Aujourd'hui, la chirurgie esthétique n'est plus un tabou, de plus en plus de jeunes passent sous le bistouri des chirurgiens. Ce documentaire retrace l'histoire de Suzanne Noël, première femme chirurgienne plastique de France. On y découvre son combat pour les droits des femmes et son ambition à rendre un visage humain aux gueules cassées de la guerre 14-18.
C'est à Laon, en 1878 que naît Suzanne Gros, au sein d'une famille bourgeoise.
Elle y est élevée dans la tradition bourgeoise d'une fin de 19 e siècle en pleine révolution industrielle. Elle quitte la cité picarde à 19 ans à l'occasion de son mariage avec Henri Pertat, un dermatologue parisien.
"On me disait deux fois folle"
La vie parisienne l'ennuie profondément, mais elle porte beaucoup d'intérêt au métier de son nouvel époux. Ce dernier, pensant qu'elle ferait un bon médecin, la pousse dans cette voie. Sa mère également, elle qui croyait si fort en la médecine, qui n'avait pourtant pas pu sauver le père de Suzanne de la tuberculose ou ses trois frères et sœurs d'une mort en bas âge.
Henri donne son autorisation - car il en fallait une à l'époque - pour étudier la médecine.
Autant dire qu'elle n'est pas la bienvenue dans ce monde exclusivement masculin, paternaliste et misogyne. Suzanne s'en moque et après avoir assisté à une opération réparatrice sur la joue d'une jeune femme gravement brûlée, elle arrête son choix sur cette spécialité. On la disait " deux fois folle".
Deux fois amoureuse
C'est justement à la faculté que le cœur de Suzanne chavire pour André Noël. Ils auront une fille adultérine, la petite Jacqueline. Elle quitte son mari puis s'installe seule, avec sa fille et se concentre sur ses études.
Ce n'est qu'en 1919, après la mort d'Henri - qu'elle respectait pour son soutien sans faille - sur le front belge que Suzanne épousera André. Leur fille Jacqueline, 13 ans, sera emportée en quelques heures par la grippe espagnole. Fou de chagrin, André se suicidera sous les yeux de Suzanne alors qu'ils sont en voiture : il ouvre la porte et se jette dans la Seine.
Une vie de sororité
Désormais seule, Suzanne consacre sa vie aux autres. En particulier aux femmes. L'une de ses premières patientes avant la guerre fut la comédienne Sarah Bernhardt. Lors d'une tournée aux États-Unis elle avait subit un lifting raté. Au culot, comme toujours, Suzanne force sa porte et la convainc de l'opérer. Avec succès.
Bien avant l'heure, Suzanne constate que les femmes ont une "date de péremption", qu'elles soient bourgeoises ou qu'elles soient simples vendeuses dans les "grands magasins" qui fleurissent, elle opère celles qui souffrent du temps qui passe.
Son combat passe également par le militantisme. Suzanne la douce, la discrète, manifeste pour le droit de vote des femmes en France.
C'est elle qui crée la section française des "soroptimist", un mouvement de femmes qui vient en aide aux femmes fondé en 1921 en Pennsylvanie.
Le Soroptimist International (SI) est un réseau mondial de femmes exerçant une activité professionnelle et aidant de leurs compétences les communautés locales, nationales et internationales en faveur des droits humains et du statut de la Femme. Premier club service féminin, le Soroptimist International est mondial. C’est un mouvement interprofessionnel, non politique et non confessionnel.
Suzanne Noël avait 100 ans d'avance... au moins ! Marie Benoist lui rend hommage dans ce documentaire qui interroge le présent bien plus que le passé. La chirurgie esthétique est-elle signe d'affirmation de soi ou de soumission aux autres ?
►"Suzanne, le bistouri et le féminisme" un documentaire à voir ce jeudi 23 mars à 23h40 sur france 3 Pays de la loire. Un film de Marie Benoist, co-production Bonobo Productions et France Télévisions
► À voir sur france.tv dans notre collection La France en Vrai
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