Des contrôles sur les berges, mais également sur la rivière. Pendant le week-end de Pâques, les policiers nantais ont reçu le renfort d'une compagnie de CRS qui depuis deux embarcations, surveille le bon respect du confinement.
"J'allais faire les courses pour ma grand-mère, d'habitude, je passe toujours par là, je n'ai pas vu les barrières." Cabas sous le bras, il a comme d'habitude emprunté la promenade des bords de l'Erdre, plus court chemin entre un ensemble de petits immeubles et un supermarché de ville. Pas de chance pour lui, des policiers contrôlaient justement le bon respect de l'arrêté préfectoral interdisant le temps du confinement toutes les rives de cours d'eau.
Plus le temps passe, moins il y a d'excuses valables
"Les barrières, il ne pouvait pas les manquer. Et puis, ça fait un mois que tout le monde est confiné, que les messages sont relayés. Plus le temps passe, moins il y a d'excuses valables" justifie l'officier de sécurité publique derrière son masque "bec de canard", alors qu'il attend ses collègues CRS, partis de Carquefou sur un zodiac.
En ce week-end de Pâques, les moyens ont été renforcés sur l'Erdre dont les rives, un petit havre de nature en centre-ville de Nantes, constituent d'habitude l'une des promenades préférées des familles et joggers. Sur le ponton du club d'aviron, un héron prend ses aises. Les quelques policiers suffisent à persuader les rares passants de contourner le bâtiment, pour éviter le sentier interdit. La plupart sont des riverains, sortis pour faire quelques achats dans la supérette voisine. Mais la veille, la patrouille a contrôlé toute une famille en VTT, qui avait contourné les barrières. 135 euros d'amende, multiplié par deux adultes.
Des CRS sur deux embarcations légères
Toute la journée, de nombreuses patrouilles sillonnent la rivière, à pied ou à vélo. L'une d'entre-elles passe devant le ponton. 5 agents, trois policiers, et deux ASVP, dont la mission habituelle autour du stationnement a été remplacée par du contrôle de confinement. "Mais on a remarqué qu'il pouvait aussi y avoir des sorties en canoë ou en paddle", explique l'officier, toujours sous son masque FFP2. D'où le renfort pour le week-end, des CRS sur deux embarcations légères.En liaison radio avec les patrouilles sur les berges, ils peuvent signaler les contrevenants, et même, verbaliser sur l'eau d'éventuelles embarcations. "Mais la plupart du temps, on demande simplement aux promeneurs de quitter les rives à l'aide du haut parleur, et notre présence suffit à dissuader", explique le commandant divisionnaire Contal. Il y a dix jours, son unité, celle des moyens spécialisés, effectuait les mêmes contrôles à Rennes, sur la Vilaine. Entre la mise à l'eau à Carquefou et le centre nautique au coeur de Nantes, il a même vu des riverains leur faire des petits coucous.
D'habitude, ils viennent manier le lanceur d'eau
D'habitude, sa section, celle des moyens spécialisés, vient plutôt à Nantes manier le lanceur d'eau pendant les manifestations. "On renforce aussi la compagnie de CRS, précise le commandant. On a pris un voleur en flagrant délit, en ce moment, c'est moins facile de se dissimuler", sourit-il, sans masque. "On les met quand on va au contact du public. C'est à la liberté de chacun" s'explique-t-il en précisant que les armes et le matériel sont systématiquement nettoyées au retour des missions, et que dans les voitures, chacun garde son siège attitré tout au long de la permanence."Par la route, madame !"
Les deux bateaux repartent en direction du centre-ville, embarquant l'un des policiers pour finir la mission. Sur la berge, deux agents à vélo verbalisent une jeune femme en robe noire, qui en rentrant des courses, s'était posée quelques instants sur la pelouse face au cours d'eau."C'est bon, j'avais pas prévu de rester là toute la nuit" ironise-t-elle en s'éloignant sur la pelouse, pieds nus et chaussures à la main.
"Par la route, madame ! ", lui crie l'agent.
Sur la rivière, les patrouilles en bateau dureront au moins jusqu'à lundi. Ailleurs, le drone de la police judiciaire surveille les parcs et espaces verts, tandis que l'avion de la police aux frontières a contrôlé la veille, les routes de Nantes à Saint-Nazaire. Le message : même si vous ne la voyez pas, la police peut vous voir. Sur les photos aériennes, le rond point de la porte d'Armor était entièrement vide.