Depuis des mois, ils sont en première ligne face à la crise de la COVID. Quel est aujourd'hui le quotidien d'un maire, c'est le thème de Dimanche en Politique. Avec deux invités, Florian Bercault, le nouveau maire de Laval et Véronique Besse, maire des Herbiers en Vendée.
►Voir ou revoir l'émissionFace à la crise, les maires sont sur tous les fronts. Et à l'approche de Noël, le moral de leurs administrés est en berne. A Laval, Florian Bercault a fait réaliser une étude, sorte de baromètre de l'état d'esprit des Lavallois. Résultat, avant le 1er confinement, ils étaient 75% à afficher un bon moral, aujourd'hui, ils sont seulement 42% et leur principal sujet de préoccupation, c'est de retrouver leurs proches et une vie sociale.
Aux Herbiers, Véronique Besse fait le même constat: ses concitoyens sont tristes et même parfois agressifs. Pas facile de faire face alors qu'il a fallu annuler les marchés et la parade de Noël. "Le maire est encore plus à portée de baffe et d'engueulade", concède la maire des Herbiers.
A Laval, le maire a décidé de maintenir les illuminations. "Il n'y aura pas de fête, mais l'esprit de Noël sera bien là." Les illuminations seront lancées le jour où les commerces seront autorisés à rouvrir.
Le quotidien du maire
Comme ses administrés, le maire a dû s'adapter au confinement et adapter sa fonction. Il fait beaucoup de visio-conférences et ses rendez-vous ont lieu la plupart du temps en mairie. C'est le cas de Christophe Béchu, le maire d'Angers.Nous l'avons suivi toute une journée, une journée de travail confinée mais selon lui, "c'est en ce moment que le travail d'élu prend tout son sens, car il faut prendre soin de la population en permanence".
Les maires en première ligne
Gérer la crise, cela a été la première action du maire de Laval, le divers gauche Florian Bercault. A peine élu, il a été confronté à un rebond de l'épidémie en juillet dans sa ville et son département.Il a dû imposer le port du masque, informer en frappant aux portes, instituer des maraudes pour traquer les clusters, aider à la mise en place de centres de dépistage. Un baptême du feu pendant lequel il dit avoir beaucoup appris. Aujourd'hui encore, des points d'information sont installés dans la ville et dans les quartiers.
A Laval, comme aux Herbiers, les élus font des vidéos pour faire passer leurs messages.
La rupture du couple maire-préfet
Pendant le premier confinement, maires et préfet ont travaillé ensemble. Cette fois, la stratégie a changé et les décisions ont été recentralisées. Alors certains maires ont décidé de désobéir.C'est le cas de Véronique Besse, maire divers droite des Herbiers qui a pris un arrêté municipal pour soutenir l'ouverture des petits commerces de sa commune, alors que la France se reconfinait. Un acte de désobéissance civile qu'elle revendique, mais son arrêté a été suspendu par le tribunal administratif de Nantes et les commerces ont dû fermer.
Son coup de gueule, dit-elle "c'était pour faire plier le gouvernement, parce qu'il était impossible de laisser les petits commerces fermés alors que les gens s'entassent dans les hypermarchés qui sont devenus la sortie de la semaine". Elle estime d'ailleurs qu'elle a fait avancer la cause des commerçants.
1% du plan de relance pour les quartiers et la jeunesse
Florian Bercault, le maire divers gauche de Laval a lui aidé les commerçants à passer le cap de la numérisation. Il fait aussi partie des 101 signataires d'une lettre à Emmanuel Macron. Lettre dans laquelle il demande au président de la République de verser 1% du plan de relance, soit 1 milliard aux quartiers prioritaires."Dans ces quartiers," affirme-il, "la jeunesse est abandonnée par l'Etat". Il veut mettre en place des centres médicaux et des régies de quartiers pour les jeunes. Selon lui, il y a aujourd'hui "non assistance à territoires en danger".
L'Etat doit aider
Tous les maires sont aujourd'hui unanimes, l'Etat doit aider pour compenser les dépenses qu'ils ont engagées dans cette lutte face à la pandémie. Un budget de 900 000 euros pour la maire des Herbiers qui a dû reporter la construction d'une nouvelle salle. A Laval, le coût de la COVID, c'est 1 million 900 000 euros et des recettes qui n'ont pas été engrangées."Avec le mandat unique, les maires sont vraiment devenus un contre-pouvoir", affirme Florian Bercault, "il faut les écouter". Véronique Besse, elle aussi, réclame davantage de liberté face à un Etat qui, dit-il "ne fait pas confiance aux élus locaux, malgré tous les beaux discours de Macron".
Le débat de ces deux élus, dont le quotidien a été bouleversé par la COVID, est à retrouver dans Dimanche en politique à 11 heures 30.