"La tête placée sous l'eau dans une petite mare", les violences contre des militants anti-chasse à courre en appel

Cinq chasseurs à courre avaient été condamnés en août 2019, à des peines de 6 à 10 mois de prison avec sursis et des interdictions temporaires de chasse. Ils étaient poursuivis pour violences aggravées en réunion, à l’encontre de deux militants de l’association Abolissons la Vénerie (Ava). Leur procès en appel se tient ce mardi 10 septembre 2024 à Rennes.

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Le 2 février 2019, une chasse à courre se tient en forêt de Brocéliande, perturbée par des militants anti-chasse. Membres de l'association "Abolissons la Vénerie" (AVA), ils veulent dénoncer cette pratique. Deux d'entre eux vont être pris à partie par des "suiveurs", c’est-à-dire des participants à la chasse, qui ne sont pas armés.

À Lire sur le sujet : Prison avec sursis pour cinq chasseurs à courre après des violences envers des militants anti-chasse

"Des violences évidentes" selon le parquet en première instance

Le parquet expliquait en première instance que les militants "étaient en train de filmer la chasse", quand "ils ont été l'objet de violences évidentes". Les suiveurs tentent en effet de leur voler leurs caméras. Claire, une militante a eu à plusieurs reprises "la tête placée sous l'eau dans une petite mare", tandis que Christophe, venu à son secours, a eu plusieurs fois, lui aussi, "le cou serré", indiquait encore le parquet.

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Christophe Rialland, membre du collectif "Abolissons la Vènerie Aujourd'hui" ©Antoine Calvez - Carine Mrdrelle - France Télévisions

Rien ne peut justifier ce qu'ils ont fait c'est inexcusable !

Claire

l'une des victimes

La jeune femme a eu une interruption temporaire de travail de 30 jours, de 15 jours pour son compagnon. Elle raconte aujourd'hui, avoir été rouée de coups : "J'avais des hématomes de la tête aux pieds. Les quinze jours qui ont suivi l'agression, j'étais endolorie, j'avais mal partout, se souvient-elle. Alors, quand j'entends de la part des chasseurs que leurs peines étaient excessives, et que je vois le retentissement pour moi psychologiquement et physiquement, l'état dans lequel j'étais le mois qui a suivi, ça me fait du mal !" 

Des peines de 6 à 10 mois de prison avec sursis et des interdictions de chasse

Au mois de juillet 2019, les cinq chasseurs sont condamnés à des peines qui vont s'échelonner entre 6 à 10 mois de prison avec sursis. Lors de l'audience, le procureur avait répété que "ce n'était pas le procès de la chasse à courre, mais celui de violences graves". L'un d'eux, considéré comme principal responsable des violences, est condamné à 10 mois avec sursis ainsi qu'une interdiction d'un an de pratiquer la chasse, alors qu'il est salarié du Rallye de Bretagne.

À Lire sur le sujet : Rennes : cinq chasseurs à courre au tribunal pour violences aggravées

Une injustice selon les chasseurs

Si à l'issue du procès, les militants anti-chasse se déclaraient satisfaits des condamnations, et de la reconnaissance de la culpabilité des mis en cause, du côté des chasseurs, il s'agissait clairement "d'une injustice. "Les circonstances antérieures n'ont pas du tout été prises en compte, on a eu la visite de nos opposants pendant plus de 30 chasses. Il y a eu des bousculades, mais pas plus" déclarait ce jour-là, Hervé Schewerer, responsable communication du Rallye de Bretagne, organisateur de la chasse.

"Cet appel a pour but explique aujourd'hui l'avocat des chasseurs, maître André Raiffaud, de ramener les faits à leur juste mesure, même s'ils reconnaissent leur culpabilité et regrettent les faits. Mais précise-t-il encore, ces gens qui n'ont jamais fait l'objet de quelques mesures que ce soient, dont les casiers sont totalement vierges, à un moment ont été exaspérés par tout ce qu'ils ont subi. Le vol des chiens, la perturbation des chasses et les violences commises." 

Délibéré le 4 octobre 2024

Claire, elle se dit malgré tout "soulagée aujourd'hui qu'au bout de cinq ans, ce soit l'appel et qu'on puisse tourner la page et avancer."

Lors de l'audience d'appel, l'avocat général a requis les mêmes peines qu'en première instance, au mois de juillet 2019. Le délibéré sera rendu le 4 octobre prochain.

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