Comment concilier agriculture et dérèglement climatique ? À Angliers, un couple d’agriculteurs s’est lancé il y a cinq ans dans l’agroécologie. Les inondations répétitives sur leur parcelle les ont poussés à adopter de nouvelles stratégies. Ils travaillent désormais sur des cultures plus résistantes à l’eau et ont mis au point des méthodes de conservation de leurs fruits et légumes.
Marie et Hugues récoltent leurs derniers légumes de l’année. Ces betteraves imposantes poussent sur un sol qui grouille de vie. Le couple est spécialisé en agroécologie. En 2019, après des carrières dans l’agroalimentaire et l’informatique, Marie et Hugues rachètent cette parcelle d’un hectare.
Mais très vite, les inondations se multiplient. En cinq ans, le terrain est sous l’eau à quatre reprises. Pourtant, la parcelle n’avait pas connu d’inondations depuis deux décennies. Aujourd’hui, les nappes phréatiques débordent à chaque hiver, les obligeants à ramasser à l'aide d'une barque leurs légumes. Une solution d'urgence pour ne pas perdre leur récolte.
Repenser sa façon de cultiver
"En 2023, on a perdu entre 10 000 et 15 000 euros. On avait de l’eau sur les terrains pendant six mois de novembre à mars, donc on ne savait pas si on allait reprendre notre activité, on a pu replanter en avril. L’idée était de se laisser un peu de temps pour retrouver un nouveau terrain, donc on a planté nos légumes pour avoir une récolte jusqu’au mois d’octobre", explique Marie Charti.
À l’avenir, on va être confronté à des problèmes climatiques donc nous sommes obligés de nous adapter.
Marie ChartiMaraîchère
Alors, les professionnels ont décidé de repenser sa manière de travailler en optant pour la technique du maraîchage sur sol vivant : "Sans labour, sans tracteur, le sol se nourrit des matières organiques. Par exemple, la terre est remplie de vers de terre et ces animaux peuvent absorber 160 millimètres de pluie en une heure. Ils apportent aussi de l’azote. C’est pour cela qu’on a des betteraves de cette taille par exemple", montre Hugues Charti.
Coulis de tomates, velouté de courgettes et ratatouille maison
Alors le couple multiplie la plantation de légumes de conservation pendant six mois au lieu d’un an. Une initiative payante : cette année, ils ont récolté près de six tonnes de légumes, un record depuis leur installation.
Leur nouvelle stratégie leur permet de proposer leur production sous d’autres formes également : "Maintenant, on fait de la transformation avec nos tomates : ratatouille, gaspacho, coulis de tomates."
Une nouvelle formule qui séduit aussi leur clientèle. Pour les fêtes, ils ont préparé de nombreux paniers gourmands avec des veloutés de courgette ou encore des ratatouilles maison. "Nos clients nous disent retrouver le vrai goût de la ratatouille par exemple", confie heureuse Marie Charti.
Satisfaits de leur expérience, Marie et Hugues Charti sont maintenant à la recherche d’un nouveau terrain pour réaliser un verger.