Scopitone multiplie les surprises cette année. Après la programmation de College mercredi soir en remplacement du producteur anglais Sophie, le festival nous offre sur un plateau le Nantais Joan Maël Péneau, aka Maelstrom, qui incarne le renouveau de la techno industrielle hardcore. Interview.
Aucun doute, sa musique appartient au côté sombre de l'electro. Une musique née quelque part du coté des raves illégales qu'il a assidûment fréquentés, mais aussi du côté des friches industrielles et des chantiers navals comme ceux de Nantes, sa ville natale.
Sombre comme la cale d'un navire, brute comme l'acier, libre et subversive, la techno de Maelstrom serait parmi les plus excitantes du moment. Vous pourrez le vérifier par vous-même samedi en deux sets, un Djset surprise à minuit sous les Nefs (en mode silent party) puis un live prévu celui-ci de longue date, à 1h50 dans la salle maxi de Stereolux en compagnie de son complice Djedjotronic. Ensemble, ils vous feront découvrir leur nouveau projet "Lost Echoes". Rencontre...
Vous n'étiez pas initialement programmé sous les Nefs samedi soir. Que s'est-il passé ?
Maelstrom. On en parlait depuis un moment avec les programmateurs du festival, mais je crois qu’ils avaient envie de garder le secret jusqu’au dernier momentQu'attendez-vous de ce passage à Scopitone, double passage même puisqu'on vous retrouvera plus tard dans la soirée aux côtés de Djedjotronic pour votre nouveau projet live "Lost Echoes" ?
Maelstrom. C’est une date très spéciale pour moi puisque je suis Nantais. Les Nefs sont un lieu important dans l’histoire et l’imaginaire de la ville : c’est un lieu qui a accueilli les chantiers navals, dans lesquels des générations d’ouvriers nantais ont travaillé, il y a donc un aspect symbolique assez fort à y jouer de la musique, en particulier de la musique techno, puisque nous puisons nos inspirations dans cette période industrielle et mécaniste, où les machines, les outils et le savoir-faire technique jouaient un rôle important.
Lost Echoes, c’est un projet qui me tient particulièrement à coeur. Il s’agit d’une performance live à quatre mains avec Djedjotronic, dans laquelle on n’utilise pas d’ordinateur, mais exclusivement des machines analogiques (synthés, sampleurs, boites à rythmes). Une grande partie du matériel musical sera improvisé sur place, en fonction du lieu, du public, et de notre état d’esprit sur le moment. Il y a donc une prise de risque importante, mais aussi beaucoup d’espace laissé à l’imprévu et c’est souvent de cette manière qu’on trouve de nouvelles pistes.
Un set en mode silent party ? C'est une première pour vous ? Qu’est-ce que vous en pensez ?
Maelstrom. C’est une façon différente et nouvelle d’envisager un DJ set, je vais essayer de parler un peu plus au mental qu’au physique, puisque le public ne pourra pas percevoir les vibrations du son autrement que par leurs casques, alors que dans un club ou dans un festival, les basses font vibrer tout le corps.Vous portez le nom de Maelstrom, un puissant tourbillon. Est-ce ainsi que vous définiriez votre univers musical ?
Maelstrom. Oui. J’ai tendance à ne pas laisser le choix, il y a un aspect un peu impératif dans mon travail.On dit que vous faites le tour du monde, de clubs en festivals. Ça ressemble à quoi la vie d'un Dj en 2015 ?
Maelstrom. C’est l’occasion d’être plongé très rapidement dans des univers différents. Il y a deux semaines j'étais en tournée en Australie (Sydney, Melbourne, et la gold coast, le paradis des surfers) et samedi dernier à Charleroi en Belgique dans une usine abandonnée pour une rave techno, au coeur du « Pays Noir » dévasté par la disparition de la sidérurgie et du charbon. On est sans arrêt en mouvement, et cette insécurité qui est le quotidien de tous ceux qui font le choix d’un métier artistique nous donne aussi une grande liberté, tout en étant une source d’inspiration inépuisable.##fr3r_https_disabled##
On est loin des raves que vous avez fréquentées à une époque je crois, du côté illégal et révolté contre l’ordre établi ?
Maelstrom. Je crois que la nuit reste un espace de liberté. Quel que soit le lieu ou la période, danser jusqu’à l’épuisement sous une pluie de stroboscopes est une activité jubilatoire, libératrice, qui rompt avec le quotidien et les normes sociales. Même si notre musique est mieux acceptée par les autorités (ce qui est une très bonne chose) elle conserve un aspect subversif, ne serait-ce que par sa forme : un volume sonore élevé, des motifs rythmiques répétitifs qui induisent une sorte de transe ou d’hypnose collective.Qu’est-ce qui vous a attiré dans le milieu techno et qu’est ce qui vous y retient aujourd’hui ?
Maelstrom. C’est justement cet aspect subversif, peut être même plus que la musique au départ.Quel est l'album, le titre, le Dj... qui vous a incité à vous jeter corps et âme dans la techno ?
Maelstrom. Spiral Tribe. Un groupe d’Anglais expulsés du royaume-uni par Thatcher au début des années 90. Ils parcouraient l’Europe avec des camions et un sound system, et avaient un discours subversif autour de la question de la propriété, de l’argent, de la fonction même de la fête qui tranchait avec tout ce à quoi j’avais été exposé jusque là.Outre vos confrères et leur musique, qu'est ce qui peut influencer votre musique ?
Maelstrom. Mon environnement - la ville - les livres.Quels disques traînent en ce moment du coté de votre platine ?
Maelstrom. Le test pressing du premier disque de mon nouveau label RAAR. L’album d’Helena HAUFF. Nick Hoppner remixé par The Black Madonna sur Ostgut Ton.Allez-vous profiter de votre passage à Scopitone pour aller écouter d'autres artistes ?
Maelstrom. J’espère avoir le temps d’écouter Mod3rn, Mathias Aguayo et Josh Wink.Merci Maelstrom
Propos recueillis par Eric Guillaud le 16 septembre 2015Maelstrom sera en live samedi à minuit sous les Nefs en version silent party puis en compagnie de Djedjotronic à 01h50 dans la salle maxi de Stereolux. Plus d'infos sur Maelstrom ici