Hellfest 2023. Portrait de Fabien, Céline et Keriann : une famille en Metal

Découvrez l'histoire de Fabien, Céline et leur fils Keriann, une famille unie par leur amour pour cette musique puissante et leurs expériences inoubliables au Hellfest.

Les réseaux sociaux ne sont pas qu'un défouloir à trolls, ils sont aussi un lieu de rassemblement via des groupes d'utilité publique, et notamment lorsque l'on aborde le Hellfest.

Et quand on veut faire le portrait d'une famille qui vient au festival avec un ou plusieurs de leurs enfants, rien de mieux que de poster une annonce sur le groupe des Hellmembers. Quelques minutes après, les gentils "Hellfesteux" ou "Hellbangers" c'est au choix, répondent tous azimuts. Une dizaine de personnes se proposent. Mais l'une d'entre elles envoie en même temps la photo des trois membres de la famille au festival. Coup de cœur pour ces Riri, Fifi et Loulou du metal.

Au commencement il y avait...

Fabien dit "l'dog" un tout juste quinquagénaire issu d'un petit village de 700 âmes dans l'Ain, suivi par Céline, 10 ans de moins, et pour finir Keriann, 11 ans. Ils viennent au festival depuis 2014 en couple et le mini metalleux mais maxi fan du groupe Kiss, fera cette année sa troisième édition. Pas mal à cet âge-là, de quoi laisser pleins de souvenirs et d'étoiles dans les mirettes. 

Comme tous les amateurs de heavy et hard rock dans les années 80 et 90, tout commence à l'adolescence. Fabien est au collège.

À l’époque, j’avais 15 ans, j’écoutais Michaël Jackson, A-Ah et d’autres groupes du genre puis un pote m’a fait découvrir Iron Maiden "Seventh" en 1988 et là, ça a été le choc, ça m’a pris aux tripes, j'ai adoré

Fabien

Fan de metal

Du coup, il ouvre ses oreilles à tous ceux qui font la scène metal durant cette période, Kiss, Metallica, Alice Cooper, Wasp.... Et depuis, hormis quelques incursions dans le punk, il a bloqué le compteur de ces années-là. Il continue à écouter ces groupes majeurs des années 70 à 90 qui sont toujours les têtes d'affiche du Hellfest depuis seize ans. 

Céline arrive sur le tard dans cet univers, même si elle était proche d'un milieu bikers et admiratrice des Harley, c'est depuis une quinzaine d'années qu'elle a commencé à écouter tout ça.

"Avant, j'étais plutôt orientée sur la variété française, car c'est ce qu’on écoutait chez mes parents. C’est avec Fab’ que j’ai découverts Kiss, Metallica, Alice Cooper... Et lors de mon premier Hellfest en 2014, ça a été un vrai déclic. J’ai vraiment porté une oreille différente à ce style de musique.". Depuis, sa playlist, c'est trois quarts de rock, metal et punk et il reste tout de même un petit quart pour Renaud, Goldman et... Sardou.

Alors forcément, les chiens ne pouvant faire des chats, le Petit Keriann a été bercé de ce rock-là. Depuis ses cinq ans et demi, important le demi, il joue de la batterie.

"Quand j’étais tout petit, j’ai découvert Kiss avec mes parents et j’ai eu le coup de cœur pour le métal. Le hellfest m’a fait encore plus aimer le rock!

Keriann

Fan de metal, 11 ans

Et forcément, six ans après, le petit devient grand. Durant un mois, il s'est intéressé au rap et à Michael Jackson, mais ça n'a pas duré, sa passion absolue pour le groupe Kiss a la vie dure et c'est tant mieux.

Le metal ce vibrato du corps et du cœur

Tous les trois vibrent et vivent cette musique intensément. Chacun à leur manière, en suivant l'uppercut qu'ils ont reçu la première fois qu'ils ont écouté ou vu un groupe qui les a envoyés dans les cordes.

Fabien : "L’énergie de cette musique, la puissance de la voie de Bruce Dikinson (chanteur de Iron Maiden), les mélodies et puis, pour moi, la musique ne peut être considérée comme telle que s’il y a une batterie, une basse, une guitare et un chanteur sans auto-tune !! lol… C’est inexplicable ce que j’ai ressenti à ce moment-là, j’ai VÉCU la musique que j’écoutais"

Céline : "Je me souviens quand j’ai vu les Twisted Sister en concert, j’étais à la fois exaltée et admirative. D’un côté il y a la musique et le talent du groupe, mais il y a aussi toute cette énergie qui se dégage de la scène et qui contamine le public. Parfois, il y a aussi le côté spectaculaire des effets pyrotechniques ou des mises en scènes qui donnent une autre dimension à la musique."

Keriann : "La voix de Paul Stanley et le son de la batterie de Peter Criss (du groupe Kiss). J’adorais aussi le maquillage et Démon qui crache du sang et du feu, c'était très impressionnant"

Trois générations, trois façons de ressentir la musique, mais un même point commun : le plaisir brut et régressif que dégagent ces groupes, véritables bêtes de scène.

Une journée sans musique n'est pas une bonne journée

Dans le monde, la durée d’écoute hebdomadaire de musique est de 20 heures. Dans cette famille, on ne déroge pas à cette pratique qui se veut quotidienne. "Pas de vie sans musique" comme le dit si bien Fabien.

Qu'il soit dans la voiture, à la maison, au travail ou même sous la douche "même si pour le coup le chanteur est mauvais" précise-t-il, une journée sans musique ce n'est pas possible.

Ça fait du bien alors pourquoi s'en priver.

C’est une musique qui fait partie de notre quotidien, et nous avons la chance de l’aimer tous les trois. Keriann a même inventé le concept de “c’est toi qui choisis la musique” qui nous permet à tour de rôle de choisir notre morceau dans la voiture. Neuf fois sur dix, c’est du métal ou du rock...

Céline

Fan de metal

Quant à Keriann, ce n'est pas compliqué, étant donné qu'il s'entraine tous les jours à la batterie et veut monter un groupe plus tard.

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Portrait de Fabien, Céline et Keriann : une famille en metal • ©France 3 Pays de la Loire

L'habit ne fait pas le moine

Fabien et Céline, lorsqu'on les voit, ne peuvent cacher leur appartenance à un style musical. Look de biker, bijoux aux doigts, tatouages, piercings, comme le dit Céline : "On s’intègre bien dans le milieu, forcément."

Mais comme beaucoup de personnes, pas possible de l'exhiber au travail, tenue de rigueur lié à leur emploi.

Mais pas question de conditionner leurs amitiés en fonction de leurs gouts. "Ma famille et mes amis n’écoutent pas forcément du métal, c’est comme la politique et la religion, chacun ses gouts et on n’impose rien 😊 mais chaque année, ils se connectent tous pour nous aider à avoir nos pass hellfest ! Cette fois-ci c’est grâce à mon neveu que nous avons eu le précieux sésame et il écoute notamment du rap et pas de métal ! Si ça c’est pas la classe !!" explique Fabien.

"Pour les amis, heureusement, on ne les choisit pas en conséquence, explique Céline, par contre, on se reconnait parfois entre métalleux quand on se croise, ça crée des affinités et c’est vrai que c’est agréable de pouvoir parler des groupes et des concerts. On s’est aussi fait des amis grâce au Hellfest, mais on les apprécierait tout autant s’ils écoutaient de la musique classique" 

Keriann lui doit plus s'adapter, le metal n'est pas forcément une musique de sa génération et ses amis n'en n’écoutent pas. Mais le rock est déjà tatoué dans sa peau. Sur sa peau, ça sera peut-être plus tard quand il aura l'autorisation.

Peace and love pour le metal

"L’ambiance est cool, ce qui m’a plu au départ, c'est le gars qui renverse ma bière et s’excuse mille fois et qui me dit, attends-moi là, je reviens, et cinq minutes plus tard le gars revient avec un pichet et nous paye une bière pour s’excuser" raconte Fabien.

C'est clairement ça que l'on retrouve dans ce festival, une bienveillance rare, un état d’esprit musique forte et " violente " et esprit  " soft " au quotidien pour reprendre Fabien. Un mot avec un inconnu dans une file d’attente, un autre avec les bénévoles (sans qui rien ne serait possible) c’est aussi ça l’esprit de ce festival et c'est l'une des raisons de sa bonne réputation. Mais il y a aussi une contrepartie plus rabat-joie.

"Cette ouverture d’esprit a tendance à s’essouffler un peu, je trouve. Beaucoup de plus jeunes "metalleux" ragent de voir des enfants sur le site. Il faut savoir que par exemple notre fils Keriann écoute du métal depuis sa naissance, lol, et ses tee-shirts et son " Kutte " avec patchs, il les porte durant l’année et pour lui, ce n’est pas un déguisement, du coup ça me fait marrer de voir ces gars qui critiquent ouvertement et dont le tee-shirt Metallica sort de l’emballage la veille du Hellfest "

La plupart du temps les gens au Hellfest sont gentils, je pense que vu que je suis un enfant et quand ils voient mon père, ils sont gentils !!!

Keriann

Fan de metal, 11 ans

Bon Kiss du Hellfest

Dès leur premier Hellfest, Fabien et Céline ont pris le parti de dormir chez l'habitant. Jean-Mi (bénévole au Hellfest) et Marilyne, les hôtes des premières années de Hellfest, sont devenus de véritables amis, tout comme ceux côtoyés sur place. Les Irys, Sylvain, Joss, Séverine, Mouss, Gilles autant de rencontres chez l’habitant qui sont devenus des "hellpotes" qu'ils arrivent même à voir en dehors du festival.

Depuis l'année dernière, ils logent chez Jacques et Nadine, sur Clisson, à quelques encablures du site. Des gens formidables, un accueil merveilleux, des anecdotes, du muscadet et de nouvelles rencontres de festivaliers se sont fait chez eux. C'est aussi ça la façon de vivre le festival. 

On adore camper chez l’habitant, car c’est toujours de belles rencontres, et des échanges avec d’autres festivaliers.

Céline

Fan de metal

"Parfois, on discute avec des personnes, on boit un coup ensemble et on ne se recroise jamais. Parfois, on se recroise pendant le festival, ou l’année suivante, et à force, on sympathise vraiment ! Je pense que l'ambiance facilite les échanges entre les gens, elle contribue à supprimer les préjugés".

Metal is not Dead

Ils sont plutôt optimistes quant àl'avenir du metal.

"Les petits métalleux sont beaucoup plus ouverts et éclectiques que nous les vieux chevelus (enfin chevelus étant jeune…), je pense qu’il y aura du bon qui sortira de tout ça, des expériences et nouveaux genres de metal. Je le vois au travers de notre fils Keriann qui a réussi à nous faire découvrir certains groupes comme Ghost ou dans la scène punk-rock Les trois fromages" pense Fabien

"Ils sauront aussi préserver et apprécier ce métal " dinosaure " comme souvenir du passé " les trucs " qu’on écoutait avec papa-maman " c’était cool, j’écoutais ça à 8/10 ans "

"Je suis d’accord avec Fab’, poursuit Céline, le métal a encore de l’avenir, d’une part, car il y a des groupes qui sont encore jeunes (Airbourne…), mais aussi parce que les papis du Rock comme Ozzy Osbourne, Kiss, Alice Cooper … traverseront l’histoire Metal is not Dead !"

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