40% des personnes admises en réanimation au CHU de Nantes sont des patients covid. Une situation déjà exceptionnelle et qui va devenir critique vers la mi-novembre, si l'épidémie continue de progresser comme elle le fait depuis plusieurs jours.
"40% d'un service occupé par une même pathologie c'est absolument énorme, ça n'arrive jamais ! Même quand on est en épidémie de grippe, on a sur un service de 25 lits, deux, trois malades au maximum dans mon service. Ça représente 4 à 10% des patients. 40% c'est colossal, c'est une situation exceptionnelle qu'il faut corriger le plus vite possible".C'est le professeur Jean Reignier, le chef du service de médecine intensive et réanimation au CHU de Nantes, qui parle de sa voix posée.
Ici, les services ont été réorganisés pour permettre l'accueil de malades de la covid-19 en plus grand nombre.
Des lits supplémentaires ont été ouverts pour faire face à l'afflux prévisible des nouveaux malades.
Car les personnes qui ont été contaminées ces derniers jours, et qui développeront, par malchance, une forme grave de la maladie, arriveront ici dans les jours à venir.
Le service de réanimation est ainsi passé de 25 à 30 lits. 30 lits mais déjà 28 occupés ce 28 octobre !
Et le professeur Reignier de reprendre, "nous sommes dans la même situation qu'avant le 11 mars, où nous on voit la marée monter, si on peut employer cette expression, et la crainte de ne pouvoir répondre aux besoins si ça monte trop vite trop fort.
Surtout que la différence avec la première vague, est que toute a France est atteinte, et que les pays autour sont tous atteints de façon très sévère, et donc l'entraide soit entre pays, soit interrégionale, ne pourra pas ce faire de façon aussi importante".
Le service de réanimation du CHU de Nantes attend beaucoup des mesures de confinement qui vont permettre de limiter le nombre de contaminations nouvelles, et de lisser leurs arrivées.
"Nous allons pouvoir accueillir tous les malades sans retentir aussi sur la prise en charge des malades qui n'ont pas le covid, qui sont toujours là, nombreux, et qui nécessitent de venir en réanimation dans les services dits conventionnels, que ce soit de chirurgie ou de médecine".
Les médecins du CHU de Nantes sont pessimistes, au train où avance l'épidémie, des déprogrammations d'opérations seront nécessaires. Les mesures de protection et de confinement sont destinées à permettre de les limiter à défaut de pouvoir les éviter.
Des progrès dans les soins
Si le nombre des personnes malades continue de croître, les médecins ont fait des progrès dans le traitement de la maladie. À défaut de la guérir, ils ont réussi à la réduire. Un peu.À la fois dans la durée des hospitalisations et du point de vue du nombre des décès.
Les deux principales avancées sont l'utilisation de la dexamétasone et l'oxygénothérapie. Un médicament et une technique, qui réduisent l'aggravation et la nécessité d'intubation des patients.
"La dexamétasone est un corticostéroïde qui permet de réduire la durée du soin et la mortalité", indique le docteur Charlotte Garret, médecin-réanimateur au CHU de Nantes.
La généralisation de l'oxygénothérapie à haut débit avait d'abord été écartée par les scientifiques, par crainte d'exposer les soignants à la nébulisation du virus dans l'air. Une crainte infondée finalement.
Le professeur Alain Mercat au CHU d'Angers, souligne que, "les soignants ne sont pas contaminés comme on pouvait le craindre, et cette technique permet d'éviter une intubation trachéale".
Un patient sur deux est en ventilation artificielle et le second en oxygénation à haut débit dans les Pays de la Loire.
Et le professeur d'ajouter, "dans notre région la prise en charge des patients covid s'étale en moyenne sur 9 jours désormais contre 11 jours auparavant".
Une victoire modeste, mais une victoire quand même sur le virus. De quoi redonner un peu de courage aux soignants.