On a tous vu un jour ce que font les pompiers lorsqu'ils sont en intervention mais le reste du temps, que font-ils ? Leur journée est bien occupée. Le Service Départemental d'Incendie et de Secours de Loire-Atlantique nous a ouvert les portes du centre de secours de Châteaubriant. Reportage.
Le centre de secours de Châteaubriant est installé depuis 2013 à l'ouest de la ville, sur l'avenue Jean Moulin. Il fait partie du groupement nord de la Loire-Atlantique, l'un des trois de ce département avec ceux du sud et de l'ouest.
C'est un centre de secours mixte, comme celui d'Ancenis. Cela signifie qu'il réunit des pompiers professionnels et des volontaires (80 pompiers dont 20 professionnels). Il totalise en moyenne 1 400 interventions chaque année.
Les pompiers y effectuent des gardes de 12 heures et, chaque jour, il y a sur place 9 pompiers auxquels il faut ajouter deux à trois pompiers volontaires d'astreinte à leur domicile ou à leur travail.
Alors qu'en semaine, ce sont toujours des pompiers professionnels en majorité, la proportion s'inverse la nuit et les week-ends.
"Chacun a sa place prédéfinie"
Ce mardi matin, comme chaque jour de la semaine, la relève se fait à 7h du matin et la journée commence par le rassemblement à 8h sous la direction du chef de centre et du sous-officier de garde qui déroule le planning de la matinée.
Les termes techniques et les acronymes se succèdent, difficile pour un béotien de comprendre de quoi il s'agit. VTU, EPC, VSAB, FPT (Véhicule Tous Usages, Echelle Polyvalente à Mouvements Combinés, Véhicule de Secours et d'Assistance aux Blessés, Fourgon Pompe Tonne), chacun voit son affectation définie et commencera sa garde par une vérification de son matériel, un moment très important.
"Pour certains matériels, explique le sergent Maxime Violin, pompier professionnel depuis 2011, on vérifie juste la présence. Pour ceux qui ont trait à la sécurité, on doit les tester, notamment les appareils respiratoires individuels " vitaux lorsqu'il faut intervenir dans un air vicié.
"Chacun a sa place prédéfinie dans le fourgon, chacun à son ARI (appareil respiratoire), chacun vérifie son ARI." Les radios sont également testées. On vérifie aussi si le plein d'eau est fait dans le fourgon pompe et si les pompes fonctionnent.
Une manœuvre quotidienne pour s'entrainer
Après cet inventaire, rendez-vous à la cafétéria du centre de secours pour une pause avant la manœuvre du jour.
Sauf intervention, le programme prévoit en effet chaque jour de la semaine un exercice de mise en situation. Défini par le sous-officier de garde, cet exercice est communiqué aux sapeurs-pompiers et, immédiatement, ils partent dans les mêmes conditions que pour une sortie réelle. Un entrainement indispensable pour conserver les réflexes et progresser dans l'efficacité.
"On crée une situation pour que les agents répètent les gestes techniques, mais sans le stress opérationnel" précise l'adjudant Raphaël Joubert.
Lundi, ils étaient partis sur un risque agricole, courant en cette période de sécheresse. Ce mardi, la fiche prévoit un feu d'appartement au troisième étage d'un immeuble avec une personne à mobilité réduite dont on est sans nouvelles.
Trois véhicules et leurs équipages vont partir, le fourgon pompe, la grande échelle et l'ambulance.
Mais où s'entraîner ? Le plus prêt possible du centre de secours. Quelques rues plus loin, rue Jacquart, un immeuble collectif promis à la démolition sert de lieu d'exercice.
A l'arrière du fourgon pompe, Théo Savalle, 18 ans, étudiant en BTS management de sécurité et Justine Carlier, 34 ans, comportementaliste canin. Tous deux sont pompiers volontaires et assurent quatre à cinq gardes par mois. Cet exercice est d'autant plus important pour eux qu'ils n'ont pas l'expérience des plus anciens de la caserne.
Chacun monte 27 kg de tuyaux
Après reconnaissance des lieux par le chef du groupe, il faut procéder à "l'établissement", la disposition des différentes longueurs de tuyaux depuis le fourgon pompe jusqu'au feu à attaquer.
Théo et Justine, déjà alourdis par leurs équipements de protection individuels, montent donc chacun 27 kg de tuyaux jusqu'au 3ème étage.
Pendant, ce temps, à l'extérieur, l'échelle de 32 m est déployée pour aller secourir la personne à mobilité réduite. Pour l'exercice : un mannequin fait d'un assemblage de tuyaux. Et si le centre de traitement des appels de La Chapelle-sur-Erdre sollicite la caserne de Châteaubriant, il faudra vite fait bien fait remballer tout et partir en intervention.
"On n'aime pas ça quand ça sonne et qu'on est en manœuvre, que tout est par terre ! dit Marc Violin, mais on s'adapte." D'ailleurs, pendant l'exercice, l'ambulance a quitté le groupe pour aller sur un accident du travail.
1h30 plus tard, fin de l'exercice, c'est le moment du debriefing. Il faudra revoir la façon de positionner les tuyaux qui n'était pas "dans les règles de l'art".
Le visage écarlate sous la chaleur, genoux à terre, Justine replie les tuyaux avec Marc Tessier, le chef d'agrès (responsable) du fourgon pompe tonne. On voit bien au visage de la jeune femme que le débriefing n'a pas été positif. Mais c'est tout l'intérêt de cet entraînement quotidien.
"Les gens sont en droit d'attendre une qualité de secours irréprochables, qu'ils aient un pompier de 20 ans d'ancienneté ou de trois jours" fait remarquer l'adjudant Ludovic Le Rouzic.
"Dans notre métier, on est toujours en apprentissage", confirme l'adjudant David Mostowyk, sous-officier de garde. Et mieux vaut avoir la condition physique.
"On a besoin de force, d'endurance, de résistance. Le corps est soumis à de très fortes contraintes. On travaille notre forme et nos connaissances." ajoute-t-il.
"C'est un plaisir de bosser ici"
La forme s'entretient chaque jour lors des manœuvres mais aussi lors de la séance de sport.
Après avoir remis les véhicules en ordre de marche, nos pompiers de garde prennent une petite pause puis filent au gymnase du centre de secours pour la séance de préparation physique.
Sous la direction de Ludovic, chef de garde mais aussi animateur de sport ici, toute l'équipe, en tenue de sport, se retrouve pour 1h à 1h30 d'exercice physique. Le lundi course à pied, le mardi renforcement musculaire, le mercredi piscine, le jeudi renforcement musculaire et le vendredi sport collectif. Et Eztitxu Pouliquen, la capitaine, cheffe du centre de secours, y participent aussi.
Le tout en musique et dans un bonne ambiance.
Une ambiance qu'apprécie Sophie Inderbitzine. Elle, ne sort jamais en intervention. Elle n'est pas pompier mais travaille tous les jours avec eux. Elle est l'assistante de la cheffe du centre de secours, le cœur administratif des lieux.
"C'est un plaisir de bosser ici, sourit-elle. Ils sont tous là pour la même raison, le secours à la personne. On plaisante beaucoup, on mange ensemble le midi, c'est vraiment une petite famille. C'est ma deuxième famille."
Ce n'est pas Jean-Guy Boultoureau qui la contredira. Ce retraité de 63 ans, est pompier volontaire ici depuis 30 ans. "Je pense encore faire une année si ma santé me le permet" dit-il.
A midi, la pause. Et l'après-midi sera consacrée à des tâches diverses, chacun ayant une spécialisation, le planning, la vérification du matériel, leur entretien, faire rouler les véhicules qui sortent le moins...
Et ils doivent être impeccables ces véhicules. "C'est ce qu'on renvoie aux gens, insiste Raphaël Joubert, c'est inconcevable d'avoir des véhicules qui soient sales !"
A 17h, une préparation physique libre et la journée se terminera à 19h par la relève. Ce sera alors le rassemblement pour la nouvelle équipe qui assurera la garde de nuit jusqu'à 7h le lendemain matin.
Une garde moins planifiée qu'en journée mais cela ne signifie pas pour autant que la nuit sera douce. Surtout en cette période de sécheresse, de feu de broussailles ou de violents orages.