La commissaire enquêtrice tient permanence dans les quatre communes bordant le marais du Mès, elle enquête auprès des habitants sur le classement de la zone en tant que site. Un dossier complexe tant se conjuguent la nature, l'environnement et les activités humaines essentiellement agricoles.
Dans le nord de la Loire-Atlantique, entre les marais de Guérande et les premières communes du Morbihan, le marais du Mès est bordé de quatre communes : Saint-Molf, Assérac, Mesquer, Herbignac. Mès est le nom du cours d'eau traversant ce territoire et se jetant dans la mer dans la baie de Mesquer. Un lieu naturel préservé, que les services de l'État envisagent de classer en tant que Site.
Ce mardi 24 août, Marie-Cécile Rousseau, commissaire-enquêtrice et ancienne avocate au barreau de Nantes (spécialisée en droit de l'urbanisme), tient permanence toute la matinée dans une salle de la mairie d'Assérac.
Elle mène une enquête publique pour les services de l'État, à savoir la DREAL (Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement). La DREAL a déjà procédé à sa propre enquête sur les plans géographique, historique, archéologique et environnemental, afin de réunir tous les éléments nécessaires à sa décision finale, à savoir le classement du Marais du Mès en tant que Site.
Pourquoi un classement en tant que Site?
Depuis de nombreuses années, l'État procède à l'inventaire, l'étude et au classement de nombreux sites en France. En 1996, ce fut le cas de Guérande et de son marais. Pour le marais du Mès, l'étude a commencé en 2017, le naufrage de l'Erika ayant mobilisé de nombreux services de l'État.
Une réflexion existe déjà pour solliciter l'appellation Grand Site, qui pourrait réunir les marais de Guérande et du Mès (c'est déjà une réalité pour le sel : les paludiers du Mès produisent avec l'appellation ''Sel de Guérande'', NDLR), mais avant de devenir Grand Site, il faut commencer par être un Site. Une chose à la fois.
Le classement en site a pour conséquence le contrôle de tous les projets d'aménagement à venir. Les lignes électriques doivent être enfouies (sauf en zone inondable), il ne peut y avoir de terrain de camping supplémentaire, tout nouveau projet est soumis à autorisation de la DREAL.
La parole aux habitants
À l'étude de la DREAL vient donc s'ajouter l'enquête publique. Elle a lieu dans les quatre communes concernées, sur une demie journée, ou en ligne, auprès des services de la préfecture. Accès est donné au dossier, avec la cartographie, et les différents documents permettant de se faire son idée.
Une fois visualisé le périmètre du territoire, le citoyen est informé qu'il est ou non géographiquement concerné. Il peut être locataire, propriétaire ou actif travaillant sur le marais, c'est le cas d'exploitants agricoles, de paludiers, d'ostréiculteurs ou encore mytilliculteurs et apiculteurs. Tous ont des contraintes et des avantages, à vivre ou à travailler, dans un site comme celui du marais du Mès.
Avec l'enquête publique, ils ont la possibilité de coucher sur le papier des observations, des remarques, des inquiétudes ou des avis favorables vis à vis de ce projet de classement.
Le marais du Mès, territoire à protéger ?
Le site est calme et magnifique. Il n'a pas encore subi trop fortement la pression immobilière qui s'abat sur tout le littoral. Les chemins qui le bordent ou parfois en traversent certaines parties offrent au promeneur un cadre de rêve, bercé par les marées et les cris des oiseaux.
Les gens du marais y ont plaisir à travailler, en harmonie avec leur environnement et souhaitent pour beaucoup le protéger. Ainsi, le projet de classement de leur marais en Site a plutôt tendance à les rassurer. Mais d'autres s'inquiètent sur des contraintes à venir, quant à leur projet de hangar, de cabane à sel, d'extension de leur maison, etc. Difficile de protéger un territoire tout en acceptant tous les projets.
Cette paludière nous concède que le marais du Mès a un énorme potentiel, elle sait que la coopérative à Guérande a connu une très forte affluence cet été et les étés précédents et que le classement du marais du Mès assurera une certaine protection et un avenir à sa profession, grâce à un tourisme maîtrisé et compatible avec l'environnement.
Cet autre paludier ne dit pas autre chose : il tient ses salines de son père qui a travaillé jusqu'à plus de 80 ans, il a bien conscience de l'héritage venu de la nuit des temps et de l'importance de le préserver.
La commissaire enquêtrice a enregistré une dizaine d'observations en deux permanences. Les habitants d'Assérac ont trouvé le temps de venir dire leur préférence. Le classement en Site du marais du Mès lui donnerait à la fois reconnaissance et protection.
D'autres permanences sont à venir, dans les communes d'Herbignac et de Saint-Molf, avant de revenir à Mesquer, au siège de l'enquête publique, le 17 septembre.