Devant la cour d'assises de la Sarthe, la mère de Marina se dit victime de son mari et minimise son rôle.
"J'ai réalisé l'horreur de ce que j'ai fait, de ce que j'ai laissé faire".
La mère de Marina, morte en 2009 à l'âge de 8 ans après six années de maltraitance, s'est présentée devant les assises de la Sarthe comme une victime, minimisant son rôle dans les sévices subis par sa fille.
Dans son box, la tête basse et sanglotant la majeure partie du temps, Virgine Darras, 33 ans, a affirmé devant la cour mardi: "J'ai réalisé l'horreur de ce que j'ai fait, de ce que j'ai laissé faire".
Mais c'est une maman "restée de marbre" qui avait évoqué en 2010 lors de l'enquête socio-judiciaire la dernière journée de maltraitance de la fillette.
Virginie Darras, qui multipliait les amants selon les témoignages, s'est surtout présentée lors de cette enquête, comme auprès de l'expert psychiatre, en victime de son mari.
Un portrait loin de celui brossé par sa famille dont une de ses soeurs, Vanessa, qui explique qu'Eric Sabatier "s'écrasait devant ma soeur".
Tension et violence au sein du couple
"On se disputait, ça finissait mal, il me mettait des giffles, il m'attrapait à la gorge", affirme Virginie Darras. Puis de continuer: "Au fil des années j'ai appris à me défendre, ça m'est arrivé aussi de lui mettre des coups".
- "C'était des violences réciproques alors ?", interroge le président de la cour d'assises, Denis Roucou.
- "A la fin oui", concède l'accusée qui explique que le couple buvait tous les soirs, deux à trois verres de whisky au moins, et "des bonnes doses".
Mais Eric Sabatier affirme lui que la violence venait de son épouse. "De mémoire si je lui ai mis trois claques en 12 ans de vie commune c'est tout ce qu'il y a eu", affirme-t-il.
Et d'expliquer: "J'ai voulu empêcher qu'elle casse tout dans la maison, c'était une tornade, incontrôlable (...)". "Elle peut avoir un visage super gentil, agréable, mais quand elle pétait un plomb c'était invivable", affirme le mari.
Accusations de viol
Virgine Darras a aussi affirmé avoir été violée "à deux ou trois reprises" par son mari. Selon les déclarations du mari il s'agissait de "pratiques en dessous du sado-maso, mais pas de viol", relève le président.
Eric Sabatier et elle vont alors avoir un échange tendu. "On avait des rapports torrides, consentis", affirme le mari. "Pourquoi tu dis que je t'ai violée ? On a cinq enfants, je ne pense qu'à eux, ils vont grandir en pensant que leur père était un monstre, et qu'en plus il t'a violée".
Et elle de répliquer, déstabilisée: "Moi tout ce que je peux dire c'est que tu es un menteur".
Virginie Darras, dans ses déclarations à l'expert psychiatre, a aussi minimisé son rôle dans les maltraitances de Marina avant sa mort: elle aurait tenté de contenir la violence de son mari et ne reconnaît que "des claques" à sa fille ce jour-là.
Le corps dans une caisse remplie de béton
Selon elle son mari est "l'instigateur de ce qui s'est passé, elle-même était impuissante et apeurée", a expliqué l'expert.
L'enquête a démontré qu'avant de mourir dénudée au sous-sol de la maison familiale à Ecommoy (Sarthe) dans une nuit d'août 2009, Marina a eu notamment la tête plongéedans l'eau, pris un bain glacé et reçu une gifle si forte que sa tête a cassé le rebord de la baignoire. Sa mère lui avait en outre fait ingurgiter du vinaigre accompagné de gros sel.
Le corps, enroulé dans un drap et enfermé dans 10 sacs poubelles, a été retrouvé le 11 septembre 2009 caché dans un local technique dans une caisse en plastique scellée et remplie de béton.
Une caisse qui trône toujours dans la salle d'assises.
Eric Sabatier et Virginie Darras, âgés de 40 et 33 ans et en procédure de divorce, sont accusés d'actes de tortures et de barbarie sur mineure de moins de 15 ans ayant entraîné la mort. Ils encourent la réclusion à perpétuité.