L'équipe animalière des pompiers de Loire-Atlantique assure 650 interventions par an auprès d'animaux domestiques mais aussi d'animaux sauvages ou exotiques. Du chien au perroquet, du cheval au serpent, ils sont qualifiés pour récupérer, secourir, évacuer les animaux petits ou grands.
Philippe Stevens est pompier professionnel à Blain, en Loire-Atlantique, et conseiller technique de l'équipe animalière du Service Départemental d'Incendie et de Secours de Loire-Atlantique, le SDIS 44.
Cette structure d'intervention auprès des animaux n'est pas une obligation au niveau national, mais d'ores et déjà, 50 départements en sont dotés. Avec des pompiers professionnels et volontaires.
L'adjudant Stevens a monté cette structure en 2011 avec le Dr Isabelle Roussot, vétérinaire-commandant. Leurs compétences ainsi que celles des 117 pompiers formés en Loire-Atlantique leur permettent d'assurer leur mission de secours aux animaux.
Animal : un bien ou un être sensible?
Selon différents codes régissant la société française, l'animal est un bien. Selon le code civil, l'animal est un être sensible.
Comme la mission des pompiers est régie par le Code Général des Collectivités Territoriales et qu'elle inclut la protection des personnes, des biens et de l'environnement, il va pratiquement de soi que secours soit porté aux animaux en difficulté.
L'équipe animalière intervient si...
L'animal se trouve sur la voie publique ou dans la nature, blessé ou en difficulté, ou qu'il menace l'intervention de collègues sapeurs pompiers. Par exemple, tel chien est blessé et impliqué dans un accident de la route, tel autre chien grogne sur les pompiers venus éteindre l'incendie de la maison, le feu menace un élevage qu'il faut évacuer, un cheval est enlisé dans un champ...
Autre type d'intervention, celui sur la faune sauvage : une chouette coincée dans une cheminée nécessite l'intervention des pompiers spécialisée, un rapace a été heurté par une voiture et signalé par des automobilistes, un serpent s'est introduit dans une maison...
Enfin, il y a les NAC, les Nouveaux Animaux de Compagnie : perroquets, serpents exotiques, primates, lamas, ...etc. Des cas de négligence voire d'abandon ne sont pas rares, les personnes fascinées par l'animal ont fait un achat impulsif sans mesurer les contraintes et la durée de vie de l'animal : 25 ans pour un python, jusqu'à 100 ans pour un perroquet gris du Gabon.
Au total, 650 interventions par an sont à mettre à l'actif de l'équipe animalière du SDIS 44. 250 pour des chats, 200 pour des chiens, 70 pour des oiseaux de la faune sauvage, 50 concernent des serpents autochtones, 25 pour des chevaux, 20 bovins, 5 pour des moutons ou cochons, 20 autres espèces de la faune sauvage (mammifères) et enfin 10 touchent des NAC.
L'équipe animalière n'intervient pas si...
L'animal est blessé à son domicile : il faut appeler le vétérinaire.
L'animal est en divagation : les services municipaux les riverains, les propriétaires sont sollicités.
L'animal est mort : il faut le signaler en mairie ou au service d'équarrissage.
L'animal est dangereux : fauve signalé échappé d'un cirque ou d'une propriété, chien méchant...
Seul le maire peut déroger à ces principes de non intervention en réquisitionnant l'équipe animalière pour faire cesser une situation signalée à risques pour la population.
Comment intégrer l'équipe animalière ?
Les membres de l'équipe animalière du SDIS 44 sont tous pompiers volontaires ou professionnels. Suivant leur parcours, ils connaissent mieux les animaux des villes, animaux de compagnie et animaux exotiques, ou ils sont plus familiers avec l'approche des animaux vivant en campagne tels que les bovins, les chevaux, les moutons...et la faune sauvage (rapaces, serpents...).
De 117 aujourd'hui, l'objectif est de passer à 140 pompiers formés d'ici 2020, répartis sur 14 centres couvrant le territoire de la Loire-Atlantique.
Tout sapeur-pompier reçoit une formation courte pour effectuer des interventions sur animaux blessés. Les membres de l'équipe animalière reçoivent une formation spécifique complémentaire sur deux niveaux : un pour la faune sauvage locale et les animaux domestiques, un autre pour les serpents exotiques dispensée par le Museum d'Histoire Naturelle de Nantes.
Le Museum d'Histoire Naturelle de Nantes a d'ailleurs signé une convention avec l'équipe animalière : un reptile exotique récupéré par les pompiers sera systématiquement amené au Museum afin de vérifier son état, son identité ainsi que la légalité de son acquisition.
Le trafic d'animaux exotiques est un des trafics les plus lucratifs au monde, la vente sous le manteau est monnaie courante, hélas, pour ces animaux souvent protégés. Les propriétaires peu scrupuleux, en cas de perte ou de blessure sur l'animal, ne viendront jamais le réclamer, l'animal sera soigné et placé en lieu sûr.
Prochaine intervention pour Philippe Stevens : la capture d'un wallaby ( marsupial originaire d'Australie, voisin du kangourou ) dans le secteur de Saint-Omer-de-Blain.