L'eau qui stagne dans ce marais inquiète les éleveurs : "je ne vais quand même pas emmener mes vaches brouter ailleurs"

En cette fin mai 2024, les vaches de Denis Leretrait devraient pâturer tranquillement. Mais les prés ressemblent à un grand lac. Ce printemps, le niveau d’eau n’a pas baissé dans le marais de Châteauneuf-d'Ille-et-Vilaine. Est-ce la faute de la météo ou celle des vannes restées fermées ? Les avis divergent.

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Denis Leretrait fait un pas, puis deux dans sa prairie. Ses bottes s’enfoncent dans 10 à 15 centimètres d’eau. Un floc-floc qui inquiète l’éleveur.

"Normalement, explique-t-il, l’eau doit s’évacuer à la fin mars, mais là, elle stagne dans les parcelles. On savait que marais était une zone très humide, mais on arrivait à gérer nos pâturages à peu près correctement. Mon exploitation est à 30 mètres des marais, si je ne peux pas amener mes bêtes pâturer autour, mon exploitation va mal finir."

Des prairies sous l'eau

Sur ces 90 hectares de sa ferme, 30 hectares sont dans le marais. Il perd 2.000 à 2.500 euros par hectare. "2.000 fois 30, ça fait une jolie somme" maugrée-t-il.  

Ces derniers temps, comme ses vaches ne peuvent pas aller brouter l’herbe des prairies, il est obligé d’acheter du fourrage pour les nourrir. "Je ne vais pas mettre mes vaches dans une bétaillère pour les emmener manger ailleurs" s’interroge Denis Leretrait.

Une dizaine d’agriculteurs sont impactés par cette eau qui stagne dans le marais. "Si l’eau reste comme cela, ce sont des terres que l’on ne pourra plus exploiter" s’inquiètent-ils. Car l’herbe disparaît petit à petit pour laisser la place au jonc, au chanvre d’eau. "On veut que l’eau parte" martèlent les éleveurs.

La pluie seule responsable ? 

Les agriculteurs accusent la fédération de chasse d’être responsable de la situation. À quelques kilomètres, cette dernière gère un site de vannage. L’hiver, les vannes sont fermées pour garder de l’eau dans les marais et permettre ainsi aux canards et aux oiseaux de se poser et de nicher tranquillement.

Les chasseurs ont signé une convention et se sont engagés à ouvrir les vannes le 1er avril pour laisser l'eau retourner à la mer. "C’est ce qu’on a fait" assure  Pierre Le Moing, le directeur de la fédération des chasseurs d’Ille-et-Vilaine. Pour lui, seule la météo est responsable de la situation.  "Nous sommes dans une année exceptionnelle en termes de pluviométrie :  plus 20% de pluie sur les 30 derniers jours pour cette localité. Malheureusement on ne peut pas faire plus."

À LIRE : Intempéries. "On a eu jusqu'à 30 cm d'eau dans la maison" : en Ille-et-Vilaine, un couple d'habitants victime de deux coulées de boue successives

Vers un règlement de l'eau ?

La sous-préfecture de Saint-Malo a proposé la création d’un règlement de l’eau. "On doit travailler tous ensemble, il y a un monde économique agricole qui doit travailler et qui doit travailler normalement, argumente Charles Tézé, président de l’association des digues et marais. Retarder ces niveaux d’eau trop haut pénalise le monde agricole. Je pense qu’aujourd’hui, on pourrait trouver un niveau d’eau respectable et on espère que le règlement de l’eau apportera des solutions."

Une réunion à la sous-préfecture a lieu ce 27 mai 2024 pour tenter de trouver de nouvelles solutions au problème.  

(Avec Antoine Clochet)

 

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