"Leur surpopulation nous préoccupe et nous coûte de l'argent", quand le sanglier devient un vrai problème de société

Sa prolifération est devenue au fil des années de plus en plus problématique. Trop nombreux, responsables de gros dégâts dans les cultures, en divagation sur les routes, les sangliers sont devenus un gibier malveillant que certain voudraient voir éliminer. Les chasseurs tentent de réguler tant bien que mal leur nombre.

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L'accident de ce dimanche 15 septembre n'a heureusement fait que deux blessés légers : deux des trois occupants d'une voiture ayant percuté un fourgon de la Direction interdépartementale des routes ouest (Diro) sur la RN 12 au nord de Rennes. Un fourgon présent sur le bord de la quatre voies pour prévenir de la présence de sangliers sur la chaussée.

La divagation sur les axes de circulation de ces animaux sauvages n'est malheureusement plus si rare, les sangliers seuls ou en harde le plus souvent, n'hésitant plus à traverser les routes pour se rendre d'un champ à l'autre.

Une situation qui semble sortir de l'ordinaire, mais qui se banalise de plus en plus dans tout l'Hexagone. Et la Bretagne n'est pas en reste.

Il n'y a pas une journée où on ne me parle pas des sangliers.

André Douard

président Bretagne de la Fédération régionale des chasseurs

À l'origine de ces animaux sur les routes, une surpopulation de sangliers. "Il n'y a pas une journée où on ne me parle pas des sangliers. Leur prolifération nous occupe beaucoup sur le terrain. Elle tend les relations entre les chasseurs et les agriculteurs, détériore les relations sociales. Sans parler du fait qu'elle nous coûte énormément d'argent" explique André Douard, le président Bretagne de la Fédération régionale des chasseurs.

Une prolifération constante depuis les années 2000

Pour expliquer cette prolifération de sangliers, André Douard évoque des conditions favorables dues au changement climatique. Les hivers étant moins rigoureux au fil des ans, les portées des laies [la femelle du sanglier, ndlr] supportent mieux les conditions météo "alors qu'avant, il y avait une partie de la portée qui ne survivait pas à ces conditions climatiques difficiles. Dorénavant, la quasi-totalité des marcassins survit". De plus, les laies ont des portées plus nombreuses et se reproduisent plus jeunes, "avant, elles avaient leurs premiers petits lorsqu'elles pesaient une cinquantaine de kilos, maintenant, on en voit régulièrement pleines alors qu'elles sont très jeunes et ne font que 30 kilos".

Moins de chasseurs mais de plus en plus de sangliers abattus

Autres éléments à prendre en compte selon le président régional de la Fédération des chasseurs : le profil historique des chasseurs bretons et leur nombre. À l'origine, en Bretagne, les chasseurs ciblaient principalement le petit gibier, comme les lapins et peu le gros gibier dont fait partie le sanglier. Mais le petit gibier se faisant de plus en plus rare et le gros gibier de plus en plus présent, une partie des chasseurs a dû s'adapter, "du moins pour ceux qui sont encore chasseurs car nous sommes en baisse constante d'effectif d'année en année". Ainsi, ils ne sont plus que 37 600 à détenir un permis de chasse en Bretagne.

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Pour autant, le nombre de sangliers abattus ne cesse de croitre : plus de 20 000 sur la saison 2023-2024 contre 16 000 environ sur la saison 2022-2023, soit une hausse de 30% environ.

Pour arriver à ces chiffres en augmentation, les préfectures n'ont pas d'autres choix que de permettre aux chasseurs de tirer ces animaux quasiment toute l'année : "avec toutes les dérogations préfectorales, pour que l'on agisse dans un cadre légal, on se retrouve à pouvoir et devoir abattre des sangliers 365 jours sur 365, pratiquement" explique André Douard.

Des dégâts dans les cultures

La transformation des milieux, des biotopes de nos campagnes et des cultures, dont certaines, ces dernières décennies sont devenues intensives, a également joué sur l'augmentation du nombre de sangliers. Des cultures sont particulièrement appréciées par les sangliers comme celle du maïs, véritable friandise pour ce gibier. De la nourriture qui attirent ces animaux hors de leur habitat naturel que sont les bois et les forêts. "En Ille-et-Vilaine, on se rend compte que la plupart des dégâts provoqués dans les champs, sont dans un périmètre de 500 mètres à 1 km de bois" précise André Douard.

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Une facture bien lourde pour les fédérations départementales

Et les dégâts provoqués dans les cultures par les hardes de sangliers sont légion. Des champs littéralement retournés parfois que les fédérations de chasseurs se doivent légalement de dédommager. Mais, ces indemnisations qui vont de quelques euros à plusieurs milliers, grèvent à force les trésoreries des fédérations départementales : "moi qui suis aussi vice-président de la Fédération nationale des chasseurs, je peux vous dire que si rien n'est fait, dans deux ans, une quinzaine de fédérations départementales seront en banqueroute. En Bretagne, même si nous sommes de plus en plus impactés, nous n'en sommes pas à ce point".

Sur la campagne 2022-2023, les fédérations départementales de chasseurs de Bretagne avaient indemnisé pour près de 1.670.000 € (467 000 € pour les Côtes-d'Armor, 301.000 € pour le Finistère, 503.000 € pour l'Ille-et-Vilaine et 399.000 € pour le Morbihan).

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Les dégâts dans les cultures créent régulièrement des tensions entre chasseurs et agriculteurs, qui n'en peuvent plus de retrouver leurs champs retournés alors que parfois, ils viennent juste de les semer.

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De même, suite à leur prolifération, il ne devient plus rare de voir des sangliers aux abords des villes

La prolifération des sangliers n'est pas prête d'être résolue même si collectivités locales et préfectorales cherchent à faciliter la tâche des chasseurs pour réguler ces populations animales.

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