La société Castel Viandes et trois de ses dirigeants, soupçonnés d'avoir délibérément vendu de la viande avariée entre 2010 et 2013, doivent comparaitre ce jeudi 5 mai devant le tribunal correctionnel de Nantes pour tromperie.
Plus de 10 ans après les faits, le procès de l'entreprise Castel Viandes à Châteaubriant, abattoir et atelier de découpe de viande industrielle aura enfin lieu au tribunal correctionnel de Nantes, ce jeudi 5 mai 2022.
L'entreprise est accusée de fraude à la sécurité alimentaire. Au cœur du scandale, de la remballe de viande avariée. Des faits dénoncés en 2008, en interne, par le responsable qualité de Castel Viandes, Pierre Hinard, licencié juste après.
Enquête ouverte en 2013 après les accusations d'un ancien salarié
5 ans plus tard, en 2013, Pierre Hinard affirme publiquement que l'abattoir recyclait des viandes issues d'invendus de supermarchés, pratique illégale. Une information judiciaire est alors ouverte.
Trois dirigeants poursuivis pour tromperie sur la qualité de la marchandise
Le PDG du groupe, Joseph Viol, ainsi que deux cadres, Michelle Perron et Denis Leclerc, sont poursuivis pour "tromperie sur la qualité d'une marchandise", "mise sur le marché de produits d'origine animale préjudiciables à la santé" et "entrave" à des contrôles sanitaires.
L'avocat de Castel Viandes et de son PDG, Me Benoît Chabert, "conteste l'ensemble des préventions" et plaidera la relaxe : "M. Hinard a été licencié en 2008. S'il avait vraiment su que des consommateurs étaient en danger, pourquoi aurait-il attendu autant de temps pour parler, au risque de laisser des gens tomber malade ? Il utilise l'intérêt général pour défendre un intérêt personnel".
Pierre Hinard pris en grippe à l'époque
Pierre Hinard, qui se considère "lanceur d'alerte" dans cette affaire, s'est constitué partie civile pour ce procès. Il affirme avoir subi depuis des pressions du fait du fort réseau d'influence de Castel Viandes.
C'est inquiétant pour la santé publique
Eva Joly, avocate de Pierre Hinard
Selon son avocate et ancienne députée européenne, Eva Joly : "toute la chaîne de commandement de la protection de la population n'a pas marché. Il y avait une complaisance entre ceux qui devaient contrôler et l'entreprise à contrôler. C'est inquiétant pour la santé publique".
Flunch et McKey parties civiles
Et Pierre Hinard ne sera pas la seule partie civile, ce jeudi, à Nantes. À l'époque, la société fournissait la grande distribution comme Auchan et Système U, les traiteurs industriels Lustucru et William Saurin et la restauration rapide, à savoir : Flunch et McDonald's. Le fournisseur en steaks hachés de ce dernier, McKey et Flunch, qui avaient alors suspendu leur approvisionnement, ont également décidé de se porter parties civiles.
Tout comme l'UFC Que Choisir qui pointe de son côté la "désinvolture" du groupe "vis-à-vis des questions sanitaires à l'époque des faits" et se dit "choqué" par la "diversité des pratiques de contournement".