La dernière fois qu'on les a vus et entendus à Clisson, c'était en 2017. Un concert de folie devant des milliers de festivaliers qui n'avaient encore jamais entendu parler de distanciation sociale. En rage et en sueur, les Tagada Jones reviennent le 17 juin pour le Hellfest From Home...
Il a fêté ses 25 ans d'existence en 2019 et pourtant, le quatuor rennais le plus fou de la scène punk hardcore n'a rien perdu de son énergie et de sa rage. Preuve en est le dernier album en date sorti au coeur de la pandémie. Son nom à lui seul, À Feu et à Sang, pourrait lui servir de carte de visite.
Car oui, Tagada Jones est un groupe engagé et enragé qui se nourrit de l’actualité pour écrire ses textes. Écologie, racisme, religion, terrorisme, violences conjugales, mondialisation… pas un thème n’échappe à ces dignes héritiers de la scène rock alternative des années 80.
Dix albums studio, des centaines de concerts un peu partout en France et ailleurs, des milliers de kilomètres au compteur... et une pandémie plus tard, un retour à l'essentiel, la musique live, avec un tout premier concert enregistré sur le site du Hellfest mais sans public. Niko, le chanteur et guitariste du groupe, nous parle de cette expérience particulière, une première pour le groupe...
Comment se porte le groupe, comment avez-vous traversé cette période de pandémie ?
Niko. Alors, nous sommes en pleine forme. Le confinement a été plus facile à vivre au départ car nous enregistrions l’album, donc on se voyait, on continuait à travailler. On va dire que l’impact a été limité. Par contre la suite s’est corsée comme pour la plupart des gens. Nous avons du annuler une tournée mondiale, plus de 50 dates… et repousser un peu la sortie du disque. Depuis presque 8 mois que le disque est sorti on bout littéralement d’impatience de reprendre enfin les concerts ! Mais ça y est, cela a l’air de se préciser un peu, nous sommes dans les starting blocks.
Écologie, racisme, religion, terrorisme, violences conjugales, mondialisations... la covid n'a pas émoussé votre rage ?
Niko. Rien, je dirais même au contraire ! Le monde se radicalise sévèrement, les gens pètent les plombs sur les réseaux sociaux, je crois que l’on arrive peut-être enfin au bout d’une première phase de l’ère virtuelle. L’humain n’est pas fait pour vivre derrière un avatar. L’humain a besoin de contacts, de discussions, de rencontres, d’amitié, de social. Le Covid a poussé les gens dans leurs retranchements, mais a aussi permis une prise de conscience sur pas mal de sujets. Je pense notamment au grand boom de l’écologie mais pas que. J’espère que cette sortie de pandémie mondiale va permettre au gens de remettre les points essentiels de la vie au coeur de leurs préoccupations, que cette course à la mondialisation, au virtuel, à l’extrémisme va pouvoir prendre fin. Pour vivre ensemble, nous devons nous accepter, accepter les différences. Tout le monde a pris une grosse claque et j’espère sincèrement que cela va nous aider a franchir un joli pas. Le groupe en tout cas est remonté à bloc, et sans doute même plus que jamais.
Des salles combles avant la pandémie, Un titre, Mort aux cons, qui devient un véritable hymne avec 7 millions de vues sur YouTube...Vous vous attendiez à ce succès ?
Niko. Pas du tout…. Le titre « Mort aux cons » atteint même les 12 millions de vues si tu comptes le live au Hellfest…. C’est juste irréel. Il ne faut pas oublier, et nous n’oublions certainement pas que nous venons de l’alternatif, de l’underground, qu’au départ tout le monde nous a ri au nez. Aujourd’hui, une grande partie du public, et spécialement les jeunes se retrouvent dans nos valeurs, nous prônons le social, les libertés, nous voulons juste une vie meilleure pour l’être humain. Nous le faisons beaucoup en dénonçant les travers de la société, mais après une première lecture qui peut paraître seulement négative, le message est en fait un message positif, tourné vers le meilleur, tourné vers l’avenir.
Est-ce compatible avec votre engagement ?
Niko. Bien sûr, même au contraire. Nous ne nions ou renions rien de nos tout premiers engagements. Nous avons décidé de créer nos propres structures pour ne dépendre de personne. Aujourd’hui n’en déplaise a de nombreuses vilaines langues de vipère, la structure défend plus que jamais toutes nos valeurs et nous sommes fiers de pouvoir faire vivre des dizaines de familles avec notre petit projet alterno. Le secret est simple, les sociétés deviennent totalement pourries et corrompues par l’actionnariat. l’appât du gain à tout prix, coûte que coûte. Chez nous, les bénéfices ont toujours été réinvestis dans de nouveaux projets artistiques.
La dernière fois qu'on vous a vus au Hellfest, c'était sur la scène de la WarZone en 2017 avec un monde et une ambiance de dingue. Un grand souvenir ?
Niko. Oui, franchement le Hellfest et nous c’est une histoire d’amour. Chaque concert que nous avons donné là-bas a été incroyable. Le dernier qui remonte à 2017 a juste été fou, dingue, magique, merveilleux … Je crois que la vidéo justement de Mort aux cons réalisée par Sombrero et notre ami photographe et vidéaste Mathieu EZAN en est un magnifique témoignage.
Cette fois, vous avez joué sur une scène montée en lieu et place des MainStages sans public. Une drôle d'expérience ? Comment l'avez-vous vécue ?
Niko. Tu ne crois pas si bien dire… Il faut rajouter à cela que c'était notre premier concert après plus de 18 mois d’abstinence forcée. C’était très particulier, le premier concert de notre vie sans public… Il a fallu un peu de temps pour se mettre dedans, le début était un peu étrange. Nous qui avons presque 2000 concerts à notre actif, avons des repères, des automatismes, on joue souvent sans se poser la moindre question. Là ça a été très différent. À l’heure où je te parle, je viens juste de visionner et valider le montage, et je peux vous dire que c’est assez fou ! Sincèrement bravo au Hellfest et à Sombrero pour cette jolie performance. Le public va pouvoir découvrir cela très bientôt, ce livestream est à la hauteur de l’évènement !
Avec le recul de la pandémie, on peut à nouveau faire de beaux projets. Quels sont les vôtres ?
Niko. Pour le moment, tourner, tourner et encore tourner !!! Nous allons enfin pouvoir défendre notre nouvel album « À feu et à sang » sur scène et c’est un réel plaisir. Ensuite on a quelques petits projets dans notre besace mais… chuuuuuuut.
Propos recueillis par Eric Guillaud le 11 juin 2021
Plus d'infos sur le Hellfest From Home ici, sur Tagada Jones là