Ce jeudi 5 mai, la société Castel Viandes et trois de ses dirigeants comparaissent devant le tribunal correctionnel de Nantes pour tromperie. Ils sont soupçonnés d'avoir délibérément vendu de la viande avariée entre 2010 et 2013.
La société Castel Viandes, abattoir et atelier de découpe de viande industrielle basée à Châteaubriant, son PDG et deux cadres sont poursuivis pour 3 griefs : la mise sur le marché de produits préjudiciables à la santé, tromperie sur la qualité d'une marchandise et entrave à des contrôles sanitaires
Pour Me Benoît Chabert, l'avocat de la défense, le procès s'annonce long et difficile.
Le procès a débuté par des questions de procédure : Pierre Hinard, l'ancien responsable qualité chez Castel Viandes à l'origine des dénonciations de fraude à la sécurité alimentaire est-il recevable à se constituer partie civile à ce procès ? Est-il un lanceur d'alerte ? Est-il une victime directe des agissements de son ancien employeur ?
"La convention européenne des Droits de l'Homme qui protège la liberté d'expression, les conventions de l'Organisation internationale du travail, les dispositions du code du travail disent qu'il est interdit de licencier le salarié qui dénonce des crimes et délits", affirme Eva Joly son avocate, qui va tenter de lier dans cette affaire le civil au pénal, pour introduire dans le procès la question de son statut de lanceur d'alerte. Une demande approuvée par l'avocat général.
La Cour ne s'est pas prononcée sur cette question. La décision de recevabilité de la constitution de partie civile sera donné en même temps que le jugement pénal. Pierre Hinard pourra tout de même s'exprimer pendant le procès, en tant que témoin.
L'après-midi à la barre, place aux 3 prévenus : le PDG de la société Castel Viandes, Joseph Viol et deux de ses cadres anciens responsables qualité et production au moment des faits. Plus de 3 heures de débats, entre incohérences, et transparence. L'avocat de la société plaide la relaxe : "Commettre une erreur et la réparer, ce n'est pas une infraction (...). C'est une infraction que s'il y a eu la mise en danger d'une personne. Or on démontre qu'il n'y a jamais eu de mise en danger de qui que ce soit"
A la sortie de l'audience, Pierre Hinard se dit révolté par les propos entendus lors du procès : "On s'entend dire que, finalement, jouer avec la vie des gens pour du fric, du business, ça reste possible. Non ce n'est pas possible".
La matinée a aussi été marquée par l'expertise technique d'un expert vétérinaire sollicité par la défense, et par l'audition d'un gendarme en charge de l'enquête au moment des faits.
Le procès devrait se poursuivre jusqu'au vendredi 6 mai.