Meurtre de Laetitia : Tony Meilhon, une personnalité psychopathique dans "une trajectoire de souffrance"

Entre une "personnalité psychopathique" avérée, selon les experts, et une jeunesse marquée par une "trajectoire de souffrance", la 2ème journée du procès de Tony Meilhon, jugé en appel pour le meurtre et le démembrement de Lætitia Perrais, a mis en lumière les contours d'un portrait inquiétant.

En 2011, peu après le meurtre de Lætitia, Tony Meilhon a 31 ans lorsqu'il est examiné par le Dr Vincent Alric, psychiatre.
Il relate la séparation de ses parents quand il a quatre ans,son père alcoolique violent sera déchu de ses droits parentaux, la nouvelle vie de sa mère avec un compagnon qu'il rejette, ses placements précoces en institutions, ses multiples séjours en prison...

D'abord pour des vols puis, dans une courbe de violence croissante, alors qu'il est à peine majeur, pour le viol avec un objet d'un co-détenu soupçonné d'abussexuels.

L'humeur de Tony Meilhon, grand consommateur de drogues et d'alcool, est marquée par l'instabilité, des "tentatives de suicide", des "carences éducatives et affectives", note le psychiatre. Mais aussi par une "impulsivité, la défaillance du sens moral".
Ces éléments, combinés à sa confrontation avec l'inceste dont a été victime sa mère, la violence, la "facilité à passer à l'acte" ou l'absence de poids des sanctions, font que la personnalité de Tony Meilhon "est structurée sur le mode psychopathique" qui "représente une dangerosité sociale indéniable", affirme le psychiatre.

En outre, l'accusé est d'une "intelligence tout à fait satisfaisante", il ne souffre "pas de névrose, ni de psychose", soutient l'expert.

"Se faire passer pour fou"

Quand le psychiatre Bruno Millet le rencontre en mai 2011, il retient lui aussi la "personnalité psychopathique".
Tony Meilhon lui fait le récit de sa volonté de mourir, mais aussi de "voix" qu'il entend, de son impression de "présences" dans la pièce de l'unité spécialisée pour malades difficiles où il est interné au premier semestre 2011.

Des hallucinations que ne confirme pas l'équipe soignante, et que la cour et les avocats confrontent avec son aveu d'avoir voulu, au début de l'instruction, se "faire passer pour fou".
Interrogé sur ce point par Cécile de Oliveira, avocate de la soeur de Lætitia Perrais (Jessica, partie civile), Tony Meilhon, sans cesse encadré dans le box des accusés par cinq gendarmes, admet qu'il est "fraudeur", qu'il essaye "de manipuler le compte-rendu qui sera fait" sur lui.

Pour l'expert, des soins psychiatriques paraissent "nécessaires, tant il apparaît des carences dans la personnalité de Tony Meilhon". "On dit qu'avec le temps, les traits psychopathiques s'atténuent", assure-t-il.

"Rancoeur et colère"

"C'est quelqu'un qui est perpétuellement en souffrance", souligne le psychologue Fulbert Jadech, qui se souvient de quelqu'un qui était "dans la rancoeur et la colère". C'est aussi une personne "hyperactive, intelligente, impulsive". "C'est quelque chose qui va le desservir dans sa trajectoire de souffrance", assure-t-il.

Mais ce portrait de souffre-douleur est contre-balancé par les proches de Tony Meilhon, qui répètent successivement à la barre qu'il ne
faut "jamais lui dire non". Sa mère vient, sanglotante, non seulement souligner la dangerosité de son fils mais aussi redresser les "mensonges" qu'elle estime avoir entendus de sa bouche.

"J'ai fait plus pour mon fils Tony que j'en ai fait pour d'autres de mes enfants alors je comprends pas pourquoi il me salit autant : je pense que c'est un moyen de défense", assène-t-elle.

Et tandis que Tony Meilhon invoque encore une fois, pour expliquer ses actes, son enfance perturbée, le président Philippe Dary remarque: "Lætitia a été placée dans une famille d'accueil, elle a eu un parcours très difficile elle aussi...". "Pour d'autres, ça n'a pas été la même résultante, ils s'en sont sortis, ils ont cherché à s'en sortir...", reconnaît-il.

Tony Meilhon a été condamné en première instance en 2013 à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans et d'une rétention de sûreté.

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