Dégradations de serres expérimentales au sud de Nantes : "C'est un dénigrement de notre travail"

La Fédération des maraîchers nantais a constaté la dégradation de son site de serres expérimentales situées au sud de Nantes. Elle fait suite à la manifestation organisée par plusieurs associations écologistes dimanche 11 juin. Les manifestants ont protesté contre des projets d'extension de carrières de sables à destination du maraîchage industriel et de chantiers.

Serres taguées, bâches déchirées, plants de salades arrachés et rendus inutilisables. Au lendemain de l'action d'activistes écologistes aux alentours de Nantes, le site expérimental de la Fédération des maraîchers nantais (FDMN) de Pont-Saint-Martin est à l'arrêt.

Le rassemblement de dimanche était à l'initiative d'une quarantaine d'associations, parmi lesquelles La Tête dans le sable, Le cri du bocage, le groupement des agriculteurs bio 44, Pays de Retz environnement, Stop-Bure-en-Retz, YouthForClimate Nantes, la LPO 44 et le mouvement des Soulèvements de la terre. 

Les dégradations commises par les manifestants visaient à protester contre l'extension et la réouverture de trois carrières à Soudan, Guéméné-Penfao et Grand Auverné (Loire-Atlantique). Une méthode qui passe mal auprès de Régis Chevallier, président de la FDMN.

C'est beaucoup d'incompréhension, et c'est forcément en train de se transformer en colère. C’est un dénigrement du travail qu'on fait.

Régis Chevallier

Président de la Fédération des maraîchers nantais

"On a quand même ici une quinzaine d'ingénieurs qui travaillent tous les jours sur ce site pour nous aider à acquérir des données et à les fiabiliser. Ce matin, il y avait beaucoup d'émotion", relate-t-il. 

Le système d'irrigation de la serre a été détruit, et Régis Chevallier estime la totalité des dégâts à "plusieurs dizaines de milliers d'euros"

Indigné, il affirme que le travail mené sur ce site sert à "expérimenter les techniques de demain" avant de les déployer à l'échelle des exploitations agricoles. Les salades déterrées faisaient notamment l'objet d'essais pour "mesurer la réduction d'intrants par des produits de bio contrôle et des mélanges fleuris sur les lignes de poteaux".

Une plainte va être déposée

"On est conscients du travail qu'il y a à faire, et on comprend d'autant mal pourquoi ça a été détruit de façon si gratuite alors que c'est un lieu où l'on doit tous s'impliquer pour trouver les solutions de demain", tonne Régis Chevallier, qui confirme que la fédération va porter plainte 

"Des dégradations et du vandalisme, il y en a déjà eu, mais ce site-là est symbolique, c'est la propriété de toute la filière. Il y a aussi des fonds publics qui permettent de financer les essais. On est obligés de porter plainte pour pouvoir estimer les dégâts et repartir vite grâce à nos assurances. Et aussi pour manifester toute notre incompréhension", détaille le président de la FDMN. 

Son initiative est soutenue par plusieurs personnalités politiques comme Christelle Morançais - présidente de la Région Pays de la Loire - qui condamne les actions de désobéissance civile menées par les manifestants.

La maire de Nantes, Johanna Rolland (Parti socialiste), s'est aussi fendue d'une réaction sur les réseaux sociaux, sans mentionner directement l'objet de la manifestation. 

Elle est interpellée par Valérie Oppelt, Mounir Belhamiti, Sarah El Haïry et Erwan Huchet, membres des Élus démocrates et progressistes de Nantes, qui soutiennent la majorité présidentielle d'Emmanuel Macron. Ils dénoncent "l'inaction de la maire de Nantes, son incohérence et ses ambiguïtés face aux violences soutenues par ses propres élus"

Les élus pointent du doigt la participation de certains représentants politiques affiliés à la NUPES aux manifestations et appellent Johanna Rolland à "mettre de l'ordre dans ses rangs". 

Ministre de l'Agriculture et Mac Lesggy

La polémique a dépassé les frontières ligériennes et fait réagir des membres de la FNSEA, puissant syndicat majoritaire du monde agricole, ainsi que Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture. 

Les actions menées par les activistes écologistes ont aussi déclenché l'ire de Mac Lesggy - Olivier Lesgourgues de son vrai nom - célèbre présentateur de l'émission e=m6, mais aussi ingénieur agronome formé à AgroParisTech.

Le scientifique, tout comme le ministre de l'Agriculture, n'hésite pas à qualifier d'obscurantistes les dégradations effectuées par les manifestants. 

De leur côté, les paysans ayant participé aux actions de désobéissance civile ont répondu aux invectives dans un communiqué relayé par l'association la Tête dans le sable et par les Soulèvements de la terre.

Ils argumentent que le site expérimental est dédié à la pérennisation d'une agriculture productiviste, au détriment des bocages et des haies, et du "maraîchage diversifié". Derrière la bataille des mots, ce sont deux conceptions du progrès et du mieux vivre qui continuent de s'opposer. 

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