Nantes : Manu (ex-Dolly) nous dit toute La Vérité, rien que La Vérité

La Vérité, c'est le nom de son nouveau single tout juste disponible et accompagné d'un clip à son image, énergique et carré. C'est aussi le nom que portera son troisième album prévu pour la rentrée. Dix ans après la fin de Dolly, Manu poursuit l'aventure un brin sage, toujours sauvage. Interview...

Vous ne sentez pas comme un léger frisson remonter le long de votre colonne vertébrale? C'est peut-être que vous êtes en train d'écouter le nouveau single de Manu. Une voix douce et sensuelle posée sur une musique en ébullition, le retour de Manu est aussi un retour aux sources, à la sauvagerie de ses débuts, un rock qui respire la vie, l'envie, l'amour, la colère un peu, et la sincérité beaucoup. 

Avant son concert au festival Rock'Estuaire vendredi 12 juin à Cordemais, Manu nous parle de son prochain album, de Dolly, de ses influences, de rock enragé et de harpe, de Sonic Youth et de Sylvie Vartan, de Blondie et des Wampas... Montez le son!

La sortie du premier single d’un nouvel album est toujours un moment un peu particulier. Comment le vivez-vous ?

Manu. C'est un moment intense. Un peu stressant aussi, il faut bien le dire... Mais c'est surtout un soulagement, enfin pouvoir partager mon travail depuis un an. Recueillir les premières impressions, bonnes pour le moment... Cela motive pour la suite.

"C'est ici que l'on s'échoue Et que la lumière se dissout...". Que raconte cette nouvelle chanson ?

Manu. Il est toujours difficile de faire une explication de texte. J'aime l'idée que les gens s'approprient les mots et entendent ou conçoivent leur propre histoire. Cela peut amener la chanson vers d'autres horizons que ceux que j'avais en tête lors de l'écriture. 
Ici sont mélangés plusieurs propos : la sauvegarde de notre planète, les conséquences que les images que l'on nous propose abondamment à la télé et sur le net peuvent avoir sur notre manière de fonctionner au quotidien, cela peut-être aussi un message aux personnes que l'on aime et que l'on veut protéger. Il y a aussi la notion du présent, vivre chaque moment pleinement. « je veux sauver mon paysage … pourquoi laisser l'amertume envahir le ciel et les dunes … ce sont les images qui nous tuent ... » La Vérité « je m'en fous » c'est ma manière de dire que contrairement à l'adage, il ne faut pas croire tout ce que l'on voit.

Voix sous effet, guitares saturées, rythme très soutenu… le retour aux sources annoncé se confirme avec ce premier single, "La Vérité", et ce très beau clip. L'album sera-t-il à l'image de celui-ci ?

Manu. Oui « La Vérité » est un bon exemple de ce qui vous attend :) mais pas que… Merci pour le compliment sur le clip. J'en suis très fière. Il est simple et énergique. Il est ce que j'aimerais voir et entendre plus souvent. Il est ce que je suis, ce que nous sommes mes compères et moi en ce moment, prêts à reprendre la route, impatients même je dirais.

Vous ne voulez toujours pas être sage ?

Manu. Avec le temps on aspire à la sagesse, j'espère que cela transpire dans mes textes. Mais lorsque je compose la musique, j'ai envie d'une certaine folie, de transe, d'émotions fortes.

Faut-il voir aujourd'hui Tenki Ame (EP en japonais), comme une parenthèse enchantée ?

Manu. Tout-à-fait. Avec Matt, mon partenaire sur notre label Tekini Records, nous nous sommes fait ce plaisir. Cette parenthèse enchantée avant le retour en électrique. Quel bonheur de poser sa voix sur un violoncelle et une harpe par exemple.  Et continuer à rendre hommage à la culture nipponne que nous affectionnons tellement. Et quel plaisir tous ces remixes !

Pixies, Sonic Youth… la sauvagerie  comme vous dite vous a toujours guidé, influencé. Où se trouve-t-elle aujourd'hui selon vous ? Dans quelle musique ? Chez quels artistes ?

Manu. Pour l'instant en France, je pense aux Wampas ...
J'écoute beaucoup de musique et j'apprécie quantité d'artistes différents. Je suis autant touchée par la grâce de Dominique A que par la rage d'Ina Ich. Je plane sur Tame Impala, je vais sur la lune avec Moodoid et je danse avec Aline. Mais il est vrai que mes premiers émois sont venus avec les sons de guitares des Sonic Youth, la basse de New Order, la voix de Blondie … il y aussi, les Ramones, les Undertones, les choeurs des  Rubettes ;) J'ai même ressorti mon vinyl des Cars, l'album éponyme de 1978. Cela n'a pas vieilli du tout ! J'ai du mal par contre avec tout ce qui est visuel et performance en dépit de la musique. Tous ces groupes qui font un show millimétré, sans laisser la place à la magie de l'instant ou à l'improvisation, ceux-là ne me touchent pas même si je respecte leur travail conséquent. J'aime avant tout une bonne chanson, interprétée sincèrement, parfois maladroitement ...

Vous avez un temps hésité à redevenir un groupe sous le nom de Manu, finalement Manu c'est vous et seulement vous Emmanuelle. C'est pour éviter les engueulades ?

Manu. Oui c'est un peu ça ;) En fait cela s'est fait naturellement avec mon premier album « Rendez-Vous ». Mon album exutoire en quelque sorte. Le propos était trop personnel pour être soumis à d'éventuelles modifications ou compromis. Ensuite passés les moments de doutes, j'ai pris goût à cette liberté nouvelle pour moi. Mais il est vrai que j'aime le partage et que le fonctionnement de groupe me manque parfois. Je le retrouve pour le live. Répéter avec mes nouveaux acolytes Matt Murdock et Laurent Duval, et mon fidèle ami Nirox, c'est à nouveau le partage, c'est plus ludique. Ensemble nous élaborons le set en vue des concerts à venir. Je sens que nous pourrions composer ensemble. Il y a une jolie complicité, un bel échange et surtout beaucoup de respect.

Quel commentaire vous suggère cette vidéo ?

Manu. J'adore cette version de « Je n'veux pas rester sage » par Timothée et son groupe Madison. Ce petit ange blond m'a re-donné l'envie de la jouer sur scène et je l'en remercie. C'est quand-même génial d'entendre une interprétation comme celle-ci, faites par des « gamins » qui n'ont pas connu Dolly à l'époque. C'est le frère de Timothée qui lui a fait connaître cette chanson. Il n'avait donc aucun a priori et l'a repris à sa manière avec ses influences à lui. Ce titre a marqué beaucoup de gens, il fait partie de leur vie. Je suis très fière de Dolly, c'était un groupe intègre avec un parcours irréprochable et pléthore de bonnes chansons qui n'ont pas vieilli.

Quel morceau, artiste ou album a été pour vous le déclic, qui fait ce que vous êtes aujourd'hui ?

Manu. Je reprendrais un peu ceux que j'ai cité précédemment … « Heart of glass » de Blondie a été le 1er 45 tours que j'ai demandé à ma mère de m'acheter. Je faisais des concerts dans ma chambre sur les albums de Pat Benatar aussi, bon là j'avoue que ça a moins bien vieilli ...et puis j'avais la chance d'avoir un grand frère qui achetait au moins 10 vinyles par semaine ! Cela allait de Pink Floyd à Status Quo, Led Zep et Iron Maiden, Beatles et Stones (ex-aequo, pourquoi choisir ?) et côté français Bijou, l'album Ok Carole, les Papillons noirs etc … magnifique ! J'ai eu une période mono-maniaque avec Prince. En boucle pendant deux ans … de Purple Rain jusqu'à Diamonds&Pearls, sans occulter les albums précédents. Puis j'ai eu ma période Joy Division et donc New Order, Pixies, Sonic Youth … et Madame PJ Harvey bien-sûr !
Mais je pourrais aussi citer Abba, je ne renie pas mon engouement pour les mélodies pop, Etienne Daho, Taxi Girl, Bashung, Gainsbourg, La Mano (Negra) en live, Madame Françoise Hardy pour son phrasé élégant, jusqu'à Sylvie Vartan, dont le 45 tours à Nashville avec 2 titres par face dont le morceau « si je chante  (c'est pour toi) »a sans doute été le déclencheur de ma carrière de chanteuse ;)

Dolly s’est arrêté il y a maintenant 10 ans, comment vit-on avec un avec un tel passé, une telle aventure ?

Manu. Comme je le disais, je suis fière de Dolly. Nous avons tout appris par nous-mêmes, étions très organisés et autonomes. Très bien entourée techniquement aussi. C'était ma famille.
Et elle a inspiré plus d'un groupe actuel, je tiens à le préciser, car certains le disent et d'autres pas.
C'était une belle aventure à laquelle je rends hommage comme je peux et à chaque fois que je peux. Et j'avance, je continue d'apprendre. Je veux continuer à prendre du plaisir en faisant de la musique. Profiter du présent surtout.


Vous allez jouer le 12 juin à Cordemais dans le cadre du festival Rock'Estuaire. C'est une date importante pour vous ?

Manu. Oui c'est important pour plusieurs raisons. D'abord c'est la 1ère fois qu'un festival de ma région m'invite. De plus ce sera leur première édition et les personnes qui sont à l'origine de ce projet sont des gens passionnés et plein de belles énergies. Ce sera pour nous l'occasion de présenter la plupart des nouveaux titres. On est aussi content que fébrile. Surtout très impatients !


Merci Emmanuelle

Interivew réalisée par les voies numériques le 5 juin 2015
Plus d'infos sur Manu ici et
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