"On ne pourra pas continuer longtemps comme ça" : la prise en charge des dégâts des sangliers pèse sur les chasseurs

Le département du Lot a bien du mal à indemniser les agriculteurs suite aux dégâts des sangliers : 800.000€ à verser. D'autant plus que le nombre de chasseurs régresse tous les ans. La question de la sécurité et de la prévention est aussi au cœur des préoccupations, particulièrement depuis la mort de Morgan Keane. Le point avec le président de la fédération locale.

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Le week-end dernier, c'était l'ouverture de la chasse. En fait, dans certains départements comme le Lot, elle ne s'est pas vraiment arrêtée pour le grand gibier. Indemnisations des dégâts causés par les sangliers, prévention et sécurité, baisse du nombre de permis, nous avons interrogé Michel Bouscary, le président de la fédération des chasseurs du Lot.

800 000 € de dégâts causés par les sangliers

C'était le montant habituel des dégâts dans le Lot. Un chiffre qui a fait monter le ton entre chasseurs et agriculteurs. Les sangliers prolifèrent et c'est la fédération qui doit indemniser les agriculteurs qui voient leurs récoltes détruites. Dans d'autres pays européens, c'est l'État qui paie la facture, mais pas en France. Dans le Lot, il était également questions de payer des clôtures aux agriculteurs. À charge pour eux de les installer. 

Michel Bouscary. C’est notre principale préoccupation. Les fédérations ont à charge d’indemniser tous les dégâts causés par le grand gibier chez les exploitants agricoles. Il nous en a coûté 800.000 euros il y a deux ans. Pour un petit département comme nous, on ne pourra pas le supporter très longtemps. Dans certains départements de l’est de la France, ils sont à plus de 5 M€."

Tant et si bien que désormais, il existe des dérogations à la fermeture de la chasse pour "éliminer" et pas chasser (sic) les sangliers près des cultures hors périodes de chasse.

Michel Bouscary. "Au niveau du Lot, on a chassé du premier juin 2023 au 31 mars 2024. On a eu les mois d’avril et de mai en dérogation. Donc, on a chassé 365 jours dans l’année. Avec des résultats. Nous sommes passés de 4900 sangliers prélevés il y a trois ans à 6200. L’an dernier, c'était quasiment 11000. Ce n’est pas pour autant que nous avons résolu le problème. Il faudra être aussi performant cette année pour essayer d’enrailler ces populations."

Dans les campagnes, les broussailles gagnent sur les cultures et favorisent la prolifération. De même, le réchauffement climatique fait qu'il n'y a plus d'hiver aussi rigoureux qu'avant. Les portées de 7 ou 8 sangliers ne sont plus décimées de moitié, comme souvent il y a encore une vingtaine d'années.

Sécurité et prévention

Le 2 décembre 2020, un jeune de 25 ans (Morgan Keane) a trouvé la mort chez lui, tué par une balle d'un chasseur alors qu’il était en train de couper du bois. Un drame qui a endeuillé tout un département. Le 9 août 2024, le tribunal correctionnel de Cahors a condamné solidairement le chasseur et le directeur de la battue à payer des indemnités à la famille de Morgan Keane : 69.210 €.

Dans le Lot comme ailleurs, la sécurité et la prévention font partie des problématiques du moment. 

Michel Bouscary. "On ne peut pas imaginer chasser sans sécurité. Depuis plus de 20 ans, dans le Lot, on forme nos directeurs de battues pour encadrer nos chasses collectives. On ne les laisse pas seuls. On leur explique comment encadrer les gens, quels sont les axes de sécurité. On sensibilise tous les chasseurs avec un chef qui soit digne d’être chef."

Comme dans l'affaire Morgan Keane, les directeurs de battues sont aussi responsables des accidents. La loi prévoit également que tous les chasseurs doivent suivre une formation d'une demi-journée d'ici 10 ans. Le Lot est en avance sur le calendrier.

Michel Bouscary. "Autrefois, quand on passait le permis, on allait en mairie et on le retirait sans avoir ni examen, ni formation. Dans le Lot, nous n’avons pas attendu les 10 ans. On s’est donné comme objectif de former les ¾ des chasseurs d’ici la fin de la saison. S’ils ne font pas leur formation, dans 10 ans, ils ne pourront plus prendre leur permis."

200 permis en moins par an

Vieillissement de la population, moins de vocations, plus d'encadrement, le nombre de chasseurs baisse.

Michel Bouscary. "Nous perdons 200 permis par an. On était autour des 6000 l’an dernier. Cette année, nous avons un petit regain (+ 100 permis par rapport à l’an dernier à la même époque). Mais la baisse sera là. C’est notre gros problème. Les permis sont notre seule rentrée d’argent avec les cotisations des structures de chasse."

Une donnée qu'il faut rapprocher de celle de la population de sangliers et des dégâts occasionnés. "On ne pourra pas continuer longtemps comme ça."

Pour Laurent Burgoa, sénateur LR du Gard, c’est à l’État de payer les dégâts des sangliers. Il vient de déposer une proposition de loi pour modifier le système d’indemnisation des dégâts causés aux agriculteurs par les sangliers. Reste à savoir ce qu'en penseront les députés et le nouveau gouvernement. 

(Propos recueillis par Paul-Etienne Zahn)

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