Nantes : Rhum for Pauline décapsule son premier album

En 7 ans d'existence, Rhum for Pauline ne s'est pas seulement fait un nom dans le paysage pop nantais. Il s'est fait une place, une place que personne n'a osé revendiquer lorsque le groupe s'est éclipsé durant 3 ans. Il est aujourd'hui de retour, la maturité et un album en supplément. Interview !

Ils auraient pu choisir Schnaps für Grete ou calva pour Gustave mais ils ont préféré Rhum for Pauline. Et quelque part, nous ne pouvons que les en remercier. Le bon goût, ça se partage.

Mais ne les prenez pas pour des représentants de commerce en alcool tropical pour jeunes femmes libérées, les Rhum for Pauline ne représentent qu'eux même et c'est déjà pas mal. 7 ans de vie commune, 3 EP, autant de clips et... après une petite éclipse de trois ans à explorer de nouvelles directions, retour au bercail pour réaliser un album, "Leaving Florida". Comme quoi, tous les chemins mènent à Rhum for Pauline.

Romain Lallement au chant, Thibaud Van Hooland à la basse, Émile Ployaert à la batterie, récemment rejoints par Antonin Pierre à la guitare (ex-Pony Pony Run Run) et Raphael (Pegase) au synthé, oui, Rhum for Pauline a un peu changé, évolué, mûri. Le groupe a laissé ses 20 ans derrière lui, sans regret, prêt à affronter le monde  adulte. Même sa musique a pris de la bouteille. La spontanéité et l'insouciance des premiers instants a laissé place à la réflexion, à l'expérience, au talent. 

Pour ceux qui reviendraient d'un stage intensif de maquettes en allumettes sur l'Île de Pâques, Rhum for Pauline c'est ça...

Interpellés, que dis-je subjugués par ce très beau clip posté sur les réseaux sociaux il y a deux jours, nous ne pouvions décemment restés silencieux plus longtemps. Tant de questions se posaient. Pour y répondre : Romain et Émile. Rencontre...

La sortie d'un premier album est un moment forcément très important. Comment le vivez-vous ?

Plus excités que jamais. C'est pour nous l'accomplissement d'un long cheminement qui à plein de moments aurait pu ne jamais voir le jour. Mais on s'est chacun donné la force et le courage nécessaires pour en voir le bout. A la fois, Nous sommes très sereins et fiers de notre album, de notre live, de tout ce que l'on pouvait accomplir par nous même. Nous ne maîtrisons pas la suite, tout ce qui va arriver sera du plus.

Vous avez déclaré lors d'une interview que les chansons de votre album "Leaving Florida" étaient les plus sincères et les plus profondes que vous ayez jamais composées. Les autres n'étaient que mensonge et vanité ?

Non, pas pour autant. Mais elles sont significatives de notre état d'esprit de l'époque. Elles correspondent à une spontanéité et une insouciance qui ne sont plus à l'ordre du jour. Non pas que nos vies soient d'une noirceur extrême actuellement, mais nous sommes plus les mêmes personnes qu'il y a 5 ans, et nous souhaitions témoigner de ça, de ce qui a changé entre nous adolescents et nous jeunes adultes.

Que raconte finalement cet album ?

Cette transition, justement. Ces quatre années écoulées entre 2012 et 2015 ont finalement été charnières, il n'était plus possible de repartir du même endroit. L'album raconte la nécessité d'être vrai, vrai dans nos choix et dans qui on est. À 26 ans, on se pose davantage de questions qu'à 18. Qui sommes-nous ? Qui devenons-nous ? Cet album est comme un constat de notre adolescence passée.

Après deux EPs, le groupe s'est un peu effacé durant trois ans. On aurait même pu imaginer le groupe dissous. Qu'avez-vous fait pendant tout ce temps ?

Nous avons mis un certain temps avant de trouver un équilibre. Nous avons ré-agencé l'esthétique de notre groupe de fond en comble, redéfini les contours de notre musique, recherché son identité. Pendant pendant plus d'un an, nous avons refusé de nous produire sur scène afin d'écrire et enregistrer Leaving Florida. Heureusement, nous n'avons pas perdu l'expérience des concerts en tournant tout 2014 aux côtés de Pegase, ce fut extrêmement formateur de vivre une réelle tournée tout en expérimentant dans notre coin.

Vous êtes de retour avec un line-up qui a évolué. Comme la musique d'ailleurs. Et la voix. Peut-on parler d'une renaissance ? D'un changement de cap ? Ou d'une évolution normale ?

D'une renaissance, dans un sens, et d'une affirmation claire d'une identité qui était déjà là. L'évolution vocale de Romain en est une continuité. C'est moins un revirement brutal qu'une évolution réfléchie et sur le long terme.

Votre premier EP s'appelait "Miami", votre album s'intitule "Leaving Florida", votre dernier clip "Pan Peter" a été tourné en Islande… Faut-il comprendre que vos influences ont changé?

Alors oui, le clin d'œil est de mise entre Miami et Leaving Florida. Nous parlions d'un au-revoir à nos années insouciantes précédemment. Miami ayant été enregistré à l'aube de nos vingt ans, c'était une manière de quitter cette époque-là avec nostalgie et sérénité. En ce qui concerne Pan Peter, c'est surtout un bel imprévu : Eleonore Wismes (de Carcace, qui a réalisé le clip) a contacté notre label FVTVR avec cette proposition. Au vu des images, nous n'avons pu qu'accepter !

D'un côté la côte Est des Etats-Unis, de l'autres l'Islande et au milieu la France. Vous êtes je crois très attaché à Nantes. C’est le bon endroit pour faire de la pop aujourd'hui en France ?

En ayant sillonné les routes de France aux côtés de Pegase l'année dernière, nous avons pu rencontrer pas mal de groupes de nos âges répétant aux quatre coins de l'Hexagone. À chaque retour de date, force était de constater que nous sommes particulièrement bien lotis ici. Disposer d'un lieu (à Trempolino, ndlr) qui est notre studio et notre salle de répétition est agréable. Cela nous permet de fréquenter nos amis musiciens tout au long de la semaine, mais aussi d'être à l'affût de nouveaux projets, faire de nouvelles connaissances (comme les Bantam Lyons ou The Slow Sliders, récemment).

Les Inrocks parlent de claque musicale et visuelle à propos de votre clip. Ça vous fait plaisir j’imagine, qui en a eu l’idée ?

Éléonore Wismes nous a proposé ce scénario après avoir écouté Pan Peter. Elle allait partir en Islande peu de temps après, c'est très bien tombé.

La mise en images de votre musique correspond-elle généralement à ce que vous aviez vous-même en tête ? Comment travaillez-vous avec les réalisateurs de vos clips ?

À partir du moment où nous confions la réalisation à quelqu'un extérieur au groupe, il faut accepter de lui laisser carte blanche et instiller sa vision au sein de notre musique. C'est aussi effrayant qu'excitant, que ce soit avec nos amis de Rægular ou avec Éléonore. Les résultats sont toujours surprenants, et à chaque fois de manière positive.

Restons sur le côté visuel. Votre pochette a été réalisée conjointement par un photographe et un auteur de BD. Qui a décidé de cette association ?

Nous. Gregg Bréhin comme Cyril Pedrosa sont des amis de longue date. Faire appel à eux s'est fait de manière spontanée et naturelle, car nous avions envie de travailler ensemble depuis longtemps. C'est en tombant sur la pochette du premier Dick Annegarn qu'Emile eut l'envie de combiner leurs deux domaines.

Nous sommes des acheteurs de disques depuis toujours, des consommateurs effrénés de matière sonore.


Quel artiste, album ou titre a été pour vous un déclic et fait ce que vous êtes aujourd’hui ?

Nous sommes des acheteurs de disques depuis toujours, des consommateurs effrénés de matière sonore. La liste serait bien trop longue, et la vérité c'est que c'est sur le son de Rhum For Pauline que l'on se rejoint, et pas sur celui d'un autre artiste. Si c'était le cas, je pense que l'on serait dans une forme de copie. On est évidemment influencés, mais pas de manière claire. Dur à dire, donc.

Quel commentaire vous suggère cette vidéo ? Tame Impala

Un bon morceau, si ce n'était pas Tame Impala. On est fan des deux premiers albums, où les morceaux sont plus proches du grandiose que du simplement bon.


Et celle-ci ? Pegase

On l'aime bien. Ça a été réalisé par Anthony Poulon, qui a réalisé une superbe vidéo live pour nous, au Château des Ducs de Bretagne (Boyshake Lady, ndlr).

Votre coup de coeur du moment ?

Mild High Club, l'album s'appelle Timeline, ça vient de sortir, c'est de Los Angeles, c'est très beau.
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Votre album sort vendredi, que ferez ce jour-là et les 3000 jours suivants ?

On écoutera des disques. On en passera. On en fera.

Merci Romain et Émile. Merci Rhum for Pauline.

Propos recueillis par Eric Guillaud le 23 septembre 2015

Plus d'infos sur le groupe ici ou
Une belle chronique de l'album signée 
Jean Thooris ici-même

Sortie de l'album vendredi 25 septembre, showcase samedi 26 septembre à 17 h 30 à l'espace culturel Leclerc Atout Sud à Rezé et concert au Ferrailleur à Nantes le jeudi 1er octobre

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