Télétravail : "une inflammation chronique générale", les troubles musculo-squelettiques, le mal du confinement

Fortement recommandé en raison de la pandémie de Covid-19, le télétravail s’accompagne aussi d’une augmentation des troubles musculo-squelettiques (TMS). Kinésithérapeutes et ostéopathes notent une hausse sensible de patients.

Lombalgies, douleurs musculaires, tendinites, cervicalgies, ces maux caractéristiques du travail sédentaire sont en augmentation depuis un an, relèvent les kinésithérapeutes et les ostéopathes. L’intensification du télétravail serait l’une des causes principales.

Car à domicile, les salariés ne sont pas tous équipés de bureau adéquat ou d’un fauteuil ergonomique. Travailler sur une table de salon, ou sur un coin de table dans la cuisine, calé sur un tabouret, peut vite devenir très inconfortable, sans compter la difficulté à s’isoler dans un lieu calme.

La qualité de l’installation du poste de travail est, selon Sébastien Troger, kinésithérapeute à Nantes, le second facteur favorisant les troubles musculo-squelettiques.

Le premier facteur reste cependant le contexte bio-psycho-social : le confinement et l’intrusion du travail à domicile accentuent la pression sur les salariés. "Certains ont l’impression de devoir en faire plus", remarque ainsi Sébastien Troger.
 

"L'être humain n'est pas fait pour travailler assis"

La difficulté de séparation entre la sphère professionnelle et privée, l’isolement du collectif, l’augmentation de la charge mentale, font partie des risques psychosociaux identifiés par l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS).

"Il ne se passe pas une journée sans que je vois un patient qui s’est déclenché des douleurs dues au confinement et au télétravail", confirme Julien Delhumeau, ostéopathe.

L’environnement stressant du climat actuel provoque une inflammation chronique générale, toute comme le manque de sommeil ou la mauvaise alimentation ».

Julien Delhumeau, ostéopathe

"Les tensions nerveuses peuvent se manifester au niveau corporel", souligne Hakan Ucler, également ostéopathe. Stress, journées de travail sans fin, sentiment de se sentir emprisonné, les tensions s’accumulent alors même qu’en période de confinement les activités physiques sont fortement réduites.

"L’être humain n’est pas fait pour travailler assis. Même avec la meilleure installation possible, la position assise crée des problèmes à terme" explique Sébastien Puglisi, kinésithérapeute.

"L’ergonomie en France est très mal gérée" regrette-t-il, prenant l’exemple des pays nordiques où la pratique sportive est intégrée dans la culture d’entreprise.
 

"Le mouvement, c’est la vie"

A l’heure du reconfinement, les activités physiques sont fortement réduites et pour les télétravailleurs, rejoindre le bureau à vélo ou se faire une balade à la pause déjeuner ne sont plus d’actualité. Pourtant, kinésithérapeutes et ostéopathes sont tous d’accord : pour réduire les risques de troubles musculo-squelettiques, il faut bouger.

"Il est nécessaire de bouger le plus fréquemment, quitter son poste de travail pour préserver sa santé physique et mentale",  défend Sébastien Puglisi.

Il ne faut pas sous-estimer l’importance du mouvement, il ne faut pas rester statique trop longtemps

Hakan Ucler

Faire des pauses régulières, se lever, en profiter pour faire quelques étirements permettent de réduire les tensions, assure Sébastien Troger. 

L’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles conseille également de garder le même rythme de travail que celui pratiqué en entreprise et de "garder des contacts réguliers avec les collègues pour maintenir le collectif".

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