Trois régions ont annoncé vendredi avoir suspendu leurs négociations avec le géant laitier Lactalis.
Les régions Basse-Normandie, Pays de la Loire et Aquitaine ont annoncé vendredi avoir suspendu leurs négociations avec le géant laitier Lactalis en vue d'investissements industriels, évoquant des "zones d'ombre" et le blocage du processus de contractualisation avec les producteurs.
"Les conditions d'un accompagnement transparent et profitable tant aux salariés, aux producteurs, qu'aux territoires concernés ne sont manifestement pas réunies", ont estimé dans un communiqué commun les trois présidents de région, Laurent Beauvais, Jacques Auxiette et Alain Rousset (tous PS).
Ces élus souhaitent "discuter de façon globale de la stratégie du groupe Lactalis directement avec Emmanuel Besnier, PDG du numéro un mondial", de façon à dissiper
de "nombreuses zones d'ombres".
Les régions déplorent notamment un "durcissement" dans les discussions entre le groupe et les organisations professionnelles agricoles sur la contractualisation, Lactalis refusant de conclure des contrats-cadres.
Elles s'interrogent en outre du devenir d'une entreprise du Calvados, Cibem, "que Lactalis vient d'acquérir et pour laquelle la Région Basse-Normandie avait versé plus d'un million d'euros d'avance remboursable".
Les négociations dont la suspension a été annoncée vendredi avaient été engagées il y a 18 mois et portaient sur la modernisation et le développement des sites de Saint-Martin-des-Entrées (Calvados), Craon (Mayenne) et Fumel (Lot-et-Garonne), pour lesquels Lactalis a avancé le chiffre de 100 millions d'euros d'investissements et environ 290 "créations" d'emplois.
Les régions, qui étudiaient un éventuel accompagnement financier, ont contesté ce dernier chiffre, relevant qu'il faut "en retrancher les 130 emplois qui sont supprimés par le groupe sur le site de Xertigny dans les Vosges".
"Les trois collectivités ont vainement tenté d'obtenir des réponses à leurs questions, légitimes quand il s'agit de gestion d'argent public, avant de prendre des décisions définitives d'accompagnement de ces projets", soulignent les élus, relevant que "la balle est désormais dans le camp des dirigeants de Lactalis".
Lactalis, leader mondial des produits laitiers qui revendique 14,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel, est un groupe familial non coté qui ne rend pas public ses comptes ni ses orientations stratégiques.