En novembre 2018, deux militants de l’association SOS Racisme lancent le projet "Salam Shalom Salut" : une quinzaine de jeunes Juifs et Arabes partent sur les routes de France, à la rencontre de leurs concitoyens.
Parmi ces jeunes, Dan, Marouane, Elsa et Zakarya. Ils ont tous entre 17 et 25 ans. Depuis une dizaine d’années, leur génération a été ciblée, fauchée, fracturée par les drames que la France a connus. Les attentats du 13 novembre, l’assassinat de Mireille Knoll : des drames qu’ils ont vécus de manière intime, différente, à travers leur prisme culturel. Nous les suivons à Nantes et en banlieue parisienne dans leurs rencontres où l'on aborde sans filtres tous les sujets qui fâchent ! Regardez la bande annonce : Au fil des jours et des rencontres, Dan et les autres doivent se confronter à des sujets arides, qui réveillent chez certains des souvenirs et/ou un présent difficiles : concurrence mémorielle, communautarisme, racisme, antisémitisme. C’est en en parlant qu’on déconstruit la méfiance et les tabous. Et aujourd’hui, c’est à leur tour d’en parler.
Trois questions à la réalisatrice Hanna Assouline
Pourquoi avoir choisi ce titre "À notre tour" ?
Ces jeunes ont fait un tour de France pour aller à la rencontre de leurs concitoyens partout. Ce titre y fait référence mais il veut surtout dire que c'est au tour de la jeunesse de reprendre une parole trop souvent confisquée. Entre les polémiques des plateaux télé et des réseaux sociaux et les assignations identitaires, ces jeunes ne veulent plus que l’on parle à leur place. Ils sont de cette génération méprisée et pourtant lumineuse qui veut aujourd'hui faire entendre sa voix.
C'est à leur tour de parler et d'agir !
Hanna AssoulineRéalisatrice
La parole et l’échange sont-ils les clefs pour changer les mentalités ?
Dans les situations les plus difficiles, face à la force des préjugés ou la violence de certains propos tenus, on peut se dire qu'il n'y avait plus vraiment d'espoir.... Et pourtant on constate dans ce film qu'un simple échange entre deux personnes, la possibilité de voir l'Autre, de l'écouter, d'entendre ses blessures, ses doutes... peut tout d’un coup ébranler toutes les certitudes.
Ce qui m'a le plus frappée pendant le tournage de ce film a été l'ampleur de la méconnaissance des uns et des autres. Ces jeunes nantais qui disent n’avoir jamais vu de juifs de leur vie, ni même savoir ce qu'est un juif. Mais aussi ces jeunes lycéens d'un établissement confessionnel juif de Seine-Saint-Denis qui racontent n’avoir jamais rien connu d’autre que le milieu communautaire. Ce film dresse ce constat glaçant tout en témoignant de la nécessité absolue de recréer du lien entre tous ces jeunes français.
Ce que j'en retiens c'est qu'il faut absolument maintenir ces liens, continuer de créer des ponts entre les gens et leurs histoires.
Ce film dresse un constat glaçant
Hanna AssoulineRéalisatrice
Quelles leçons retirez-vous de cette expérience ?
Ce que j'en retiens c'est qu'il faut absolument maintenir ces liens, continuer de créer des ponts entre les gens et leurs histoires.
J'ai énormément d'admiration pour tous ces acteurs de terrains qui avec le peu de moyens qu'ils ont et la tentation de baisser les bras parfois continuent à faire ce travail indispensable auprès des jeunes chaque jour. Ces éducateurs de quartiers, ces militants associatifs, ces profs... qui créent des espaces de dialogue et d'écoute, qui se battent pour trouver des aides, pour faire voyager leurs jeunes, monter des projets... Ce qu'ils font à leur échelle est bien plus grand que tous les discours.
Biographie de la réalisatrice Hanna Assouline
Après une licence en Histoire (Sociologie et Histoire de l’Afrique), elle fait un Master 1 à l’ESJ, et se spécialise dans l’audiovisuel. Elle a participé à différents projets au sein de la société de production Premières Lignes et a été enquêtrice pour l’émission Cash Investigation.
En 2017, elle a travaillé sur un Envoyé Spécial sur les attentats du 13 novembre. Elle a collaboré avec Georges-Marc Benhamou et Michael Prazan sur un projet de documentaire sur l’antisémitisme en France.
Elle est auteure et réalisatrice d’un documentaire sur un mouvement de femmes israéliennes et palestiniennes, Les Guerrières de la Paix, diffusé en mai 2019 sur PUBLIC SÉNAT et LCP, et récompensé par deux prix au FIGRA 2019 : Mention Spéciale du Jury et prix Anaïs Roger ESJ Lille.