Vesoul cherche masseurs kinésithérapeutes : une prime de 20.000 euros pour ceux qui s'installeront

Pour favoriser l'installation de masseurs kinésithérapeutes, la communauté d'agglomération de Vesoul en Haute-Saône met en place une prime de 4000 euros par an pendant 5 ans à compter du 1ᵉʳ janvier 2025. Explications.

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Une prime à l'installation d'un total de 20 000 euros pour 5 ans. C'est ce que propose la communauté d'agglomération de Vesoul pour répondre à la problématique du manque de masseurs kinésithérapeutes sur son territoire. Ce dispositif s'étendra du 1ᵉʳ janvier 2025 au 31 décembre 2026. Objectif : passer de 37 masseurs kinésithérapeutes à 45 d'ici à 2027.

Vesoul placée en zone intermédiaire

"On a instauré ce dispositif depuis le 19 décembre 2024 donc c'est très récent", livre Pierre Gorcy, vice-président délégué à la Santé au sein de la communauté d'agglomération de Vesoul. Et d'ajouter : "On a fait ça parce que le ministère de la Santé et l'ARS ont arrêté des zonages sur le territoire en fonction de critères de zones très sous-dotées, zones sous-dotées, zones intermédiaires, zones dotées et zones très surdotées et l'agglomération de Vesoul est placée en zone intermédiaire".

D'ici à 2027, un jeune diplômé en kinésithérapie qui voudra s'installer sur Vesoul devra avoir exercé pendant au moins deux ans dans une zone sous-dotée ou très sous-dotée. Pour prévenir une potentielle baisse du nombre de praticiens sur son territoire à cause de ce critère, la ville de Vesoul cherche à rendre son territoire attractif.

"On a vraiment été écouté"

Cette initiative s'est faite à la demande de David Fleurotte, masseur-kinésithérapeute à Vesoul et représentant syndical des Alizées qui a fait part de la problématique aux représentants politiques de la ville. "Pierre Gorcy a fait un travail exemplaire. On a vraiment été écoutés et là pour le coup, on est sur de l'anticipation", se réjouit le praticien. Et de compléter : "C'est intelligent de faire venir des jeunes diplômés pendant que c'est encore possible. Le but du jeu est de gonfler au maximum le nombre de kiné"

Quand on regarde sur les dix dernières années, les kiné étaient tous des nouveaux qui venaient du coin. Donc si on enlève la possibilité de l'installation dès le début, il faut rester attractif en proposant une prime.

David Fleurotte, masseur-kinésithérapeute à Vesoul et représentant syndical des Alizées

D'autant que le nombre de masseurs kinésithérapeutes reste encore insuffisant. "Même si on en a 37 aujourd'hui, il y a des délais de rendez-vous encore assez longs, donc l'idée, c'est qu'on voudrait pouvoir aborder 2027-2028 avec huit praticiens en plus", souligne Pierre Gorcy. 

En moyenne, le délai d'attente est de deux mois. J'ai un patient qui m'a appelé hier pour une facture du poignet, mais malheureusement, je ne peux pas le prendre avant fin février.

David Fleurotte, masseur-kinésithérapeute à Vesoul et représentant syndical des Alizées

Au moins quatre jours par semaine d'activité

Pour bénéficier de cette prime, il faudra s'engager à travailler pendant cinq ans sur le territoire avec une activité a minima de quatre jours par semaine. Il faudra aussi adhérer à la Communauté Professionnelle Territoriale de Santé du Bassin Vésulien (CPTS-BV), "l'association qui pilote les professionnels de santé libéraux à la fois sur les actions de prévention et sur les actions de permanence des soins".

Ce dispositif, financé uniquement par la communauté d'agglomération de Vesoul, est ouvert aux praticiens qui n'ont pas exercé à titre libéral dans le territoire de la Haute-Saône au cours des 12 derniers mois afin de ne pas concurrencer les territoires voisins. Si le bénéficiaire de la prime cessait d'exercer son activité professionnelle avant la fin de la durée de son engagement, il sera dans l'obligation de rembourser l'intégralité de la somme versée par l'Agglomération de Vesoul. 

Une commission étudiera les dossiers reçus et sera composée du Président de la communauté d'agglomération de Vesoul, du vice-président en charge de la politique santé et du vice-président en charge du développement économique. L'offre semble pour l'instant attractive, un professionnel de santé a déjà contacté la ville : "On a eu des échanges avec un masseur kinésithérapeute qui est intéressé et qui a déjà été repéré par un kinésithérapeute qui exerce".

Une problématique ancienne

Depuis une dizaine d'années, l'agglomération de Vesoul s'est emparée de la problématique de la démographie médicale et paramédicale. "On a attribué des bourses d'études aux médecins généralistes puis aux chirurgiens-dentistes, kinésithérapeutes et orthophonistes", précise Pierre Gorcy. Les étudiants percevaient 660 euros par mois et au regard du nombre d'années où ils percevaient cette bourse, ils s'engageaient à travailler autant de temps sur le territoire. 

Mais une partie non négligeable des jeunes qui souscrivaient à ce dispositif de bourse préféraient rembourser que de s'installer sur le territoire. Aujourd'hui sur l'agglomération, on a 21 jeunes qui se sont installés et qui ont bénéficié de ce dispositif, mais 16 ont remboursé.

Pierre Gorcy, vice-président délégué à la Santé au sein de la communauté d'agglomération de Vésoul

Ce dispositif a progressivement été arrêté et remplacé par la prime d'aide à l'installation : "Ce sont les mêmes conditions, ils s'engagent à rester au moins cinq ans". Cette prime a été mise en place progressivement depuis 2021. Dans l'ensemble, ces dispositifs ont permis d'augmenter la présence de professionnels de santé sur le territoire. "Ces politiques mises en place ont permis de faire progresser le nombre de médecins généralistes de 6 % depuis 2017, le nombre de dentistes de 18 %, de masseurs kinésithérapeutes de 48 % et de 35 % pour les orthophonistes", énumère Pierre Gorcy. 

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