Elle s'appelait Louise Pikovsky, avait 16 ans, pensait que l'avenir lui appartenait. Mais en janvier 1944, elle est déportée et gazée à Auschwitz. En 2010, une correspondance entretenue avec une de ses professeurs est retrouvée au fond d'un placard. Elle est à l'origine de cette bande dessinée...
"Si je reviens un jour... " : ces mots sont les derniers écrits par Louise Pikovsky, une jeune Parisienne juive de 16 ans, qui sera, avec sa famille, arrêtée, déportée et gazée à Auschwitz au début de l'année 1944.C'est aujourd'hui le titre d'une bande dessinée qui raconte son histoire. Ces mots, terribles, nous accompagnent tout au long de la lecture. Et si elle était revenue, si elle avait pu reprendre le cours de sa vie, continuer de correspondre avec cette professeur, Mme Malingrey, qui l'avait prise sous son épaule, et si elle avait pu retrouver son école où elle était reconnue comme une très bonne élève. Et si, et si, et si...
Malheureusement, Louise Pikovsky n'est jamais revenue. Ses lettres, soigneusement rangées dans un placard du lycée Jean de la Fontaine à Paris, ressurgissent en 2010 à la faveur d'un déménagement au sein de l'établissement. C'est là que Stéphanie Trouillard intervient.
"Lorsque le web documentaire est sorti, j'ai eu plusieurs propositions d'éditeurs pour en faire un livre. Mais un livre, c'est un peu la même chose que le web documentaire, c'est écrit. J'ai donc pensé qu'il serait bien de le présenter sous une autre forme. J'aime la bande dessinée, je sais que les enseignants s'appuient beaucoup sur elle pour enseigner l'histoire, et c'est un médium qui permet de toucher un autre public, j'ai donc contacté l'éditeur Des Ronds dans l'O qui m'a mis en contact avec le dessinateur Thibaut Lambert".
Un scénario bien évidemment fidèle à l'histoire et un dessin plutôt simple, loin des traits noirs, plus agressifs, que certains ont pu adopter pour évoquer la Shoah : "Louise était une personne assez lumineuse, je voulais donc quelque chose d'assez coloré, et qui soit accessible par le plus gand nombre, notamment les plus jeunes. Apparemment, selon les retours que j'ai aujourd'hui, les enfants qui s'intéressent à cette histoire ne sont pas rebutés par le dessin. Et j'en suis heureuse, c'était l'objectif".
Alors bien sûr, l'histoire de Louise n'est pas unique, pas même celle de ces lettres retrouvées des décennies plus tard, mais elle est comme toutes les autres, chargée d'émotion et d'enseignement.
Chaque témoignage de cette époque,de la Shoah, des camps de la mort... est une pierre à l'édifice de la mémoire collective.
"Bien sur, il y a Anne Frank mais c'était un journal intime, pas des lettres. Et puis, l'idée était de proposer aux élèves français une histoire qui se déroule dans leur pays, l'histoire d'une Française, avec ce lien particulier entre la professeur et Louise. 75 ans après, on peut encore honorer la mémoire de cette jeune fille. Elle est une porte d'entrée pour expliquer ce qu'il s'est passé à cette époque-là".
"Louise est extrêmement présente dans ma vie depuis des années, elle fait partie de ma famille, elle m'a permis de rencontrer énormément de personnes et d'acquérir tout un tas de connaissances sur ce sujet. Et j'en apprends toujours plus à chaque rencontre, avec des rescapés, leur famille... Mes amis me demandent souvent si j'e n'en ai pas assez de parler de sujets aussi difficiles, mais moi au contraire ça me donne beaucoup d'énergie. Les rescapés que je rencontre ont aussi beaucoup d'énergie et tout ça permet de relativiser sur nos petits problèmes même en ces moments de confinement. Ça permet aussi de tirer des enseignements sur ce qu'il s'est passé et de lutter contre l'antisémétisme, le racisme, les idées nauséabondes qui perdurent encore aujourd'hui".
Sorti juste avant le confinement, l'album est bien évidemment toujours disponible en librairie. Le documentaire et le web documentaire sont eux-aussi toujours disponibles sur le site de France 24 ici
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