Andy Kerbrat, député de Loire-Atlantique, a interpellé le ministre de l'Intérieur mardi 21 mars à l'Assemblée nationale. Objectif : obtenir une réaction concernant l'agression sexuelle présumée de plusieurs étudiantes à Nantes par des policières lors d'une fouille. Il s'insurge de l'absence de réponse du ministre.
À la question "Rendez-vous hommage à ces agents ou sanctionnez-vous ces pratiques ?", Andy Kerbrat n'a pas obtenu de réponse du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, mardi 21 mars à l'Assemblée nationale.
Le député Nupes de Loire-Atlantique interpellait le ministre au sujet des agressions sexuelles présumées de cinq étudiantes à Nantes mardi 14 mars.
Ces violences auraient été perpétrées par des policières lors d'une intervention à la fin d'un barrage filtrant sur le périphérique de Nantes.
"Il n'a même pas eu un mot pour les plaignantes, malgré les termes ignobles qui leur ont été adressés", dénonce Andy Kerbrat.
Le ministre n'a même pas eu un mot pour les plaignantes.
Andy KerbratDéputé Nupes de Loire-Atlantique
"Ça montre le dysfonctionnement qui existe dès qu'on parle de violences sexistes et sexuelles dans la police nationale", poursuit-il.
Une demande de suspension à titre conservatoire
Le ministre de l'Intérieur a fait l'impasse sur la question du député, préférant évoquer "les 394 policiers et gendarmes blessés" et "leur courage".
"Je veux dire aujourd'hui qu'il n'est pas dans l'État de droit de s'en prendre à des bâtiments publics, de saccager des mairies", a-t-il ajouté, sous les huées de certains élus : "Répondez aux questions !".
"C'était une question dure à poser, mais importante pour appeler à la responsabilité du ministre en tant que donneur d'ordre, et qu'il se saisisse de la réalité", explique Andy Kerbrat.
C'était une question dure à poser, mais importante pour appeler à la responsabilité du ministre en tant que donneur d'ordre.
Andy KerbratDéputé Nupes de Loire-Atlantique
Le député se dit indigné par l'absence de réaction du ministre. Il espérait une condamnation orale des actes présumés, et une suspension à titre conservatoire des policières qui auraient été à l'origine de ces agressions, le temps que l'enquête de l'Inspection générale de la police nationale aboutisse.
"C'est la meilleure solution pour que l'enquête se passe bien", avance-t-il.
Le député annonce rencontrer le préfet de Loire-Atlantique vendredi 24 mars pour réaffirmer l'importance de suspendre les fonctionnaires de police. "J'espère qu'il n'y aura pas d'autre affaire de ce genre", déclare le député.
Une "stratégie répressive des mouvements sociaux"
Andy Kerbrat souhaitait également mettre le ministre de l'Intérieur face aux violentes scènes de répression des manifestations depuis l'utilisation de l'article 49.3 pour adopter la réforme des retraites.
"Il y a une stratégie répressive des mouvements sociaux, et une brutalisation du maintien de l'ordre depuis le 49.3", estime-t-il.
Il y a une brutalisation du maintien de l'ordre depuis le 49.3.
Andy KerbratDéputé Nupes de Loire-Atlantique
Andy Kerbrat considère que "les donneurs d'ordre encouragent la brutalisation" à travers la chaîne de commande.
"Des ordres sont donnés aux préfectures sur le maintien de l'ordre et la gestion des manifestations. Le gouvernement a présenté les manifestations non déclarées comme illégales, alors que c'est faux. On est dans le mensonge", affirme le député.
Une violence illégitime ?
Le syndicat de la magistrature a fait état d'arrestations abusives, notamment à Paris, dans un communiqué paru le 21 mars.
La manifestation du jeudi 16 mars place de la Concorde a entraîné 292 gardes à vue de manifestants, dont seules 9 ont donné lieu à des poursuites pénales.
"Le syndicat des avocats, le syndicat de la magistrature, la Ligue pour les droits de l'Homme et la Cour européenne des droits de l'Homme le disent, énumère Andy Kerbrat, Ce n'est pas que le député Kerbrat seul sur son rocher."
L'élu en appelle à la responsabilité politique de Gérald Darmanin en sa qualité "d'organisateur du maintien de l'ordre".
"L'exercice de la violence légitime dépend d'une chaîne hiérarchique. Là on a une violence qui, au final, n'est plus légitime", conclut-il.