La chasse à courre déchaîne les passions dans l'Ouest

Sur les 10 000 chasseurs à courre en France, on en compte 2000 en Bretagne et dans les Pays de la Loire, d'après la société qui organise ce mode de chasse traditionnel. Des défenseurs de la cause animale plaident pour son abolition. Entre partisans et opposants, la tension monte ces derniers mois.

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La chasse à courre, une passion dévorante qui commence à l'aube, pour François Derval. Tous les matins de septembre à mars, ce chargé d'affaires en chaudronnerie se rend dans le chenil qu'il a lui même construit pour s'occuper de ses chiens de chasse, de race anglo-poitevin. Il les nourrit, les soigne et les prépare. Avec eux, il tisse une relation de proximité, qui devient fusionelle au moment de la chasse. 

"Je le dis avec émotion, mes chiens je les aime comme mes enfants. Dans nos regards, on se comprend. On en prend soin, on passe notre temps avec", témoigne François Dervel, maître d'équipage du Porhoet.

Les chiens, ce sont les vrais acteurs de la chasse à courre. Ils traquent en meute, le gibier. Les chasseurs, à cheval, se repèrent aux cris de leurs limiers. Ils communiquent au son de leur trompe de chasse. D'où l'expression "à cor et à cri", qui résume la chasse à courre.

"Si vous n'entendez pas les chiens, vous ne savez pas où est la chasse. Il faut toujours écouter, et prendre les devants par rapport aux chiens, car l'animal traqué est toujours devant les chiens" résume Gilles Droulin, membre de l'équipage du Porhoet.


Nous avons assisté à une chasse au chevreuil en forêt de Brocéliande.


 

Ils chassent les chasseurs à courre


Depuis environ un an et demi, les militants du collectif AVA (pour Abolissons la vénerie aujourd'hui) se mobilisent régulièrement dans les forêts de Bretagne ou de Loire-Atlantique, telle la forêt du Gâvre, où nous les avons suivi pendant l'une de leurs opérations. Leur objectif : mettre en déroute les chasseurs, et plus généralement, combattre une pratique qu'ils jugent barbare pour les chevreuils, cerfs, sangliers, renards et autres lièvres.

"Le problème, c'est d'être à cent contre un à traquer un animal, aux abois, qui n'a d'autres solutions que de s'arrêter. Et là, soit il va être tué par un chasseur avec une dague, soit dévoré vivant par les chiens, soit acculé dans un étang et noyé", s'indigne Agathe, militante du collectif AVA Bretagne.

Pratique cruelle pour ses opposants, rapport de force naturel pour les chasseurs : les positions semblent irréconciliables.

"La cruauté, c'est de mettre un animal dans un état physique auquel ses défenses naturelles ne l'ont pas préparé. Dans la chasse à courre, on est exactement à l'opposé", estime Hervé Schwerer, chargé de communication pour la Société de Vénerie. Selon le principe de prédation, les animaux sont préparés à échapper à leur prédateur", conclut-il.

La chasse à courre sous haute tension


Dans l'Ouest, depuis quelques mois, la tension monte entre pro et anti-chasse à courre. Une guerre par l'image. Les militants du collectif AVA s'équipent de caméras. Des opposants qui se disent victimes de coups et de menaces.

"Dès qu'on se rapproche de la meute et des cavaliers, ils vont être plus violents, pour nous ralentir. Là, ça peut être des croche-pattes, des bousculades, voire même des agressions", rapporte Jimmy Le Nédellec, porte-parole du collectif AVA Bretagne.

Malgré ses polémiques, la chasse à courre, abolie dans plusieurs autres pays européens, semble avoir aujourd'hui sauvée sa peau. Pour combien de temps ?
 

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