L’un est de gauche, l’autre de droite et ils ont plusieurs points communs. Tous les deux ont dirigé des départements, la Loire Atlantique et la Vendée et tous les 2 ont décidé de jeter l’éponge. Au départ, rien ne les prédestinait à faire carrière en politique.
Le socialiste de Philippe Grosvalet a été élu président en 2011, à la suite d'un autre socialiste, Patrick Mareschal, qui avait fait basculer à gauche le département de la Loire Atlantique. Yves Auvinet, divers droite, a lui succédé à Bruno Retailleau en Vendée.
Pas programmés pour faire carrière en politique
Tous les deux sont issus de milieux populaires et ont gravi les échelons de la politique locale avant d'être élus à la tête de leurs départements. Philippe Grosvalet était adjoint au maire de Saint-Nazaire et Yves Auvinet, maire de la Ferrière en Vendée. Tous les deux ont finalement décidé de ne pas se représenter aux élections des 20 et 27 juin prochains. Ils ne brigueront plus aucun mandat. Pour Philippe Grosvalet, "le choix de ne pas prolonger permet d'assurer le renouvellement". Yves Auvinet, lui estime "avoir consacré beaucoup de temps à ses concitoyens au détriment de sa famille". Tous les 2 ont donc décidé de s'occuper de leurs petits enfants.
La dernière année de leur mandat, ils l'ont vécu avec la crise du COVID, aux premières loges pour acheter des masques, des ordinateurs et lutter contre une précarité croissante."Le département a été incontournable" affirme Yves Auvinet, "il a aidé les communes". Selon Philippe Grosvalet, le COVID a même démontré que "le département était la bonne échelle, là ou l'Etat n'est plus en capacité d'agir".
Une demande sociale qui explose
La misère et la solidarité ont fait partie de leur quotidien. La politique sociale représente plus de 60% du budget d'un département. Protection de l'enfance, mineurs isolés, handicap, personnes âgées, revenu de solidarité active, au fil des décentralisations, le département est devenue la collectivité de référence. Mais la demande sociale explose littéralement, alors que l’argent de l’Etat se fait plus rare. "les coups de rabot successifs sur les finances publiques font que nous n'avons plus aucune marge financière", dénonce le socialiste Philippe Grosvalet. Il affirme même que c'est une remise en cause du principe de la décentralisation
Des affrontements avec l'Etat
L'Etat, ils l'ont parfois affronté. C'est le cas d'Yves Auvinet qui a bataillé, en vain, pour la réalisation de l'autoroute A 831, 64 km entre Fontenay le Comte et Rochefort. Mais pas question de traverser le marais poitevin. "Cet abandon, c'est une atteinte aux valeurs de la République" dit-il. Philippe Grosvalet lui a soutenu jusqu'au bout le projet d'un aéroport à Notre Dame des Landes et dénoncé son abandon. Il a d'ailleurs fait de la résistance pour restaurer et bitumer la route départementale qui traverse la zone. Mais il dit "avoir oeuvré pour réparer les dégats environnementaux et humains". Aujourd'hui, affirme t'il "on a retrouvé la paix".
Non, les départements ne vont pas disparaitre
Les départements ont été malmenés par la réforme territoriale, certains estiment même qu’ils devraient disparaitre. Et pourtant, selon Yves Auvinet, ils ne sont pas pas menacés."En fait, ils le sont depuis leur création en 1790", affirme Philippe Grosvalet et "s'ils sont toujours là, c'est bien parce qu'ils sont utiles".
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La question ultime, comme à chaque élection, c'est celle du rattachement de la Loire Atlantique à la Bretagne. "Il faut consulter les citoyens et que l'Etat organise un référendum" estime Philippe Grosvalet. "La loire Atlantique est tellement désirée qu'elle pourrait faire une région à elle toute seule" conclut-il, goguenard, repris par Yves Auvinet:"Il en est de même pour la Vendée".