L'activité économique tourne au ralenti depuis le 17 mars, début du confinement. La circulation est plus que fluide, on ne parle plus de bouchons. Dans les stations services, le client se fait rare et après un réflexe de stockage, il a déserté les pompes. Au grand dam des petits artisans.
Sur ce boulevard du nord-est de Nantes, la station service compte les clients. Ils se font rares. Le patron fait ses calculs, depuis quelques jours, il a perdu 80 % de son chiffre d'affaires.
"Il y a eu un peu de stockage début mars, avant le confinement" dit-il. Un mouvement de panique avait poussé les clients à faire le plein. C'est ce qui sauvera un peu son chiffre du mois de mars mais il ne se fait pas d'illusions, le mois d'avril sera difficile.
"L'activité gaz est en augmentation reconnaît-il, parce que les gens sont chez eux et cuisinent davantage mais ça ne compense pas."
"Ce qu'on faisait en une journée, on le fait en une semaine se désole-t-il. A peine de quoi payer une personne."
Il a gardé la station service ouverte "pour rendre service aux entreprises" dit-il.
"On a ramené un apport financier personnel ajoute Claude, pour payer les fournisseurs. On a de la chance, on arrive en fin de carrière avec presque plus d'emprunts, c'est ce qui va nous sauver mais pour un jeune qui débute..."
Quelques kilomètres plus loin sur la route de Doué-en-Anjou (ex Doué-la-Fontaine), le garage Gourin n'est pas plus achalandé. La presque totalité des salariés a été mise en chomage partiel depuis ce mercredi. On comblera les trous aussi avec des récup' et quelques congés.
Des véhicules attendent sur le parc d'être récupérés par leurs acheteurs mais il est interdit de vendre et de toute façon, les sociétés de contrôle technique sont fermées.
Restent la comptable, Claudie, qui avait un peu de travail à terminer, et le gérant, qui prend en charge les quelques réparations qui se présentent.
"On est aussi contraint par les fournisseurs de pièces de rechange qui sont fermés ou qui ne répondent pas au téléphone" explique Claudie.
Sur les pompes de la grande surface d'à côté, elle a constaté que les prix avaient bien baissé. Mais personne n'en profite.
70 à 90 % de chute d'activité
Cette profession, comme d'autres, va souffrir du ralentissement économique."On n'a pas encore les chiffres nationaux, commente Francis Pousse. Cet artisan installé à Arnage, dans la Sarthe, est aussi le Président national des Distributeurs Carburants et Energies Nouvelles. Mais selon les premières remontées que j'ai eues, on peut estimer à 70 voire 90 % la chute d'activité."
Or, certains ont rempli leur cuves juste avant le confinement et les délais de paiement des fournisseurs sont courts, de l'ordre de trois à huit jours.
"Vous allez mettre vingt jours à vendre ce que vous vendez en quatre jour d'habitude, ça pèse sur les trésoreries" dit-il. Lui-même estime que, garage et station compris, il est à - 90 % de son activité.
Les stations service de campagne en danger
La vente de carburant étant peu rémunératrice, cette activité est effectivement souvent adossée à un garage dans les campagnes."Il va y avoir des investissements à faire pour certains pour répondre aux nouvelles normes bancaires explique Francis. Le choix va être vite fait si vous êtes en situation difficile, de garder le garage mais de supprimer la station service."
Cette crise risque donc de provoquer la fermeture de stations services en milieu rural. Un secteur déjà pauvre en distribution de carburant hors grandes surfaces.