Claude Guéant, le ministre de l'Intérieur, avait demandé sa dissolution le 23 janvier
Le groupuscule islamiste Forsane Alizza a été "dissous" sur proposition du ministre de l'Intérieur Claude Guéant qui l'a accusé de former ses militants à la lutte armée, a annoncé mercredi le Conseil des ministres.
Ce groupuscule à la marge, adepte de l'agitprop et du web, dont le ministre avait demandé la dissolution le 23 janvier, menait des actions épisodiques, notamment contre la loi sur le voile intégral, destinées à être filmées et diffusées sur le net.
Si ses membres continuaient leurs activités, ils commettraient le délit de "participation au maintien ou à la reconstitution ouverte ou déguisée d'un groupement dissous en application de la loi du 10 janvier 1936", passible de trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende.
Le ministère avait demandé la dissolution de ce groupuscule en même temps que l'expulsion de l'imam tunisien Mohammed Hammami accusé d'avoir tenu des propos
"antisémites".
"C'est un amalgame désagréable", a estimé mercredi son avocat Me Salah Djemaï selon lequel l'imam devait quitter en "cours de journée" l'hôpital où il a été admis une nouvelle fois lundi.
L'imam a été hospitalisé pendant sept jours début février pour une paralysie faciale.
Selon Me Djemaï, les accusations du ministère ont provoqué chez lui un choc psychologique et physique.
Le premier "coup d'éclat" de Forsane Alizza ("Les cavaliers de la fierté"), remonte à juin 2010, quand une dizaine de ses membres avaient appelé à boycotter un McDonald's de Limoges, enseigne qu'ils accusaient d'être au service d'Israël.
Fin janvier, Claude Guéant demandait la dissolution du groupe, jugeant "insupportable que dans notre pays un groupement forme des personnes à la lutte armée".
Mohammed Achamlane, le porte-parole de Forsane Alizza qui vit en Loire-Atlantique, avait alors démenti toute dimension violente de son mouvement, jugeant que les propos du ministre relevaient de "la pure calomnie" et "de la diffamation".
Fondé en 2010, Forsane Alizza animait un site internet sur lequel il diffusait régulièrement des vidéos. Selon des sources policières place Beauvau, ses militants sont "une centaine, peut-être un peu moins". Mohammed Achamlane en revendique "plusieurs centaines".
Ses membres ont fait parler d'eux à plusieurs reprises.
Son action contre McDonald's avait valu une peine de prison avec sursis à Mohammed
Achamlane, qui se fait appeler Abou Hamza, reconnu coupable d'avoir relayé la scène dans des vidéos sur le net.
Il avait également été condamné pour avoir appelé à brûler le code pénal dont "pas une ligne ne protège les musulmans". Il n'avait pas assisté à l'audience, la quittant avant le début aux cris d'"Allah Akbar".
Il y a quelques mois, le groupuscule avait prétendu avoir brûlé un exemplaire du Code pénal à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) pour protester contre la loi sur le voile intégral.
Enfin, sur son site, le groupuscule affirmait : "Notre organisation prend de l'ampleur et nous avons besoin de main d'oeuvre fissabililah (ndlr: "sur le chemin d'Allah").
Nous recherchons toutes sortes de compétences mais surtout des soldats!", pouvait-on lire. "Donc si vous appréciez les sports de combat et êtes capables d'intervenir rapidement lorsque l'on vous sollicitera, alors votre profil nous correspond, inchaalah (ndlr: si Dieu le veut)".
Le terme "soldat" n'avait dans ce contexte aucune dimension militaire, avait alors expliqué Mohammed Achamlane à l'AFP.
Mais le porte-parole n'excluait pas d'appeler à la lutte armée "si l'islamophobie s'intensifiait" en France.