On leur doit les uritrottoirs, des bacs posés dans des places stratégiques pour permettre aux hommes de se soulager sans dégrader les murs et les rues. Les designers de Faltazi proposent maintenant la version féminine, dans le même esprit écolo mais plus complexe.
Ils ont commencé à fleurir en 2017 dans les rues de Nantes. Les uritrottoirs de Faltazi sont désormais huit dans la ville et quatre autres devraient bientôt être installés.
Les uritrottoirs, ce sont des bacs posés dans des rues, souvent un peu à l'écart et qui, de ce fait, attiraient les fêtards désireux de soulager leur vessie. Laissant derrière eux traces et odeurs insupportables pour les riverains et les commerçants.
Recueillir les urines afin de les valoriser
Laurent Lebot et Victor Massip ont eu l'idée de concevoir ces réceptacles végétalisés installables facilement dans des petits coins discrets et dont la vocation est aussi environnementale puisque le but final est de recueillir les urines afin de les valoriser en tant qu'engrais agricole du fait des phosphates qu'elles contiennent."On a mis quatre ans pour le développer, explique Laurent Lebot. On veut maintenant faire un prototype avec une première installation. On aura ensuite les retours de la ville qui l'essaiera." Faltazi est donc en phase de recherche d'un partenaire.
Evidemment, il n'est pas question de proposer pour les femmes un simple bac à fleurs pour la petite commission. Il a fallu imaginer une cabine, intimité et sécurité obligent. Et à l'intérieur, un système qui permet de se soulager sans contact, pour préserver l'hygiène.
Reste aussi à s'assurer du civisme des utilisateurs(rices). L'équipement est réservé aux femmes pour ne pas que ces messieurs salissent les lieux et consacré à la seule petite commission. L'idée étant de valoriser les urines.
On aurait pu, pour le même service, proposer des toilettes sèches. Sauf que les déjections mélangées mettent plus de temps à être valorisées et que Faltazi souhaitait proposer un mobilier de qualité et confortable.
"On se détache complètement des réseaux fait valoir Laurent Lebos, on se pose où on veut ! La cabine est simple et ventilée. Il y aura un niveau de confort équivalent aux toilettes classiques".
Une valorisation encore à l'étude
Le volet écolo du projet est encore à venir. Car, pour le moment, les urines collectées dans ces uritrottoirs, 42 m3 à Nantes en 2019, partent dans les stations d'épuration. L'idée est quand même d'utiliser un jour le phosphate dans les cultures. Une société bordelaise serait sur le coup."On peut même utiliser l'urine pour fabriquer du propergol, le carburant pour les fusées !" nous apprend Victor Massip, l'un des deux designers de Faltazi.
Un argument peut-être un peu moins écolo...
A noter que les Danois ont mis au point un autre système d'urinoir féminin, moins protégé, il n'y a pas vraiment de cabine, et testé en différents lieux en France, villes, festivals...
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Faltazi est une société nantaise, spécialisée dans le design d'objets industriels type fer à repasser, aspirateur ou poussette. Faltazi a été créé en 2000 par deux designers, Laurent Lebot et Victor Massip.