Réactions en Loire-Atlantique et dans la région suite à la suspension du groupe au Sénat les indépendants et de son parti Horizons du sénateur ligérien Joël Guerriau. Il est soupçonné d'avoir drogué à l'ecstasy la députée Sandrine Josso avec l'intention d'abuser d'elle.
Joel Guerriau, sénateur de Loire-Atlantique et ancien maire de Saint-Sébastien est mis en examen pour administration à une personne, à son insu, d’une "substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes, afin de commettre un viol ou une agression sexuelle" et "détention et usage de substances classés comme stupéfiants"
Suspendu samedi matin du groupe au Sénat les indépendants et de son parti Horizons, Joël Guerriau est soupçonné d'avoir drogué à l'ecstasy la députée Sandrine Josso avec l'intention d'abuser d'elle.
À Saint-Sébastien-sur-Loire, le sujet est de toutes les conversations. Car avant d'être élu sénateur, Joël Guerriau a été maire de la commune durant 22 ans, de 1995 à 2017.
Pour beaucoup d’habitants, sa mise en examen est une désillusion, comme le montre ce reportage de Juliette Poirier et Boris Vioche.
Mis examen pour "administration d’une substance" afin de commettre « un viol ou une agression sexuelle » sur la députée de Loire-Atlantique Sandrine Josso, l'élu a été placé sous contrôle judiciaire avec obligation de suivre des soins.
Mais il nie les faits comme le confirme son avocat.
"Joël Guerriau n’a jamais voulu administrer à sa collègue de travail et amie de longue date, une substance pour abuser d’elle. Il démontrera que c’est une erreur de manipulation qui a causé le dramatique désagrément subi par sa collègue députée ", indique son avocat, Me Rémi-Pierre Drai, dans un communiqué publié à la suite de la mise en examen de son client.
Le sénateur Ligérien a été suspendu de son groupe au Sénat, les Indépendants et de son parti Horizon.
Du côté de la classe politique régionale, quelques réactions et des silences…
Son ami et ancien adjoint, successeur à la mairie de Saint-Sébastien, Laurent Turquois n’a pour l’heure pas souhaité communiquer.
La maire de Nantes, Johanna Rolland, a quant à elle affiché son soutien à Sandrine Josso sur le réseau social X.
Tout mon soutien à Sandrine Josso. Les faits rapportés sont effroyables et d'une extrême gravité. La justice doit désormais faire son travail. Joël Guerriau doit en tirer toutes les conséquences. https://t.co/HuwfBeeFkx
— Johanna Rolland (@Johanna_Rolland) November 17, 2023
"Les bras m'en tombent"
Au Palais du Luxembourg, où il a un siège de sénateur depuis 2011, Joël Guerriau est vice-président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, et membre du bureau du Sénat.
Comme chaque mercredi, le 15 novembre dernier, au lendemain de la soirée au cours de laquelle Sandrine Josso l'accuse d'avoir voulu la droguer, Joël Guerriau a participé à la réunion hebdomadaire de la commission.
Sous couvert d'anonymat, l'un de ses collègues du sénat nous assure qu'il n'a rien laissé paraître. "Il était exactement comme d'habitude" indique-t-il.
"Tout cela est surréaliste, les bras m'en tombent...sur le fond comme sur la forme, si les faits sont avérés, cette affaire est très choquante" poursuit-il.
" Détenir de la drogue est illégal, mais si en plus, il a tenté d'administrer de l'ecstasy à cette députée, ça l'est encore plus ! Les sénateurs sont des citoyens avant tout, chargés de voter les lois, je trouve très sain que les groupes politique auxquels il appartient l'aient immédiatement suspendu : des faits personnels de cette nature ne peuvent pas rejaillir sur l'institution".
Les faits sont tristement ironiques quand on sait que Joel Guerriau, au titre de la commission dont il est vice-président, avait, en 2020, participé à une mission d'information sur le trafic de stupéfiants en provenance de Guyane
durée de la vidéo : 00h04mn04s
Discussion générale sur la lutte contre le trafic de drogue international
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©Senat
L'ancien maire de Saint-Sébastien pourrait prendre la parole dans quelques jours.
"Il est important qu'il s'exprime. Pour que la justice fasse son travail et rende justement justice à la victime" affirme ce sénateur.
Pour cet autre élu, c'est la notion du pouvoir et de sa manière de l'exercer qui transparaît à travers ces faits. Le sentiment d'impunité qui habite certains politiques.
"Cette affaire est totalement inimaginable, dit-il. Néanmoins, ce n'est pas la première fois que des histoires de harcèlement au sens large se produisent au Sénat. L'institution a parfois tendance à laisser passer les choses, ce n'est pas satisfaisant. Un sénateur ne doit pas se considérer "hors-sol."
Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris.
Joël Guerriau encourt 5 ans d’emprisonnement et jusqu’à 75 000 euros d’amende.
Pour l'heure, le bureau du Sénat n'a pas communiqué sur une éventuelle levée de l'immunité de Joël Guerriau.