Alors que le Hellfest vient d'être une deuxième fois couronné Meilleur grand festival de France par les Festivals Awards, certains s'inquiètent de l'arrivée du Download, un concurrent direct au festival clissonnais qui se déroulera quelques jours avant à Paris. Ben Barbaud reste confiant.
À ma droite, le Hellfest dont on a fêté le dixième anniversaire en fanfare ou plus exactement en décibels, en gros décibels façon Scorpions, Judas Priest, Motörhead, Faith no More, Korn, Alice Cooper... Un feu d'artifice sur scène comme aux cieux, des pointures comme s'il en pleuvait. Plus de 150 000 spectateurs. Bref une édition 2015 remarquable et peut-être aujourd'hui difficile à surpasser. Prochaine édition du 17 au 19 juin à Clisson avec notamment Black Sabbath, Rammstein, Slayer...À ma gauche, le Download Festival. Aucune ancienneté sur le territoire national et pour cause, c'est la première édition qui se joue de ce côté-ci de la Manche. Le Download Festival trouve ses origines sur le sol anglais, au Donington Park près de Leicestershire pour être précis. Là aussi, les festivaliers ont eu le droit à un déluge de stars du metal depuis 2003, Iron Maiden, Deftones, Metallica, Black Sabbath, Slayer, Kiss, Judas Priest... Côté fréquentation, le Download anglais a réuni 90 000 festivaliers en 2015. La version française du fameux festival se déroulera sur l'hippodrome de Longchanp à Paris du 10 au 12 juin. A l'affiche : Iron Maiden, Rammstein, Korn, Deftones, Megadeth, Volbeat, Rival Sons, Gojira...
De quoi se faire un mouron d'enfer du côté de Clisson comme s'interroge le magazine Télérama ? " Nous ne nous faisons pas un mouron d'enfer, comme pourrait le suggérer le titre de Télérama...", rétorque Ben Barbaud, le boss du Hellfest, "Comment pourrait-on se faire un mouron d'enfer d'ailleurs alors que le Hellfest bat des records année après année, qu'il affiche complet 7 mois à l'avance ? Il était évident que le succès que nous rencontrons allait donner des idées à d'autres. Là, on a affaire à la multinationale du spectacle Live Nation qui est là pour générer un maximum de profits. Nous n'avons pas forcément les mêmes buts. Des voix se sont aussi élevées quand le Main Square Festival est arrivé en France. On parlait de l'ogre Live Nation, on craignait pour les Eurockéennes de Belfort et d'autres festivals. Et finalement, le Main Square continue son chemin sans avoir étouffé les autres festivals historiques de France".
Il n'y a pas grand chose finalement à comparer entre ces deux événements
Aucune crainte pour l'année 2016, les Pass 3 jours pour le Hellfest ont tous été vendus, 75% avant même que ne soit dévoilé le moindre nom, le reste à la publication de l'affiche il y a quelques semaines. Le Hellfest 2016 se jouera donc à guichets fermés. Mais qu'en sera-t-il les années suivantes si le Download Festival prospère sous le climat parisien et s'installe pour de longues années ?
Download : un débarquement musclé
Il faut dire que le Download n'arrive pas les poches vides. Live Nation, l'organisateur, est un géant de la production de concerts à travers le monde (Madonna, U2, The Rolling Stones...). "6,5 milliards dollars de chiffres d’affaires, 22 000 spectacles dans le monde par an dont 700 en France", rappelle Télérama. En France, Live Nation produit déjà le Main Square Festival d'Arras et I Love Techno à Montpellier.Le Hellfest est un festival fait par des fans pour des fans
Plus qu'un événement, le Hellfest est un état d'esprit, une marque pour reprendre les propos de Ben Barbaud. Quel festival parviendrait à vendre la quasi totalité de ses places avant même de donner ne serait-ce qu'un indice de l'affiche ? "Le Hellfest est un festival fait par des fans pour des fans", précise Ben Barbaud. "L'événement s'est forgé une identité forte année après année. Nous avons un public très soucieux à la recherche d'une identité propre, c'est effectivement une marque plus qu'un événement. Aujourd'hui, le plus gros festival est un festival de musiques extrêmes, le Hellfest, il y a un following absolument énorme sur ce type de musique parce que les fans sont vraiment fans".
Hellfest : même pas peur!
Et puis, ce n'est pas la première fois que le Hellfest est confronté à la concurrence. De 2011 à 2013, le Sonisphère, festival itinérant de rock et de metal, premier à avoir réuni le Big Four of Thrash sur une même scène (en 2010) s'est offert une étape française. Fondé par un ancien du mastodonte Live Nation, soutenu par le non moins mastodonte AEG, deux des plus gros organisateurs de concerts à travers la planète, Sonisphère a tenu trois ans en France, enregistré de lourdes pertes financières en 2012, un record de fréquentation en 2013 (55 000 entrées), avant de renoncer...Avec l'arrêt du Sonisphère, le Hellfest s'est retrouvé pendant deux ans, en 2014 et 2015, seul maître à bord en France, le temps nécessaire pour bétonner un peu plus le site clisssonais et fêter son dixième anniversaire en toute tranquillité.
L'entente cordiale
A savoir si l'arrivée du Download a changé en quoique ce soit la façon de préparer l'édition 2016, Ben Barbaud répond : "Absolument pas. La façon d'aborder le Hellfest change d'année en année parce qu'on est surpris par la rapidité à laquelle les places s'arrachent, on doit faire face à une certaine frustration du public. Donc, non, l'arrivée d'un nouveau festival n'a absolument rien changé. Par contre c'est peut être un bien pour le Hellfest, il y aura maintenant un point de comparaison, on pourra jauger les artistes, mais aussi l'accueil, la scénographie...".Alors, la guerre aura-t-elle lieu ? Peut-être pas si on en juge la sérénité affichée par Ben Barbaud et son équipe. Rendez-vous en juin...