"À chaque sanglier prélevé, on paie 40 euros". Trop de sangliers en Bretagne, comment les chasseurs régulent leur population ?

Ces dernières années, les dégâts liés aux sangliers sont nombreux en Bretagne surtout dans les cultures, les prairies et parfois même les jardins. Ces animaux sauvages sont aujourd'hui considérés comme des nuisibles. En Bretagne, 20 000 sangliers ont été tués l'an passé, mais ce n'est pas suffisant pour contenir les dégâts. Alors, toute la question est de savoir comment les chasseurs peuvent réguler leur population.

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Si au début des années 1970, on l'apercevait rarement en Bretagne. Ces derniers temps, il fait beaucoup parler de lui. En 50 ans sa population a été multipliée par 20 dans l’hexagone. Du statut d’animal sauvage qui fascine, il est désormais passé à une espèce nuisible en raison des dégâts qu’il provoque. Alors, comment réguler le sanglier ?

En forêt de la Corbière près de Rennes, une quarantaine de fusils se sont donnés rendez-vous pour chasser le sanglier. La chasse qui reste le principal levier pour réguler les populations de sangliers, en raison de la disparition de ses prédateurs naturels : le loup et le lynx. 

"Il connaît des zones de refuge"

Et, parole de chasseurs, l’animal n’est pas une proie facile : "Il sait se réfugier là où il y a des habitations, par exemple. Il sait qu'il va être tranquille. Il connaît des zones de refuge où il sait qu'il ne sera pas dérangé, sur le bord des 4 voies par exemple", explique Marcel Pincet, chasseur. "Le sanglier, il faut être réactif quand vous êtes en présence de ces animaux parce que c'est un nomade. Aujourd'hui, il est là, demain il peut être à 2 ou 3 kilomètres", ajoute André Douard, le président de la Fédération Régionale de Bretagne.

Les chasseurs paient pour chasser le sanglier 

Des sangliers qui ne se limitent plus aux châtaignes et aux glands. Désormais, ils s’attaquent aux cultures, surtout le maïs, en grains ou sur pied et les premières victimes, ce sont les agriculteurs : "Aujourd'hui, nous, en déclaration, on a 1,5 hectare de dégâts de maïs sur une parcelle qui fait 2,7 hectares. C'est à dire que ça touche notre revenu. Ce sont des pertes sèches", témoigne Joël Lejas, agriculteur à Châteaubourg.

Des agriculteurs chez qui la grogne monte. Pour exemple, dans toutes les communes du Finistère, le piégeage des sangliers vient d’être autorisé par le préfet, pour lutter contre leur prolifération et les accidents de la route.

Du côté des chasseurs, l’équation n’est pas simple non plus. Pour eux, c’est avant tout un loisir et un sport, pas un métier et ils paient pour le pratiquer : "C'est un coût quand même de tuer un sanglier parce que c'est un bracelet qui coûte 40 euros donc à chaque sanglier prélevé, on paie 40 euros à la Fédération pour payer les fameux dégâts des agriculteurs", explique Thierry Gilbert, chasseur et conducteur de chiens de sang.

Indemnités aux agriculteurs qui explosent

En Ille-et-Vilaine, ces indemnités auprès des agriculteurs sont passées de 70 000 euros il y a 20 ans à 800 000 euros aujourd’hui. De quoi inquiéter la fédération qui souhaiterait harmoniser les pratiques de chasses pour être plus efficaces. "Ici, on est sur des territoires à la fois privés, communaux et qui appartiennent à une collectivité. Donc, si chacun exerce une pression régulière sur l'animal, le chasse régulièrement, ça va perturber les animaux. L'autre solution, ce serait de temps en temps que tous chassent en même temps, le même jour, sur le même territoire. Cela permettrait un plus gros prélèvement", conclut André Douard, président de la Fédération Régionale de Bretagne.

Climat favorable à sa reproduction, garde-manger bien rempli, abris ou comptage approximatif, la Bretagne réunit toutes les conditions favorables à la reproduction rapide du sanglier. Mais ces derniers temps, la cohabitation entre le sauvage et l’humain semble de plus en plus difficile et sa régulation indispensable pour beaucoup. Mais la solution ne semble pas qu’a portée de fusil. 

 (Avec Gilles Raoult) 

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