De nombreux droits de retraits ont été déposés par du personnel inquiet pour sa santé et celle des clients. Seulement 25% des bureaux de Poste sont ouverts ce mercredi.
La distribution du courrier reste pour l’instant maintenue mais l’inquiétude monte dans les rangs des salariés de la Poste. Ce mercredi, seulement 25% des bureaux de poste-guichets étaient ouverts.
Pour le maintien des tournées des facteurs, "c’est une grande improvisation" juge Pascal Frémont, facteur en Loire-Atlantique et délégué syndical SUD-PTT 44/85, "des collègues nous rapportent que du gel hydroalcoolique n’a parfois été distribué qu’à partir d’aujourd’hui ! (mercredi)". Des salariés ont fait valoir leur droit de retrait mais "La Poste leur fait la chasse", dénonce le syndicaliste.
Interrogée par l’AFP mardi 17, la direction de La Poste est effectivement restée silencieuse sur le droit de retrait et sur de possibles cas de contamination. Dans un communiqué, elle réitère "les consignes en vigueur" et dit "compter" sur "la solidarité et la responsabilité de tous pour les respecter".
"Une activité contraire au discours du président Macron"
La situation inquiète de plus en plus de salariés. L’une d’entre eux a même écrit une lettre au Président de la République, reproduite sur Facebook.Contactée par nos soins, Laura Mercier, qui travaille sur la plateforme multi-flux (courrier-colis) de Carquefou, près de Nantes, détaille les raisons de son agacement et de son inquiétude."En ajoutant salariés et sous-traitants, on est plus de 150 sur le site. Rassembler autant de monde est contraire au discours du Président Macron". Pour cette employée, les mesures sanitaires de l’entreprise ne sont pas à la hauteur : il y a depuis peu des lingettes désinfectantes mais pas de masque. Du gel hydroalcoolique périmé depuis plusieurs années aurait dans un premier temps été distribué sur son site. Avant d’être remplacé récemment.
Pour limiter les contacts et se protéger, il est parfois décidé de ne livrer que les colis qui rentrent dans les boîtes aux lettres, "on ne fait pas signer sur nos appareils la bonne réception des colis pour que les clients ne touchent pas notre appareil".
"Ne pas livrer des choses futiles"
Ces salariés inquiets ne demandent pas à stopper toute activité de La Poste pour autant "nous arrêter à 100%, c’est difficile, concède Pascal Frémont (SUD-PTT). La Banque Postale vient par exemple en aide aux plus démunis, il y a aussi la continuité de certains services comme distribuer la presse à assurer…"Laura Mercier ne dit pas autre chose, "je ne souhaite pas arrêter totalement de travailler, je suis allée travailler ce matin. Mais je refuse de prendre des risques pour des choses aussi futiles que ce qu’on livre actuellement : des vêtements, des livres, des coques de téléphone…, soupire-t-elle. Ce n’est pas vital, ça n’a aucun sens ! Livrer des pharmacies, des produits de première nécessité à des personnes âgées : évidemment ! Mais certaines choses sont aberrantes".