur humoriste.

Et pour nous parler de tout ça, Fortu a imaginé quatre personnages, un couple et deux enfants qu'il nous présente : "Alors, le Papa, c’est José mon deuxième prénom, la maman, Caroline, la grande fille, Lisa, et le petit, Vasco". 

Sur son compte Instagram, chaque jour, Fortu raconte donc ce confinement tout en posant un regard plus large, affuté et futé, drôle et universel sur notre monde, ses forces, ses faiblesses, ses contradictions. Une petite visite de son atelier et on le retrouve en interview...
 

Question incontournable, comment vis-tu cette période étrange ?

Fortu. Je ne sais pas si c’est politiquement correct de dire ça, mais je le vis plutôt bien, j’ai la chance d’habiter en campagne dans une maison avec un jardin, je n’ai vraiment pas à me plaindre de ma situation.

Comment t'est venue précisément l'idée de cette série de strips sur le confinement ?

Fortu. Il y a deux ans, je m’étais lancé un défi d’un dessin par jour pendant 200 jours, qu’importe le thème, il fallait que ce dessin fasse réfléchir, sourire. Défi réussi qui m’a permis entre autre de faire des expositions (galerie LTK à Angers) et de me lancer dans la sérigraphie. Là, il me fallait autre chose, le thème du confinement est venu naturellement, il était évident, avec une contrainte, j’allais raconter sous forme d’humour mon confinement. Un jour de confinement, un Strip.
Le virus et le confinement sont déjà partout, dans les médias, dans les discussions... Est-ce bien raisonnable d'en ajouter ?

Fortu. Sous cet angle, c’est vrai qu’en rajouter une couche n’a pas vraiment de sens. C’est pour ça que j’essaye de dédramatiser tout ce que l’on peut voir ou entendre. J'espère apporter de la dérision à cette situation, en ce moment on n'en manque beaucoup. Lorsque tu écoutes les débats télévisés, si tu restes au premier degré, tu tombes en dépression alors que si tu le regardes avec un second degré tu t’aperçois très vite qu’il y a beaucoup d’absurdité (c’est peut être pire au final ) !

Pour toi, l'humour est une nécessité absolue face à ce genre de situation ?

Fortu. Oui absolument, il a même un rôle primordial, c'est dans ces moments qu’on en a le plus besoin. Pour moi, il équilibre la balance de nos émotions, chaque personne a ses propres réglages, dus à son vécu, mais il est essentiel.
Que t'apporte ce dessin quotidien personnellement ? Peut-on y voir une sorte d'art-thérapie ?

Fortu. Le dessin quotidien est un exercice qui me force à dessiner. Si je ne me lance pas de défi, je ne vais pas prendre le temps de créer ou je vais le repousser à demain. Ça me cadre, j’ai besoin de cette contrainte pour avancer. Pour revenir au dessin, évidement que c’est une sorte d’échappatoire où je n’ai de compte à rendre à personne, c’est mon univers, je me fais plaisir et ça me fait du bien.

Chaque jour un dessin, comment fais-tu pour trouver la bonne idée ?

Fortu. Il y a une chose toute bête, plus tu en fais, plus les idées viennent. Pour ces histoires autour du confinement, il me suffit de mettre une chaine d’infos en fond sonore, il y a forcément un moment où mon esprit va faire tilt. Il faut que je me nourrisse d’infos. C’est un peu comme un sportif qui à force de répéter le même geste, cela devient instinctif.
Pendant ce confinement, tu animes deux séries en parallèle, dans deux styles graphiques très différents, l'un plutôt comique, l'autre dans une veine réaliste. Pourquoi ? Te permettent-elles d'aborder des choses différentes ? 

Fortu. Le style réaliste est venu en 2016 lorsque j’ai sorti l’album Saudade aux Éditions Delcourt, j’y racontais des histoires sur le thème de la mélancolie, mon style humoristique de l’époque ne collait pas à ce que je racontais, le réalisme du trait donnait plus de sens a ce travail, l’un ne pouvant pas fonctionner sans l’autre. Depuis, j’ai gardé ces deux styles, j’aime bien changer, ça évite une forme de routine. Effectivement, en ce moment je réalise des histoires de couples, mais avec un ton décalé qui est totalement inventé et pas inspiré de mon quotidien.

Pour l'instant, tu publies ces histoires confinées sur Instagram et sur ton blog. Est-il question d'en faire plus tard un album ?

Fortu. Je ne peux pas répondre pour le moment, je vais déjà voir si je tiens le rythme, et pourquoi pas si la qualité est là, proposer à mon éditeur d’en faire un album.
Qu'est ce qui te manque le plus aujourd'hui ?

Fortu. Voyager.

Quelle est la première chose que tu feras au moment du déconfinement ?

Fortu. Un dessin :)

Merci Fortu, propos recueillis le 17 avril 2020 par Eric Guillaud
Plus d'infos sur Fortu ici, son blog , son compte Instagram ici, notre blog dédié à la BD

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