Dans la nuit du 7 au 8 mai dernier, deux jeunes hommes de 16 et 18 ans ont été violemment agressés avec des barres de fer et des bouteilles en verre. Ce mardi, quatre personnes ont été interpellées.
L'affaire avait suscité l'émoi à Nantes. Il est minuit et demi, le soir du deuxième tour de l'élection présidentielle, quand Erwan et Steven rentrent chez eux à vélo. Arrivés au niveau de l'arrêt de tram Du Chaffault, ils sont surpris par quatre individus armés de barres de fer et de bouteilles en verre. "Eh, t'es antifa toi ?" lancent-ils aux garçons, avant de les passer à tabac.
Le garçon de 18 ans est toujours hospitalisé après de multiples fractures. Il devra porter un corset et une minerve pendant encore deux mois et écope d'un an d'ITT (incapacité totale de travail). Son ami Steven s'en est sorti avec des blessures plus légères.
Quatre hommes en garde à vue
Mardi et mercredi, soit un mois et demi après les faits, la police a interpellé quatre individus, tous majeurs. Ils ont été placés en garde à vue et ont reconnu les faits. Un soulagement pour Erwan. "Depuis que j'ai appris la nouvelle, ça va mieux. C'est rassurant de les savoir en garde à vue pkutôt qu'en liberté. Ils auraient très bien pu recommencer avec quelqu'un d'autre."D'après le procureur de la République, les premières auditions laissent à penser que l'acte était prémédité. Les quatre individus soupçonnaient effectivement Erwan et Steven d'être des antifascistes. Plus tôt dans la soirée, ils avaient été poursuivis par des manifestants anti-FN. Cherchant à se venger, ils ont identifié Erwan comme faisant partie de leurs opposants... avant de se rendre compte qu'il y avait erreur sur la personne.
Le jeune homme a toujours du mal à comprendre. "Pourquoi moi ? Je ne me suis jamais vraiment intéressé à la politique. Quand je me suis réveillé à l'hôpital, je pensais qu'ils m'avaient tout volé, que c'était pour ça qu'ils m'avaient agressé. Mais on m'a dit qu'ils n'avaient rien pris."
Des liens avec le GUD
Les quatre individus sont en cours de défèrement. Un juge d'instruction doit être saisi. Les quatre hommes, âgés de 21 à 28 ans, risquent gros. Ils doivent comparaitre pour "violence en réunion susceptible d'entraîner une infirmité permanente" sur Erwan, un crime qui peut être puni de 15 ans de réclusion, et pour "violences agravées" sur Steven, un délit pour lequel ils risquent cinq ans de prison. Les chefs d'inculpation peuvent encore évoluer : les enquêteurs doivent encore définir le rôle précis de chacun dans l'agression, et s'il y avait une intention de donner la mort.Trois des suspects ont reconnu appartenir au GUD, une organisation étudiante d'extrême droite connue pour sa violence. Le quatrième admet aussi avoir des liens avec l'organisation.
Le juge des libertés et de la détentiondoit maintenant décider de leur maintien en détention provisoire. L'un des quatre hommes avait déjà été condamné poiur des faits de violence à Angers.