Le gouvernement présente son plan national de lutte contre le harcèlement dans les transports, douze engagements sur le sujet, à Nantes les bus de nuit s'arrêteront à la demande pour limiter les trajets à pied entre le bus et le domicile
Le Haut conseil à l’égalité femmes hommes (HCEfh), organisme indépendant saisi par le gouvernement, a constaté l’ampleur d’un "phénomène mal connu et largement minimisé ou normalisé", estimant que "toutes les utilisatrices des transports ont déjà été victimes" de harcèlement sexiste ou de violences sexuelles dans les transports, en particulier "les jeunes femmes". "Le phénomène a été occulté pendant des années", selon Margaux Collet, porte-parole d’Osez le féminisme, association qui a été auditionnée dans le cadre de la préparation du plan national.
La Semitan veut expérimenter l'arrêt à la demande la nuit
Le ministère du droit des femmes a sollicité les grands opérateurs du transport public. Parmi la douzaine d'initiatives ou expérimentations imaginées, il y avait cette expérience menée au Québec sur l'arrêt à la demande en soirée ou la nuit. Le réseau de transport public de Nantes a adhéré aussitôt à cette idée, et va mettre en place un "arrêt à la demande des bus le soir et la nuit" pour permettre aux femmes de réduire la longueur du trajet à pied vers leur domicile. "Tout se qui permet aux femmes de prendre les Transports Publics en se sentant accompagnées et en sécurité est positif" souligne Pascal Bolo le président de la Semitan. Et puis "cela correspond à notre politique de tranquillité publique, à notre politique de mixité dans l'entreprise". C'est une innovation dont les modalités restent à définir, tout comme le périmètre de l'expérimentation.À l'espace Simone de Beauvoir à Nantes, qui travaille sur les questions d’espace public et de genre, Joëlle Kerivin, la présidente note : "il est intéressant que le gouvernement se soit enfin saisi de la question. Maintenant, il faut voir comment ce plan se traduit et se déploie concrètement".
Des initiatives à la SNCF et à la RATP
Le numéro d’urgence 3117 de la SNCF permettra avant la fin de l’année 2015 de recueillir les signalements, y compris par texto, pour éventuellement déclencher l’intervention des forces de sécurité. Une réflexion autour d’autres outils numériques d’alerte et de signalement est prévue.Le plan gouvernemental prévoit la mise à disposition des opérateurs de transport de modules spécifiques de formation pour leurs personnels, permettant d’améliorer l’accompagnement des victimes. Du côté de la publicité la RATP intègre déjà ce critère dans son processus de validation pour limiter les images à caractères sexiste.
Le secrétariat d’État aux droits des femmes financera à l’automne 2015 une campagne de sensibilisation via l’achat d’espaces publicitaires pour rappeler "que le harcèlement et les violences sexistes sont punis par la loi" et "inviter les témoins à être solidaires face à ces situations".