Sept prévenus comparaissent devant le tribunal correctionnel de Nantes lundi 10 juillet pour des faits de trafic de drogue. Suspectés d'être responsable du meurtre d'Abdelghani Sidali le 11 janvier 2021 lors d'un règlement de compte, ils refusent tous de lever le voile sur l'auteur des tirs.
Le procès aurait dû se dérouler devant une cour d'assises, mais ce sont les murs rouge sang de la 6e chambre du tribunal correctionnel de Nantes qui accueillent l'audience de sept hommes âgés de 20 à 28 ans ce lundi.
Ils comparaissent pour différents délits en lien avec le trafic de stupéfiants, à savoir "l'acquisition, la détention et l'offre non autorisées" d'héroïne, de cocaïne et de cannabis. Ils sont aussi suspectés du meurtre d'Abdelghani Sidali, 15 ans, commis le 11 janvier 2021.
Sans meurtrier identifié, pas de comparution devant une cour d'assises. "Le fait que les prévenus refusent de parler et se couvrent les uns les autres fait qu'aujourd'hui la qualification est délictuelle plutôt que criminelle", explique Maître Anne Bouillon, avocate des parties civiles.
Parmi ces dernières, figure la mère de l'adolescent qui a été abattu au pied de son immeuble du quartier des Dervallières, dans l'ouest de Nantes. Abdelghani Sidali a été blessé de plusieurs balles avant de succomber deux jours plus tard à l'hôpital.
Une marche blanche avait réuni 450 personnes sur la place du Commerce le 16 janvier afin de demander justice pour le jeune adolescent, et pour manifester l'insécurité ressentie dans le quartier des Dervallières, gangrené par le trafic de drogue.
"L'espoir que les langues se délient"
"Les attentes de la famille, ce sont des réponses. On sait à qui a profité le crime, on sait les circonstances dans lesquelles ce gamin de 15 ans est mort. On sait qui a organisé ce crime. Mais on ne sait toujours pas qui a tiré", détaille Me Bouillon.
C'est l'omerta la plus totale, les versions sont contradictoires. Aucun des prévenus n'a eu le courage, la dignité de dire la vérité et de prendre ses responsabilités.
Maître Anne BouillonAvocate des parties civiles
"Ils ont l'espoir que les langues se délient et que quelqu'un dise qui a tiré sur la gâchette et tué ce jeune qui n'avait absolument rien à voir avec ce sordide trafic de drogue", ajoute l'avocate.
Des quartiers de danger
Anne Bouillon précise toutefois que les peines encourues sont importantes, et que la mort d'Abdelghani Sidali aura une réponse pénale, même si les prévenus décident de garder le silence concernant l'identité de l'auteur du crime.
"C'est le procès de cette dérive qu'on voit avec des gens de plus en plus jeunes, violents et armés qui se livrent de véritables guerres de gangs, pour récupérer leur terrain, parce que c'est l'argent avant tout", estime-t-elle.
Ça nous renvoie aussi sur ce que nous avons créé comme quartiers de relégation et de danger.
Maître Anne BouillonAvocate des parties civiles
Abdelghani Sidali était "au mauvais endroit, au mauvais moment, mais force est de constater que dans ces quartiers, on y est souvent", commente Anne Bouillon, qui relève que ce genre d'affaire interroge sur la vie dans ces quartiers, où le danger de mort est quasiment quotidien.
Durant les trois jours d'audience, la cour va devoir déterminer les liens des hommes assis dans le box avec les trafics de drogue qui minent les quartiers des Dervallières et de Bellevue. Certains prévenus encourent jusqu'à 10 ans de prison.
Avec Sandrine Gadet et Frédéric Gunchec