Pour des raisons qu'il est impossible d'ignorer, le Voyage à Nantes, événement culturel annuel, sera cette année repoussé. Il ne débutera pas avec le mois de juillet, comme les Nantais en avaient pris l'habitude depuis 2012, mais au mois d'août et plusieurs œuvres attendront l'année prochaine.
On en saura plus après la conférence de presse prévue le 26 mai prochain. Mais d'ores et déjà, la décision est officielle, le Voyage à Nantes n'aura pas lieu aux dates initialement prévues ni dans la forme initialement imaginée.
Pour un événement favorisant la culture décalée... finalement... ce n'est qu'un décalage de plus.
"Ce qui est sûr, annonce le directeur artistique Jean-Blaise, c'est que le VAN commencera le 8 août et se concluera le 27 septembre, en espérant qu'il puisse se terminer le samedi 26 septembre par la nuit du VAN."
Ce rendez-vous permettait jusqu'à maintenant de marquer l'ouverture du Voyage à Nantes par de nombreuses animations dans la ville. Pour cette édition 2020, ce pourrait être donc la conclusion.
"Comme ça a lieu à l'extérieur, note Jean Blaise, j'espère que ça pourra se faire." On sent qu'il y a encore quelques incertitudes.
Quant au parcours lui-même, il va évidemment pâtir de l'épisode confinement et des contraintes associées au déconfinement.
Ainsi, si l'œuvre qui était prévue place Graslin sera bien au rendez-vous, celle qui était envisagée place Royale, un gros bateau rouillé baignant dans la fontaine imaginé par Hugo Schiavi, laissera sa place à une autre création, d'un autre artiste.
Mais Jean Blaise nous l'assure, les œuvres qui n'auront pas pu être prêtes pour l'édition 2020 seront bien là en 2021.
Des expositions repoussées pour accueillir celles du VAN
Des expositions, du fait du décalage des dates, se sont trouvées en concurrence avec d'autres initialement prévues dans le même temps. Un accord a pu être trouvé avec la Quinzaine Photographique de Nantes qui devait investir l'Atelier, le Temple du Goût et le Passage Sainte-Croix et qui a accepté de repousser ses propres dates.On devait aussi, lors de cette édition 2020, faire voter le public pour un parfum baptisé (logiquement) "Voyage à Nantes". Cela devait se faire dans la chapelle du Lycée Clemenceau où trois fragrances devaient être proposées aux nez des Nantais. Cela se fera, mais plus tard, en décembre et dans un lieu qui reste à définir, probablement au Château des ducs.
En attendant, la saison touristique est largement amputée. Le patron du Voyage à Nantes, qui est aussi le nom de la structure qui chapeaute l'ex office du tourisme, les Machines de l'Ile et le Château des Ducs de Bretagne, devra faire avec une année plus qu'allégée, cinq mois d'inactivité suivis d'une reprise au ralenti.
"Jusqu'à la fin juin, au moins annonce Jean Blaise, on ouvrira ce qu'on pourra. Pour les Machines de l'Ile, on espère une ouverture avec le Voyage à Nantes (en août), on ne pourra pas rouvrir le Carrousel des Mondes Marins avant, c'est donc cinq mois de fermeture quasi totale et après ça va être un fonctionnement réduit avec moins de touristes."
"Il y aura des questions budgétaires à la fin de l'année"
Le tourisme international, pas la peine d'y compter. On table donc sur le tourisme local dans un premier temps, autant dire presque rien pour les hôtels.On espère les Parisiens en septembre. Les 13 millions d'€ de recettes budgétés dans une année normale seront donc largement amputés. "Heureusement, les deux tiers du personnel sont en chômage partiel, se rassure Jean Blaise, ça va contribuer à réduire la note. Mais il y aura des questions budgétaires à la fin de l'année."
Une telle bérézina risque-t-elle de mettre en péril certains projets comme l'Arbre aux Hérons ?
"La culture, ce n'est pas seulement du loisir fait valoir le défenseur de l'attractivité nantaise, c'est aussi de l'économie !"
Certes, mais dans toute entreprise dont les recettes s'effondrent, il y a des mesures conservatoires à prendre et il faudra bien voler dans les plumes de certains projets.
"Je n'aimerais pas être à la place de Johanna Rolland (la maire de Nantes) aujourd'hui" conclut Jean Blaise.